Cap-Haïtien (Haïti)., 22 juillet 2021 [AlterPresse] ---Une situation de tension a prévalu, ce jeudi 22 juillet 2021, au Cap-Haïtien (Nord), la veille du déroulement, dans cette ville, des obsèques du président Jovenel Moïse, assassiné à 53 ans, dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, en sa résidence à Pèlerin 5 (banlieue de Port-au-Prince), observe l’agence en ligne AlterPresse.
Plusieurs incidents ont été rapportés par des correspondants locaux et des témoins, faisant état de violentes manifestations et de routes barricadées à l’aide de pneus usagés enflammés au Cap-Haïtien et ses environs, alors que les cris de « justice » en faveur de Jovenel Moïse se sont fait entendre.
Les routes nationales du Nord et du Nord-Est ont été bloquées de très tôt, notamment au niveau de Limbé (Nord) et de Ouanaminthe (Nord-Est).
La tension a commencé à monter, dès le mercredi 21 juillet 2021, quand des riverains n’ont pas caché leur hostilité vis-à-vis du directeur général ad intérim de la police, Léon Charles, qui visitait les dispositifs de sécurité, mis en place à l’occasion des funérailles.
Un certain calme est revenu, dans la soirée du jeudi 22 juillet 2021, peu avant la tenue de la veillée funèbre en mémoire du chef de l’État, abattu de 12 balles.
Arrivé dans l’après-midi, au Cap-Haïtien, à la tête d’une délégation gouvernementale, le premier ministre de facto Ariel Henry a pris part à la veillée, avant de prononcer, le 23 juillet 2021, l’éloge funèbre de celui qui l’avait nommé, deux jours avant sa mort tragique.
L’épouse du président, Martine Joseph Moïse, blessée lors de l’attentat, a été accueillie également dans l’après-midi, dans la principale ville du Nord d’Haïti, sous la protection d’agents américains lourdement armés.
Les préparatifs pour les cérémonies, prévues le vendredi 23 juillet 2021, se poursuivaient en fin d’après-midi, moins de 24 heures avant leur début à 9:00 am (13:00 gmt) à la cathédrale (catholique romaine) du Cap-Haïtien. La messe sera suivie d’une marche vers l’habitation Berodin, une localité de la commune de Quartier Morin, à une dizaine de kilomètres au sud-est du Cap-Haïtien.
L’organisation des funérailles est censée être exclusivement prise en charge par la famille de l’ancien président, son épouse ayant renoncé à toutes dépenses provenant du trésor public.
C’est l’incertitude en ce qui concerne l’ambiance, qui prévaudra le vendredi 23 juillet 2021, dans le Nord d’Haïti, d’où est originaire le défunt, cinquième président issu de ce département géographique et assassiné à la capitale.
Des propos rapportés laissent croire que l’assassinat de Jovenel Moïse serait susceptible de raviver la polarisation ville-campagne et même remettre, dans le débat public, des réflexions relatives à la question de couleur en Haïti, opposant « masses noires » et une partie de l’ « élite mulâtre ».
Plusieurs cérémonies d’hommage ont déjà été organisées en Haïti, dont une, le mardi 20 juillet 2021, par le gouvernement de facto démissionnaire, au Musée du Panthéon national haïtien (Mupanah), tandis que les jeudi 22 et vendredi 23 juillet 2021 sont des jours chômés.
Ont pris part, à cette cérémonie d’hommage, le nouveau premier ministre de facto nommé, Ariel Henry, plusieurs officiels du gouvernement de facto démissionnaire, des parlementaires ainsi que des ambassadeurs étrangers.
De hauts fonctionnaires ont relevé les qualités de celui qui était, pourtant, très impopulaire, au moment de son assassinat.
Durant son administration, les institutions républicaines ont été balayées ou affaiblies, l’économie a plongé, les violations des droits humains ont explosé, dans un contexte de criminalité, d’insécurité et de violence qui ont atteint des proportions inégalées depuis plusieurs décennies.
Dans le cadre du dossier d’assassinat de Jovenel Moïse, 23 personnes ont été arrêtées, dont 18 Colombiens et cinq Haïtiens-Américains, tandis que trois Colombiens ont été tués durant les opérations de la police.
Des mesures conservatoires ont été prises contre 24 agents et chefs des unités de sécurité, chargées de protéger Moïse, dont cinq sont en isolement, selon les derniers chiffres disponibles.
Beaucoup de points d’ombre demeurent sur ce qui s’est réellement passé à Port-au-Prince, sur l’attitude de la police et d’éventuelles implications internes dans les graves évènements de la nuit du 6 au 7 juillet. [apr 22/07/2021 22:00]
Photo : Police nationale d’Haïti (Pnh)