Message du Centre d’Encadrement et de Communication Sociale (CECOS) à l’occasion du 26 juin 2005, « journée mondiale de lutte contre le trafic illicite et la consommation abusive de drogues »
Soumis à AlterPresse le 21 juin 2005
La date du 26 juin, comme on le sait déjà , marque la « Journée mondiale de lutte contre le trafic illicite et la consommation abusive de drogues ». Cette date a été adoptée pour la première fois par l’Organisation des Nations-Unies (O.N.U.), quand cette dernière approuva la « déclaration de la conférence internationale contre la consommation abusive et le trafic illicite de drogues » réalisée en 1987 au Mexique, avec la participation de 137 pays membres de l’O.N.U. [1]
Depuis lors, à travers le monde, diverses manifestations sont organisées en vue d’accentuer les efforts de lutte qui sont menés contre la drogue qui, avec le Sida, constitue les deux plus grands fléaux menaçant l’avenir des jeunes, et, par voie de conséquence, celui de l’humanité.
En Haïti, l’impact d’une telle démarche dans le cadre de la lutte qui est menée contre la drogue est pratiquement nul, en raison de l’indifférence affichée par plus d’un, ainsi que la banalité avec laquelle est traité le sujet.
Or, rappelons-le, la consommation abusive de ces substances psychotropes constituant, entre autres dangers, un des facteurs de propagation également du VIH, cette date devrait, à l’instar de celle du 1er décembre consacrée au Sida, faire l’objet d’une mobilisation nationale afin de sensibiliser plus de gens et les porter à se pencher sur la question.
Face à une telle situation, le Centre d’Encadrement et de Communication Sociale (CECOS), une association regroupant des professionnels évoluant dans le domaine de la prévention, de l’éducation et de la formation, saisit l’ occasion pour partager avec tous ceux que la question intéresse, sa vision de cette problématique tout en profitant pour dégager quelques pistes de réflexion y relative.
En effet, deux faits justifient cette démarche du CECOS, il s’agit tout d’ abord de la charte des jeunes intitulée « Pour un 21e siècle libéré des drogues », rédigée avec la collaboration de milliers de jeunes de plus de quatre-vingts (80) pays et publiée en février 1998 à l’occasion de la rencontre internationale des jeunes au siège social de l’UNESCO. Ce titre, qui a particulièrement retenu notre attention, traduit, pour nous, l’ aspiration de ces derniers face à la menace que « la drogue » semble représenter pour eux.
Or, nous voilà en plein 21e siècle, et ce que nous constatons actuellement chez nos jeunes, en guise de réponse à cette charte publiée il y a maintenant sept ans, n’est autre que l’apparition d’une nouvelle tendance face aux drogues, caractérisée par une montée de la consommation dans certains établissements scolaires de la zone métropolitaine, ainsi que de la vente de substances telles que la marijuana, le crack... dans les périmètres avoisinant ces écoles. C’est donc cette tendance et l’inquiétude qu’elle suscite chez certains enseignants qui constituent le deuxième fait qui motive cette publication du CECOS.
Ouvrons ici une parenthèse pour faire remarquer que ces informations, sur la consommation et la vente de drogues, sont énoncées ici sous toutes réserves, car, bien que observées et constatées par plus d’un, entre autres des éducateurs, elles n’ont pas encore fait l’objet d’une étude.
Par ailleurs, un autre facteur, et pas des moindres, qu’il faut aussi mentionner, est celui de la consommation de drogues psychotropes par les « enfants de rues », dont certaines sont de fabrication artisanale.
Nous disons, pas des moindres, parce que les conséquences découlant de tels modes de comportement portent à réfléchir pour ce qui est de leurs effets sur la santé, tant physique que psychologique, des consommateurs, en raison des éléments qui sont combinés pour produire ces substances.
Qu’en est-il de la prise en charge ?
En matière de prise en charge, il est incontestable que ce problème concerne tout le monde, surtout les parents et les éducateurs, responsables d’ orienter et d’assurer l’avenir de ces jeunes ainsi que les enfants défavorisés.
N’attendons donc pas que cette tendance qui commence à se développer dans notre société, chez nos jeunes surtout, gagne du terrain. Dans le cas contraire on n’aura d’autre alternative que ramasser les miettes, ce qui peut s’avérer sans aucun doute plus difficile. Car, l’individu, sous l’ emprise d’une substance psychotrope quelconque, perd son contrôle et est sujet à des modes de comportement irresponsable qui l’exposent à toutes sortes de risques, y compris celui de contracter le VIH.
En matière de prise en charge, il existe, certes, une porte de sortie pour les usagers de drogues. En témoigne ce thème choisi par l’ONU à l’occasion du 26 juin 2004 : « le traitement, ça marche ». Thème qui véhicule un message d’espoir pour tous ceux qui vivent l’enfer que charrie la dépendance aux drogues. Car effectivement, ces personnes, ainsi que leurs familles qui souffrent physiquement et moralement, représentent un autre aspect découlant des méfaits de cette pratique négative. Il est donc impératif de leur venir en aide et les encourager à faire un effort pour s’en sortir.
Cependant, il faut aussi, pour ne pas dire d’abord, penser à ceux-là qui ne consomment pas, ou qui commencent à s’y adonner. Dans les deux cas ils sont aussi exposés aux risques, dont généralement l’issue n’est autre que cette dépendance.
C’est donc, dans cette perspective, qu’au niveau du CECOS, nous appuyons le thème choisi pour cette année en cette occasion, « Tu vaux mieux que ça. Choisis ta santé », que nous renforçons par cet adage : « Prévenir vaut mieux que guérir ».
En effet, l’approche, basée sur « l’éducation préventive » en terme de moyen, peut contribuer à diminuer les facteurs de risques qui conditionnent la consommation de drogues. Ainsi, à défaut d’avoir un « 21e siècle libéré des drogues » en réponse à l’aspiration de ces jeunes dans leur charte, et qui, à notre avis, paraît un peu ambitieux, pouvons-nous aider les nôtres à se responsabiliser face au problème, pour qu’ensemble nous puissions arriver à créer un espace plus sain, plus stable, plus sécuritaire pour eux.
Soulignons qu’une telle démarche n’est plus une utopie, comme il semblait l’ être dans un passé récent, vu que cette prise en charge était l’apanage de certains particuliers appartenant au secteur privé. Aujourd’hui, la lutte contre la drogue a pris une autre dimension, parce qu’enfin une Commission Nationale de Lutte contre la Drogue (CONALD), l’entité gouvernementale responsable de coordonner tout ce qui se rapporte à la drogue, a enfin été créée.
A l’occasion donc de cette « journée mondiale de lutte contre le trafic et l ’abus de drogues », le CECOS en appelle donc à tout un chacun, quel que soit l’endroit où il se trouve positionner, à y mettre du sien. Car, comme on le constate, des actions menées de façon isolée sont comme une goutte d’eau dans un océan, tandis qu’un effort concerté permettra, sans nul doute, de franchir de nouvelles étapes dans cette lutte.
Prenons donc, dès aujourd’hui, la décision de marquer un nouveau départ dans cette lutte contre la consommation abusive de drogues, en nous y impliquant effectivement. Ainsi, pourrons-nous aspirer à un environnement pouvant garantir une jeunesse plus saine, moins désœuvrée, des familles plus fonctionnelles et enfin un pays pouvant espérer à une relève assurée.
Centre d’Encadrement et de Communication Sociale (CECOS) Courriel : cecos2000@yahoo.fr ; cecos2000@caramail.com
[1] Revista C I J ( Organo Informativo de Centros de Investigaciòn Juvénil ) Año 2, # 8. Julio-Septiembre 1997. C I J / 19.