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Haiti : RSF préoccupée du sort d’une journaliste contrainte à se réfugier à l’étranger

Communiqué de Reporters Sans Frontières

Soumis à AlterPresse le 23 juin 2005

Reporters sans frontières est préoccupée par le sort de Nancy Roc, présentatrice du magazine hebdomadaire « Métropolis » à Radio Métropole, obligée de quitter le pays, le 16 juin 2005, après avoir été menacée de rapt.

« L’exil forcé d’un journaliste est toujours le signe d’une défaite pour la liberté de la presse. Le cas de Nancy Roc démontre une nouvelle fois que l’Etat de droit reste un v¦u pieux en Haïti. La presse haïtienne reste en danger. Nous demandons à la force internationale de l’Onu présente dans le pays d’accélérer le démantèlement des gangs et des groupes armés, et de garantir ainsi la sécurité des journalistes », a déclaré Reporters sans frontières.

Nancy Roc a dû quitter précipitamment Haïti et se réfugier en Floride (Etats-Unis), le 16 juin, suite à des menaces de rapt. « Pendant deux semaines, a-t-elle confié à Reporters sans frontières, la rumeur a couru que j’avais été enlevée. » La journaliste a d’abord fait le lien avec un attentat survenu le 11 juin à côté de son domicile, au cours duquel l’un de ses voisins a été tué. Puis elle a constaté que la rumeur d’enlèvement se faisait plus pressante au fil des menaces téléphoniques.

« Pendant quatre jours, j’ai reçu six à huit appels quotidiens, a-t-elle poursuivi. La menace s’est précisée lors d’un dernier coup de fil où l’on m’a dit que mon kidnapping était "une question d’heures" et qu’on allait "me kidnapper à tout prix". C’est là que j’ai pris la décision de quitter le pays. » La journaliste a gagné l’aéroport sous escorte armée et dans un véhicule blindé.

Egalement alertée du danger par ses propres informateurs, la journaliste a attribué ces menaces à des trafiquants de drogue, eux-mêmes liés, selon elle, aux Fanmi Lavalas, les miliciens partisans de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide. Nancy Roc souligne l’aggravation du climat d’anarchie dans un pays livré au règne des bandes armées « qui font même plier les soldats de la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) ». « Il y a 182 gangs, 6 000 hommes armés et 5 000 adolescents enrôlés. A Port-au-Prince, on relève 6 à 10 enlèvements chaque jour. Comment expliquer qu’on enlève des enfants pour leur arracher les yeux ? », s’est-elle alarmée auprès de Reporters sans frontières. Le 11 juin, le directeur de Radio Métropole, Richard Widmaier, a échappé de peu à une tentative de rapt.