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Économie : Augmentation des prix de produits essentiels sur différents marchés en Haïti, dans un contexte d’incertitude politique après l’assassinat de Jovenel Moïse

P-au-P., 09 juillet 2021 [AlterPresse] --- Deux jours après l’assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, du président de facto Jovenel Moïse, dans sa résidence privée à Pèlerin 5 (Pétionville, municipalité à l’est de la capitale, Port-au-Prince), les prix de différents produits essentiels à la consommation connaissent une hausse importante, sur plusieurs marchés en Haïti, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Le sac de riz importé est passé de 1,050.00 à 1,200.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 100.00 gourdes ; 1 euro = 113.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.70 gourde aujourd’hui).

La petite marmite (environ une livre) de sucre brun est passé de 30.00 à 40.00 gourdes.

La petite marmite de farine est passée de 20.00 à 40.00 gourdes.

De 30.00 gourdes, une petite quantité (dénommée glòs, en Créole) d’huile de cuisine est vendue à 60.00 gourdes.

De 225.00 gourdes à la pompe, le gallon de gazoline est obtenu entre 800.00 à 1,000.00 gourdes auprès de revendeuses et revendeurs sur le marché national.

Les prix des produits essentiels à la consommation varient aujourd’hui sur les marchés, en fonction de la position géographique des ménages.

« Plus une personne est éloignée des centres d’approvisionnement, plus elle acquiert très cher, à prix élevés, les produits essentiels à la consommation ».

Seuls les prix des légumes et salades ne connaissent pas de variation à la hausse, sur les marchés.

Dans plusieurs villes, les mangues, qui sont en abondance, généralement entre juin et septembre de chaque année, sont plus accessibles sur tous les marchés, en ce mois de juillet 2021.

A l’instar des périodes de grandes turbulences politiques, comme lors des émeutes du vendredi au 6 au dimanche 8 juillet 2018, contre la décision d’augmentation des prix des produits pétroliers, par le gouvernement tèt kale de Jack Guy Lafontant, chacune et chacun ont recours, depuis le mercredi 7 juillet 2021, aux vendeuses et vendeurs informels de proximité, dans divers quartiers, pour pouvoir s’approvisionner en divers biens (pain et autres).

Avec les événements en cours, après l’assassinat du président de facto Jovenel Moïse, l’accès à l’eau potable et à l’eau courante devient de plus en plus problématique, dans la plupart des quartiers, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Depuis plusieurs jours, le courant électrique public n’est pas distribué, sans explications institutionnelles, dans la plupart des quartiers, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Malgré une tendance à une reprise timide de la circulation piétonnière et automobile, les activités globales (stations de vente de produits pétroliers, banques commerciales, commerce formel et informel, services divers) sont paralysées, depuis mercredi matin 7 juillet 2021, après la confirmation de l’assassinat de Jovenel Moïse.

Beaucoup anticipent l’éventualité d’actes de pillage de magasins, vu l’incertitude qui plane sur l’avenir d’Haïti et la perception d’un possible chaos en devenir…, d’autant que la plupart des institutions nationales étaient, soit sous l’emprise de l’autocratie de Jovenel Moïse, soit mises en coupe réglée, ou carrément suspendues (le parlement, entre autres) par le régime de facto.

Depuis le mardi 1er juin 2021, la terreur des gangs armés, comme à Martissant et à Fontamara (périphérie sud de la capitale, qui donne accès à une partie du département de l’Ouest, aux départements du Sud-Est, du Sud, de la Grande Anse et des Nippes / Sud-Ouest d’Haïti), influe sur les prix de différents produits essentiels à la consommation.

Les chauffeurs de transports publics, qui ont l’habitude de faire la navette entre différents marchés publics, éprouvent beaucoup de difficultés à transporter les marchandises, les denrées alimentaires et autres biens essentiels à la consommation, en raison de la multiplication des actes de criminalité, qui peuvent survenir à tout moment.

Le jeudi 8 juillet 2021 sur la route nationale No. 2, à Martissant et Fontamara (dans la périphérie sud de la capitale, Port-au-Prince), un nombre indéterminé de personnes, qui se trouvaient à bord de véhicules de transports publics, ont été grièvement atteintes par balles, tirées par les gangs armés qui contrôlent la zone. Les corps sans vie de ces personnes, dont certains dévorés par des chiens, gisaient sur la chaussée, dans la matinée du vendredi 9 juillet 2021, selon des sources journalistiques.

Avec l’accaparement de la direction politique d’Haïti, par le premier ministre démissionnaire Claude Joseph, révoqué, le lundi 5 juillet 2021, par un arrêté de Jovenel Moïse nommant Ariel Henry comme nouveau chef de gouvernement de facto, il y a des risques d’embrasement et d’effets multiplicateurs sur l’ensemble des prix des biens sur tous les marchés, craignent plusieurs citoyennes et citoyens.

Jovenel Moïse mouri, pèp la prezidan (« après la mort de Jovenel Moïse, c’est le peuple qui doit assumer les rênes du pays »), ont commencé à scander des protestataires, ce vendredi 9 juillet 2021, à Port-au-Prince.

Ces protestataires menacent de poursuivre et d’intensifier leur mouvement de protestations, dans les jours à venir, contre le reste contesté et de plus en plus décrié de l’équipe de facto, qui, par un coup d’État non déclaré, avec le support d’une partie de la communauté internationale, voudrait se maintenir au pouvoir, sans l’avis de la population.

Différentes voix sociales, de droits humains et politiques ont, déjà, lancé des mises en garde contre l’application de toutes dispositions politiques inconstitutionnelles, illégales et irrégulières, concoctées avec une partie de la communauté internationale, en dehors de compromis et de solutions durables avec les forces vives en Haïti. [mj rc apr 09/07/2021 10:00]