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Haïti-Criminalité : Une exposition-photos de policiers nationaux victimes d’assassinats, en 2020 et 2021, pour demander de diligenter les enquêtes y relatives

P-au-P, 11 juin 2021 [AlterPresse] --- Une exposition-photos de policiers nationaux assassinés a été réalisée, le vendredi 11 juin 2021, par le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), pour demander de diligenter les enquêtes y relatives, à l’occasion du 26e anniversaire (12 juin 1995 - 12 juin 2021) de l’institution policière, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

L’exposition-photos, sur les murs des locaux du Rnddh, à la rue Rivière (Port-au-Prince, vise également à attirer l’attention de la population sur la vie de ces policiers nationaux victimes, explique Marie Rosie Auguste Ducénat, responsable de programmes au Rnddh.

Polisye fanm kou gason gen dwa pou yo viv epi pou yo an sekirite (Les policières et policiers ont le droit de vivre et être en sécurité) était le message, véhiculé sur de grosses affiches avec les photos de policiers nationaux victimes de violences de bandits armés, entre janvier et juin 2021.

Au milieu des photos, une grosse affiche, surmontée d’un drapeau national, portait l’inscription des noms de policiers assassinés, de janvier jusqu’au mois de juin 2021 et durant toute l’année 2020.

Au pied des affiches : trois petites chaises en paille, des cierges, des cordes, de petites lampes traditionnelles (lanp tèt gridap), un symbole vèvè (signe symbole dans le vodou ayisyen), de petites bouteilles de rhum national, des balais, une petite chaudière de trois pieds contenant du sel. Des blocs, recouverts de maillots de couleur noire, campent un décor s’apparentant à un rituel du vodou ayisyen.

Plusieurs automobilistes, passantes et passants se sont arrêtés pour prendre quelques photos de l’exposition, qui a attiré l’attention de plus d’un.

« C’est, pour nous, une façon de dire combien les policiers se font tuer, l’un après l’autre. Ce n’est pas possible. On doit se rappeler que ce sont des mères, des pères, des frères, des sœurs. Ils avaient un nom, une vie. C’est une manière de faire remonter les souvenirs », explique la responsable de programmes au Réseau national de défense des droits humains.

Le Rnddh a choisi d’inscrire les noms des policiers, dont les photos n’ont pas été trouvées.

L’organisme de defense des droits humains affirme regretter le laxisme des autorités judiciaires et policières dans les enquêtes sur ces assassinats.

« On ne sent pas que l’institution policière se sent obligée de mener ces enquêtes et les faire aboutir, de même qu’on ne sent pas la volonté de l’institution judiciaire de sévir contre les bandits, qui attaquent et assassinent les policiers », déplore le Rnddh.

26 ans après, l’institution policière tend vers son effondrement, vu les luttes intestines diverses, alerte le Rnddh.

Le personnel des unités spécialisées est très mal géré par les responsables.

« Certains policiers n’ont plus le sentiment d’appartenir à un corps ».

Le Réseau national de défense des droits humains appelle l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IgPnh) à ouvrir une enquête sur l’utilisation des matériels policiers par des bandits armés et à sanctionner les policiers, qui sont de connivence avec les gangs armés, dans un rapport.

Le Conseil supérieur de la police nationale (Cspn) doit tout mettre en œuvre pour reprendre les postes de police, sous le contrôle de gangs armés depuis le 5 juin 2021, et redresser la barre de l’institution policière, recommande le Rnddh.

Assassinats récurrents de policiers nationaux

Du jeudi 7 janvier au samedi 5 juin 2021, au moins 32 policiers nationaux ont été assassinés, soit une moyenne de 5 policiers par mois, a dénombré le Réseau national de défense des droits humains.

De janvier à décembre 2020, 36 policiers nationaux ont été tués , relève un bilan du Rnddh, publié ce vendredi 11 juin 2021.

4 policiers nationaux ont été victimes d’actes d’enlèvements et de séquestration contre rançons. Plusieurs matériels policiers sont utilisés par des bandits armés, ajoute-t-il.

9 postes de police ont été attaqués par des bandits armés, membres de la fédération de gangs dénommée G9 an fanmi ak alye.

A Port-au-Prince, un policier national a été abattu à Drouillard, trois au sous-commissariat de Portail Saint-Joseph, le 5 juin 2021, alors que 4 autres ont été tués dans une brigade d’intervention du commissariat de Port-au-Prince, qui sillonnait la Grand-rue (le Boulevard Jean-Jacques Dessalines), le 6 juin 2021, a enregistré le Réseau national de défense des droits humains. [mj emb rc apr 11/06/2021 16:55]