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Crise : Le premier ministre de facto Ariel Henry « a opté pour alimenter davantage le chaos » en Haïti, dénoncent plusieurs partis politiques de l’opposition

Exigence renouvelée d’un dialogue inclusif

P-au-P, 29 juill. 2021 [AlterPresse] --- Le premier ministre de facto Ariel Henry « a opté pour alimenter davantage le chaos », déplorent plusieurs partis politiques, groupements, regroupements politiques et organisations de la société civile, signataires d’un « Protocole d’entente nationale », en date du 10 juillet 2021, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Installé, le 20 juillet 2021, sous la pression internationale, « Ariel Henry se conforte dans la voie de la continuité et certainement de l’instabilité, entretenue par le défunt président et son équipe », critiquent les partis politiques Inite, Fusion des socio-démocrates haïtiens, Ayiti an aksyon (Aaa), Force louverturienne réformiste, Forces nationales pour la démocratie, entre autres.

Ces organisations de l’opposition exhortent Ariel Henry à engager un processus de dialogue politique, aux fins d’adopter un agenda consensuel, pour la période transitoire, avec différents secteurs représentatifs de la vie nationale.

Elles exigent la tenue d’un dialogue inclusif, en vue de mettre, à la tête de l’exécutif, une équipe gouvernementale équilibrée, issue d’un accord politique, comme le propose le « Protocole d’entente nationale ».

« Si la première réunion de travail de ce prétendu gouvernement a connu toutes les difficultés, autour de l’opportunité d’un conseil des ministres ou d’un conseil de gouvernement, il y a lieu de redouter l’avenir », craignent ces partis de l’opposition.

Le point 7, qui figurait à l’ordre du jour du « conseil des ministres », dénoncé par l’ancien secrétaire général du Conseil des ministres, sous Jovenel Moïse, Rénald Lubérice, a été enlevé, pour permettre la tenue du dit « Conseil des ministres ».

Ce point, qui devait concerner la validation d’un décret rapportant celui du 25 novembre 2020, portant Organisation et fonctionnement de l’Agence nationale d’intelligence (Ani), adopté par l’ancien président de facto Jovenel Moïse, est vu par Lubérice comme une violation flagrante de l’article 159 de la Constitution.

« Le premier ministre a le pouvoir réglementaire, mais ne peut jamais suspendre, ni interpréter les lois, actes et décrets, ni se dispenser de les exécuter », selon Lubérice, dans une correspondance adressée à Ariel Henry.

« Si l’Ani a suffi pour faire tourner cette réunion au vinaigre, qu‘adviendrait-il des décrets et des arrêtés inconstitutionnels, publiés dans « Le Moniteur », lesquels sont encore debout à côté du Conseil électoral provisoire (controversé), qui n’a jamais prêté serment devant la Cour de Cassation ? », se demande l’opposition.

La mission du gouvernement actuel consiste à préparer les conditions nécessaires « à la réalisation, le plus rapidement possible, d’élections libres, honnêtes et transparentes, avec une large participation de la population », déclare le premier ministre de facto Ariel Henry, lors d’un point de presse donné le mercredi 28 juillet 2021.

La sécurité sur tout le territoire national est indispensable pour créer cet environnement, affirme Ariel Henry.

Malgré son déficit de confiance au sein de la population, Ariel Henry promet de faciliter la libre circulation des personnes, de restaurer l’autorité de l’État, de rétablir la confiance dans la justice, la stabilisation sociale et le respect des droits de la personne.

Me. Michel André, porte-parole du Secteur démocratique et populaire, exige un gouvernement de consensus, pour rétablir la sécurité sur le territoire national et organiser de bonnes élections.

Le militant politique dit rester attaché aux revendications populaires, comme rendre justice aux victimes des massacres et réaliser le procès PetroCaribe de l’aide vénézuélienne à Haïti.

Le Secteur démocratique et populaire continue de rejeter le gouvernement actuel du premier ministre de facto installé, le mardi 20 juillet 2021, sous la dictée du gouvernement américain et du Core group [1].

Depuis plusieurs mois, les forces vives en Haïti rejettent toute participation à des élections avec un organisme électoral controversé, dans un contexte de criminalité, entretenue par les gangs armés, qui bénéficient de la complicité d’officiels du régime tèt kale. [emb rc apr 29/07/2021 13:10]


[1Le Core Group est composé des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union européenne (Ue), du représentant spécial de l’Organisation des États américains (Oea) et de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies.