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Crise : Fraîchement installé sous la pression internationale, le premier ministre de facto Ariel Henry promet de rétablir la sécurité en Haïti

P-au-P., 20 juill. 2021 [AlterPresse] --- S’étant installé sur pression internationale, ce mardi 20 juillet 2021, comme nouveau chef de gouvernement de facto, après la formation, la veille, de son cabinet ministériel, suite aux vœux du Core group [1], le premier ministre de facto Ariel Henry entend privilégier l’ordre et la sécurité durant son mandat, dont la durée non déterminée n’est pas connue, pour pouvoir assurer le bon déroulement des élections en Haïti, a-t-il fait savoir, en prenant les rênes du pays, sans président et sans un consensus véritable, dans des déclarations dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPrese.

Il avait émis des propos similaires « je veillerai à ce que nous ayons des élections satisfaisantes, libres, démocratiques et inclusives », lors de son installation, le 22 janvier 2015, dans le cadre d’un « accord politique du 11 janvier 2015 », comme titulaire du Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict) du régime tèt kale.

Sa nomination paradoxalement approuvée par le cabinet de facto sortant, en dehors des normes constitutionnelles, l’auto-installation d’Ariel Henry survient environ deux semaines, après l’assassinat, le 7 juillet 2021, en sa résidence privée à Pèlerin 5 (à l’est de la capitale, Port-au-Prince), de Jovenel Moïse, dont le mandat avait pris fin le 7 février 2021.

« Rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays est ma tâche prioritaire, pour pouvoir organiser les élections dans le pays », déclare Henry, promettant de créer les conditions de sécurité pour favoriser l’organisation des élections.

En ce sens, il appelle la Police nationale d’Haïti (Pnh) et les Forces armées du pays à jouer leur rôle contre la criminalité et l’insécurité dans le pays, en luttant contre les bandits qui sèment la terreur au sein de la population.

Il souhaite parallèlement rétablir la confiance et l’autorité de l’État, lutter contre la corruption et établir les conditions pour créer les investissements dans le pays, en vue de la création d’emplois.

« Le système électoral sera honnête, crédible et aucun candidat ne sera favorisé ».

Malgré son déficit de confiance au sein de la population, qui soupçonne une continuité de la politique du Parti haïtien tèt kale (Phtk) et dénonce l’imposition et l’ingérence flagrante de la communauté internationale, à travers les pressions du Core group, Ariel Henry dit envisager de rencontrer les forces vives de la nation, dans les prochains jours, afin de dégager un consensus autour d’un accord politique, pacte de gouvernabilité entre les secteurs, « car il faut une solution haïtienne à la crise ».

Ariel Henry a été nommé par Jovenel Moïse, deux jours avant son assassinat, le mercredi 7 juillet 2021.

L’intérim a été assuré par Claude Joseph, depuis la démission de Joseph Jouthe, dans la soirée du 13 avril 2021.

Ariel Henry, 71 ans (né le 6 novembre 1949), septième personnalité nommée par Jovenel Moïse pour diriger une équipe gouvernementale, depuis son accession au pouvoir en 2017, est un neuro-chirurgien, ancien ministre de l’intérieur puis ministre des affaires sociales, en 2015, sous la présidence de Michel Martelly.

Il avait refusé, en 2015, de se retirer de ses fonctions de ministre, au sein du gouvernement tèt kale, qu’exigeait le parti politique Inite, qui l’avait propulsé ...

Entre-temps, plusieurs partis politiques de l’opposition continuent de rejeter le choix d’Ariel Henry comme nouveau chef du gouvernement.

« Monsieur Ariel Henry n’a pas les provisions légales et constitutionnelles pour monter un gouvernement. La communauté internationale est en train de faire fausse route », crique le porte-parole du Secteur démocratique et populaire (Sdp), Me Michel André.

Le Sdp appelle plutôt à un large consensus, assorti d’un accord politique, pour sortir de l’impasse politique actuelle.

Cet avis est également partagé par le regroupement Konbit òganizasyon politik, sendikal ak popilè, aux yeux duquel seul un « consensus » permettrait d’éviter que le Parti haïtien tèt kale (Phtk) se renouvelle au pouvoir.

« Le consensus indispensable est méprisé par Ariel Henry, qui entend diriger seul, sans feuille de route, pour renouveler le pouvoir décrié du Phtk et alliés », renchérit, de son côté, l’ancien sénateur Youri Latortue, dans un tweet.

« Les élections et l’État de droit ne sont pas négociables. (…) Les forces politiques doivent continuer à discuter, que ce soit avec le premier ministre Ariel Henry ou avec d’autres protagonistes politiques », affirme Liné Baltazar, président du Parti haïtien tèt kale (Phtk), dans un entretien à AlterPresse/AlterRadio.

Le Phtk déclare saluer ce qu’il qualifie de « début de consensus qui a été trouvé avec Ariel Henry et le gouvernement », tout en encourageant tous les protagonistes haïtiens à continuer de dialoguer, pour trouver une solution consensuelle à la crise actuelle. [mj emb rc apr 20/07/2021 17:35]


[1Le Core Group est composé des ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union européenne (Ue), du représentant spécial de l’Organisation des États américains (Oea) et de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies.