P-au-P, 09 août 2021 [AlterPresse] --- Le regroupement politique Forces nationales pour la démocratie (Fnd) [1] rejette toute éventuelle organisation d’élections dans les conditions actuelles en Haïti, lors d’une conférence de presse, ce lundi 9 août 2021, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Il évoque comme raison l’illégalité du Conseil électoral provisoire (Cep) actuel et le phénomène de la criminalité, qui bat son plein sur le territoire national.
« On sait honnêtement que le pays n’est pas encore prêt pour les élections. Des gens meurent, au jour le jour, à cause de l’insécurité. On ne peut pas organiser des élections dans cette instabilité criante », soutient Jean Murat Emmanuel, secrétaire général du Grand rassemblement des Haïtiens nationalistes dans le travail (Grhant), membre du regroupement Fnd.
« Il ne peut y avoir d’élections, tant que les personnes déplacées à Martissant (périphérie sud de Port-au-Prince) et à Cité Soleil (grade municipalité populaire, au nord de la capitale) ne reviennent pas chez elles et tant qu’on n’arrive pas à circuler, sans être inquiété, sur le territoire national ».
Au niveau du gouvernement, le premier ministre de facto Ariel Henry a déjà rencontré le représentant spécial de l’Organisation des États américains (Oea) en Haïti, Cristobal Dupouy, et le représentant spécial adjoint au Bureau intégré des Nations unies (Binuh), Bruno Lemarquis, pour leur appui aux prochaines élections dont le premier tour est fixé au 26 septembre 2021, malgre le rejet des forces vives du pays.
Les scrutins, envisagés par le Cep controversé, sont aussi rejetés par divers secteurs de l’opposition et de la société civile.
De son côté, le gouvernement américain a déjà débuté une assistance (d’ordre technique) au pays, pour assurer la sécurité des prochaines élections en Haïti, en réponse à la demande d’assistance en matière de sécurité, produite par le gouvernement de facto en Haïti, suite à l’assassinat., le 7 juillet 2021, de l’ancien président de facto Jovenel Moïse.
Le regroupement Forces nationales pour la démocratie appelle à la mise en place d’un pouvoir exécutif bicéphale, dont un président et un premier ministre, pour pouvoir créer la stabilité dans le pays.
Il renouvelle son attachement au protocole d’entente nationale, issue des discussions engagées entre les partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile, pour trouver une solution haïtienne à la crise.
Ce protocole prône la mise en place d’un Conseil national de transition (Cnt) pour désigner les prochaines personnalités d’un exécutif bicéphale, dont une présidente ou un président et une cheffe ou un chef de gouvernement, sur la base de critères et mécanismes préalablement établis.
Le regroupement Fnd souhaite le renvoi de l’actuel Cep contesté, pour le remplacer par un autre plus crédible et représentatif, en vue d’organiser de bonnes élections.
Le président provisoire devrait être choisi parmi les 10 élus restants au parlement, indique Marie Rosie Pierre, responsable des femmes au regroupement Fnd, qui dit rester attaché au protocole d’entente.
« Nous savons que Jovenel Moïse avait détruit toutes les institutions du pays. Mais, en tant que démocrates, nous ne pouvons pas aller plus loin que la Constitution. Nous recommandons le choix de l’un de ces 10 élus, pour permettre de résoudre le problème ».
De plus, le premier ministre de facto actuel n’est pas habilité à convoquer la population pour aller voter, entre autres.
Le vendredi 9 juillet 2021, des partis politiques de tendances diverses ainsi que le reste du sénat ont signé, séparément, une entente visant à désigner le président du Sénat, Joseph Lambert, comme président provisoire, et le Dr Ariel Henry, comme premier ministre.
Une décision prise, deux jours après l’assassinat de Jovenel Moïse, en sa résidence privée à Pèlerin 5 (municipalité de Pétionville, à l’est de la capitale, Port-au-Prince).
Parallèlement, le regroupement Fnd continue d’appeler les partis politiques à se mettre ensemble, pour trouver un accord politique devant permettre de résoudre la crise multiforme en Haïti. [mj emb rc apr 09/08/2021 15:40]
[1] Les Forces nationales pour la démocratie (Fnd) regroupent le Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), la Nouvelle orientation unifiée pour libérer Haïti (Noulha), le Rassemblement social-démocrate (Rsd), le Parti indigène (Pi), le Parti influence nationale (Pin), l’Émergence démocratique (Ed), l’Entente nationale (Ena), le Collectif des députés de l’opposition et alliés (Cadoa), le Challenger populaire, La Résistance Arcahaie, la Table de concertation de l’Artibonite, le Rassemblement écologiste haïtien (Reh), La Solidarité Grande Anse, La Force Delmas 31, l’Opposition Sud, la Jeunesse en mouvement, le Collectif des anciens maires d’Haïti, entre autres.