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Haïti-Assassinat de Jovenel Moïse : La Copah dénonce des manœuvres pour tenter de brouiller les pistes dans l’enquête

P-au-P, 4 août 2021 [AlterPresse] --- La manière dont l’enquête sur l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, du président de facto Jovenel est menée tendrait à brouiller toutes les pistes, au lieu de faire éclater la vérité, critique la Conférence des pasteurs haïtiens (Copah), dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Pourtant, ces pistes pourraient permettre à la justice de mettre la main au collet des véritables auteurs de ce crime, estime la Copah qui déplore une politisation de l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse, en sa résidence privée à Pèlerin 5 (périphérie est de la capitale, Port-au-Prince).

Les principaux enquêteurs devraient être les premiers à être entendus par la justice, tant sur le plan national qu’international, pense-t-elle.

« Ils décident comme bon leur semble d’arrêter et d’emprisonner arbitrairement qui ils veulent. Ils auraient même fait pression sur un juge de paix et ses greffiers pour qu’ils enlèvent du procès-verbal, les noms de leurs proches et les auraient contraints d’y ajouter les noms d’opposants politiques ».

La Copah voit l’émission de mandats contre plusieurs personnalités notamment religieuses dont les pasteurs Gérald Bataille et Gérard Forges comme une persécution politique.

Ces mandats d’amener ciblent aussi l’homme d’affaires Samir Handal, les dirigeants politiques Paul Denis du parti politique Inifòs et Liné Balthazar du Parti haïtien tèt kale (Phtk).

Un mandat d’amener et une d’interdiction de départ ont été aussi émis à l’encontre de la juge de la Cour de cassation, Me Windelle Coq Thélot.

Les avocats de la magistrate entendent faire annuler devant la justice cette décision jugée partisane.

La Direction politique de l’opposition démocratique (Dirpod) a estimé que ces manœuvres du commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Me Bed-Ford Claude, non conformes au Code d’instruction criminelle, viseraient à empêcher que lumière soit faite sur l’assassinat de Jovenel Moïse, dans une prise de position, rendue publique ce mardi 3 août 2021.

Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) qualifie aussi de manipulation et de persécution politiques, l’émission de mandats d’amener suspects, délivrés par Me. Bed-Ford Claude, contre plusieurs personnalités, dans le cadre de l’enquête autour de l’assassinat du président de facto, Jovenel Moïse.

La Copah juge décevante l’attitude du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince de décerner « des mandats d’amener à tort et à travers contre des personnalités ayant un domicile connu, sans les avoir invités au préalable et hors du délai de flagrance établi par les lois de la République ».

Dans cette entreprise assimilée à une persécution politique, elle indexe ce qu’elle appelle les adeptes du banditisme « légal » qui jurent d’installer, selon elle, une dictature dans le pays même en absence de Jovenel Moïse.

L’enquête en cours « dont les ouailles du défunt président se servent pour intimider et tenter de neutraliser tous leurs adversaires politiques », est de nature politique, insiste-t-elle.

La Conférence des pasteurs haïtiens souligne combien la procédure relative à l’enquête est non seulement bâclée, mais ne respecte aucune norme légale.

Elle appelle la justice haïtienne à poursuivre toutes les personnes impliquées dans cet assassinat qui viole le droit à la vie de Jovenel Moïse et qui en même temps ternit l’image du pays.

Entre-temps, des greffiers Waky Philostene et Marcelin Valentin continuent d’être l’objet de menaces de morts, dans cette affaire.

Tout en condamnant ces menaces, l’Association nationale des greffiers haïtiens (Anagh) a demandé aux autorités compétentes de prendre toutes les dispositions nécessaires, en vue de doter le greffe, du parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, de chambres sécurisées et de coffres-forts, destinés à conserver les pièces à conviction, relatives notamment au dossier l’assassinat de l’ex-président de facto. [emb apr 04/08/2021 09 :40]