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Haïti : Au-delà de l’assassinat du président de facto Jovenel Moise, la lutte pour un pays souverain est plus que jamais à l’ordre du jour, estime le Rehmonco

Claude Joseph n’a aucune autorité constitutionnelle et légale pour publier des décrets

Soumis à AlterPresse le 10 juillet 2021

Par le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’occupation d’Haïti (Rehmonco)

Le Rehmonco a appris, avec consternation, l’assassinat du président de facto et autocrate Jovenel Moise, à son domicile le 07 juillet 2021, six mois après l’expiration de son mandat présidentiel.

Cet acte crapuleux et odieux est condamné avec force ainsi que l’ensemble des massacres et assassinats en série dans les quartiers populaires de Port-au-Prince.

Du 26 au 30 juin 2021, plus de 60 personnes, dont la militante féministe Antoinette Duclaire et le journaliste de Vision 2000 Diego Charles, sont assassinées dans les quartiers de Cité Soleil, Croix-des-Bouquets, Delmas 32 et Christ-Roi, sans qu’aucune enquête n’ait eu lieu.

Depuis plusieurs années, l’instrumentalisation de la violence des gangs fédérés et de la police nationale a constitué une stratégie du gouvernement de Jovenel Moise, pour imposer son agenda envers et contre tous.

Alors que la mobilisation populaire réclamait sa démission et son jugement pour la mise à sac des institutions étatiques, les crimes de sang et les crimes financiers perpétrés depuis plusieurs années, son ancien premier ministre de facto, M. Claude Joseph, a annoncé, le 7 juillet 2021, la nouvelle de son assassinat, comme s’il était un simple citoyen sans protection. Son assassinat qui, d’après le discours officiel, semble avoir été perpétré par un commando étranger, n’est toujours pas encore élucidé.

Toutefois, il semble de plus en plus évident que ce meurtre planifié et organisé est le résultat de conflits internes du régime du Parti haïtien tèt kale (Phtk), un véritable coup d’État opéré par certaines factions du pouvoir. Le premier ministre intérimaire Claude Joseph, révoqué deux jours avant l’élimination physique du président autocrate Jovenel Moise, s’accapare promptement de la direction politique du pays. Il s’autoproclame président du « conseil des ministres » et publie des « décrets », alors qu’il n’a aucune autorité légale et constitutionnelle pour jouer un tel rôle.

Par ailleurs, les tuteurs internationaux, dont l’administration américaine actuelle et le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), s’empressent de le reconnaître comme le seul dirigeant du pays, sans qu’il y ait la moindre explication des autorités policières haïtiennes sur les raisons de la mystérieuse attaque contre la résidence du président de facto Jovenel Moise et de son assassinat, ni aucune consultation des acteurs et actrices haitien.ne.s.

Comme c’est le cas chaque fois qu’il existe une crise politique majeure ou un vide de pouvoir, l’impérialisme met tout en œuvre pour organiser des élections de façade, choisit lui-même l’homme de paille qui doit être porté au pouvoir, constitue un gouvernement fantoche et, ainsi, garantit ses intérêts.

C’est cette logique politique implacable que le gouvernement Biden entend continuer, en exigeant que les élections doivent avoir lieu en septembre de cette année. Et peu importe qu’elles se fassent sous l’égide de l’ex premier ministre Claude Joseph de facto ou d’un gouvernement décrié par la population. Ces élections-mascarades, auxquelles le peuple haïtien ne croit plus, ont été, depuis 1986, le principal outil de mystification de l’impérialisme et de l’oligarchie.

Aujourd’hui, la crise structurelle éclate au grand jour et, depuis plusieurs années, le peuple réclame un changement de système, la construction d’une nouvelle société ne passant pas par des élections, mais au prix d’une lutte acharnée contre la domination étrangère, l’oligarchie antinationale et l’État néocolonial. Voilà pourquoi les travailleurs-e-s, les organisations paysannes, étudiantes, progressistes dénoncent toutes implications et diktats du Core group dans les affaires internes du pays et revendiquent la pleine souveraineté du peuple de décider de son avenir.

Il est urgent de dénoncer ce jeu macabre de la « communauté internationale », solidaire du régime Phtk et de l’oligarchie visant à garder la situation d’apartheid et de terreur en Haïti. Le décès tragique de Jovenel Moise ne constitue pas la fin du régime Phtk. Ce régime continuera d’exister, aussi longtemps qu’il pourra desservir les intérêts de l’impérialisme et de l’oligarchie. La lutte du peuple organisé peut, seule, y mettre fin.

De ce fait, le Rehmonco encourage les forces progressistes en Haïti et dans la diaspora à continuer la lutte, à résister à l’ingérence de l’Organisation des Nations unies (Onu), dont la principale responsable en Haïti, Mme Lalime, agit comme une véritable gouverneure de colonie, à dire NON aux élections-mascarades et à toutes solutions allant contre les intérêts et la souveraineté du peuple haïtien.
Luttons pour une Haïti souveraine, maîtresse de son avenir !

Pour authentification.

Renel Exentus

Ricardo Gustave

Montréal, le 10 juillet 2021