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Haïti : L’agriculture familiale paysanne et les défis du futur

Ateliers de lancement d’une Étude-Publication sur l’Agriculture Familiale Paysanne [1]

Organisés à Jérémie et Chardonnières les 26 et 27 mai 2021

La crise alimentaire mondiale et la flambée des prix des produits agroalimentaires qu’on a connues en 2008, ont, une nouvelle fois, questionné le modèle productiviste agro-exportateur et remis à l’agenda du jour l’agriculture familiale paysanne. Une attention particulière et un intérêt de plus en plus marqué se manifestent envers ce mode de production agricole qui contribue à plus de 70% à l’alimentation mondiale et semble mieux participer à la souveraineté et sécurité alimentaires des populations.

En Haïti, les émeutes de la faim de 2008, consécutives à l’augmentation des prix des produits alimentaires qui a valu son poste au premier ministre d’alors, ont mis à nu l’inanité des politiques néolibérales appliquées à l’agriculture et ses effets néfastes sur la production locale. Dans ce contexte, certaines institutions ont fait le choix de soutenir les systèmes de production familiaux paysans et d’œuvrer en faveur des politiques publiques de soutien, considérée comme une option préférentielle pour une agriculture qui à la fois valorise les capacités de régénération de l’environnement et offre des perspectives attrayantes aux générations de demain.

Le Programme d’Appui à une Gouvernance Inclusive (PAGAI), financé par la coopération Suisse et opérationnalisé par le Consortium des ONG Helvetas [2], AVSF [3] et GRAMIR [4], se propose, au cours de sa première phase d’intervention de quatre ans (2018-2022) dans le Sud et la Grand’ Anse, de contribuer au renforcement des capacités des acteurs du secteur agricole des départements du Sud et de la Grand’Anse, surtout dans les communes de Beaumont, Roseaux, Chardonnières et Les Anglais, et en particulier des organisations paysannes, afin qu’elles soient capables de porter des propositions pour le développement d’une agriculture familiale paysanne performante.

C’est dans cette perspective que PAGAI a commandité une étude visant à une meilleure appréhension des enjeux, des défis et des opportunités de l’agriculture familiale paysanne. L’idée centrale de cette étude, confiée à une équipe de consultants et consultantes composée de Allen Sabinus HENRY, Serge Michel PIERRE LOUIS et Patrick DUMAZERT, Marie Eveline LARRIEUX et Fritz Alphonse JEAN, est de disposer d’un document qui d’un côté analyse la réalité dans laquelle ce type d’agriculture évolue et de l’autre sert de cadre d’orientation stratégique de référence pour la promotion, la négociation et la défense de la réhabilitation de l’agriculture familiale paysanne en Haïti.

Le lancement officiel de cette étude a été organisé au bureau de la Direction Départementale Agricole de la Grande Anse et à l’école Nationale de Marion de Chardonnières le mercredi 26 et le jeudi 27 mai dernier respectivement. A l’attention des autorités locales, des représentants d’organisations paysannes, d’associations de femmes, des responsables locaux d’institutions publiques, privées et associatives engagées dans l’agriculture et/ou le développement agricole, les 2 représentants de l’équipe ont présenté les principaux objectifs poursuivis et la méthodologie retenue pour conduire cette étude. Ils ont partagé avec le public, l’approche adoptée qui se veut être participative et ont profité de l’occasion pour rappeler à toutes et à tous leurs attentes vis-à-vis de l’assistance.

Il est prévu de soumettre au commanditaire : i) un document de référence en français, ii) une version créole de ce document, iii) une vidéo de 25 minutes environ reprenant les grandes lignes de l’étude et le processus ayant conduit à son élaboration.

La démarche adoptée pour réaliser cette étude se décompose en quatre grandes phases se résumant ainsi :

  • Phase1 ; de cadrage permettant une reconstruction historique de l’agriculture familiale et sa caractérisation dans son contexte et son environnement ;
  • Phase 2) d’enquêtes et de collecte des données de terrain devant déboucher sur une typologie des exploitations agricoles familiales, analyser le rôle des femmes et définir la place des jeunes dans le développement de l’agriculture familiale paysanne ;
  • Phase 3) d’analyse et d’appréciation de la place qu’occupe l’agriculture familiale dans les discours, les documents publics et les programmes/projets tout en prenant le soin d’identifier les contraintes, les opportunités et les leviers d’action en faveur de la redynamisation de l’agriculture familiale paysanne.
  • Phase 4 : de publication des documents et vidéos et leur diffusion dans les différents espaces et régions du pays.

Cet atelier intervient au début de la phase 2, juste avant le démarrage des enquêtes de terrain. Il n’a pas pu se réaliser antérieurement en raison des difficultés liées à la conjoncture politique des derniers mois. A la suite de la présentation il y a eu un moment consacré aux échanges aux cours desquels les participants et participantes ont manifesté un intérêt remarquable à l’initiative. Ils ont eu à formuler des commentaires, poser des questions et proposer des améliorations jugées nécessaires en vue de rendre le processus plus inclusif. Nous avons retenu en gros que leurs préoccupations vont dans le sens d’une plus large diffusion des documents produits et leur accessibilité à la paysannerie dans son ensemble.

Les documents prévus à différentes phases seront restitués et validés au cours des ateliers réunissant l’ensemble des acteurs concernés (Universités, ONG intéressés, organisations nationales et internationales, organisations paysannes, associations de femmes, regroupements de jeunes, etc.) en vue de rechercher un large consensus.


[1Le Groupe Médialternatif assure la publication des données de cette étude

[2Helvetas : HELVETAS Swiss Intercooperation

[3AVSF : Agronomes et Vétérinaires sans Frontières

[4GRAMIR : Groupe de Recherche et d’Appui au Milieu Rural