P-au-P, 07 juin 2021 [AlterPresse] --- Un calme précaire a régné durant la journée du lundi 7 juin 2021 à Martissant et Fontamara, quartiers du sud de la capitale, Port-au-Prince, qui ont connu plusieurs journées d’affrontements, depuis le mardi 1er juin 2021, entre gangs rivaux, faisant des victimes au sein de la population et de nombreux dégâts, observe AlterPresse.
Des instructions formelles ont été passées à la Police nationale d’Haïti (Pnh), afin de prendre toutes les mesures nécessaires visant à rétablir l’ordre dans les quartiers touchés, tente de rassurer le premier ministre par intérim, Claude Joseph, lors d’un point de presse, le dimanche 6 juin 2021, auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Cet ordre survient après la tenue de trois réunions du Conseil supérieur de la police nationale (Cspn), organisées, en moins de 72 heures, sur la situation d’insécurité qui règne dans ces zones, poursuit Claude Joseph.
Des affrontements armés à Martissant et Fontamara (département de l’Ouest) ont paralysé, depuis le mardi 1er juin 2021, la circulation automobile, bloquant ainsi l’accès à quatre autres départements (Sud, Sud-Est, Grande Anse et Nippes).
Ces violences ont fait une dizaine de morts, dont des civils et plusieurs blessés, selon un bilan partiel.
Des maisons et petites entreprises ont été incendiées, alors que des milliers de personnes ont été déplacées, notamment des femmes, des enfants en bas âge et des personnes à mobilité réduite, lors de ces affrontements.
« La police et l’armée sont déjà mobilisées pour permettre à la population de vaquer à leurs occupations », fait savoir le gouvernement de facto.
Le chef du gouvernement de facto affirme connaître les auteurs intellectuels de cette situation d’insécurité, qui prévaut dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, y compris des événements en cascade, liés aux attaques armées effectués par des bandits contre plusieurs antennes et commissariats de police.
Des gangs armés se sont affrontés durant ces derniers jours à Martissant-Fontamara, au Bel Air, au bas de Delmas (2,4, 6) et à La Saline.
Quatre antennes de la police (Drouillard, station des Gonaïves, Duvivier, Sierra 2 ) ont été attaquées par des bandits armés, qui ont emporté les armes des policiers et radios de communication.
L’inspecteur divisionnaire Myradel Adolphe a été tué, un autre policier Luc Fedlin a été blessé, dans l’attaque à Drouillard.
« Les gens, qui sont derrière ce qui se passe, je vous promets que nous allons vous atteindre, parce que c’est l’État qui détient le monopole de la violence légitime. Cette situation ne s’est pas créée toute seule, nous savons qui sont les éminences grises », menace Claude Joseph.
Alors qu’il s’était rendu, le dimanche 7 juin 2021, à Martissant, pour aller voir les victimes déplacées, Claude Joseph a été hué par des riveraines et riverains.
« Nous n’avons pas besoin de ces gens ici. Ils sont responsables de la situation, que nous vivons aujourd’hui », critique l’un d’entre eux.
« La police est mobilisée à Martissant depuis hier soir (samedi soir), à partir de la première avenue Bolosse jusqu’à Mariani », a fait savoir le directeur général ad interim de la Pnh, Léon Charles.
La police cherche à garantir la sécurité dans la zone, insiste-t-il.
Des organisations de droits humains et politiques pressent les autorités à agir
L’Office de la protection du citoyen (Opc) a exhorté les autorités concernées à prendre les dispositions rapides et urgentes, en vue de pouvoir ramener l’ordre à la 3e circonscription de Port-au-Prince et de permettre aux familles déplacées de regagner leurs domiciles, incluant des accompagnements sociaux, dans une note de presse en date du dimanche 6 juin 2021.
« Il est de la responsabilité de l’État d’assurer la sécurité de la population, de protéger les vies et les biens », rappelle l’Opc.
L’Opc condamne les affrontements armés entre gangs rivaux dans la troisième circonscription de Port-au-Prince, particulièrement dans les quartiers de Martissant et de Fontamara.
L’Opc dénonce une gangstérisation de plus en plus menaçante.
L’institutionnalisation des gangs armés, par l’administration Jovenel Moïse, en pleine crise politique, constitue une déception pour l’état de droit et l’alternance politique en Haïti, exprime de son côté, l’Organisation des citoyennes et citoyens pour une nouvelle Haïti (Ocnh), dans une note de protestation datée du lundi 7 juin 2021.
L’Ocnh déplore l’absence de volonté manifeste des autorités pour mettre fin aux agissements des gangs armés dans le pays, « ce mal qui menace les fondements de la société ».
Les bandits et les autorités policières ne peuvent entretenir aucun rapport de voisinage, rappelle l’organisme de droits humains, déplorant le fait que ce soient les bandits qui font fuir les forces légales, en dehors de toute logique.
Au niveau du secteur politique, le parti politique Fusion des sociaux démocrates haïtiens (Fusion) a condamné le comportement « négligeant et irresponsable » du pouvoir de facto en place face à cette situation d’insécurité.
La Fusion appelle la population à apporter leur solidarité aux victimes des gangs, aux civils et aux policiers.
Le parti politique Fusion demande à la frange de la communauté internationale, qui supporte Jovenel Moïse, de cesser sa politique « rétrograde », qui plonge l’ensemble de la population dans la vulnérabilité face aux gangs armés.
Pour sa part, l’homme d’affaires et dirigeant politique, le Dr. Réginald Boulos, appelle le secteur privé haïtien des affaires à se solidariser avec les communautés de Martissant et de Fontamara, victimes des violences de gangs armés.
Dr. Réginald Boulos encourage à entreprendre, au plus vite, une grande action humanitaire pour toutes les zones atteintes par cette violence aveugle, tolérée et peut-être même encouragée par le pouvoir, dit-il. [mj emb gp apr 07/06/2021 14:50]