Les autorités en Haïti doivent réagir, immédiatement et de manière coordonnée, afin de prévenir la violence, de s’attaquer à ses causes profondes et de mettre un terme à l’impunité des responsables, recommande la parlement européen
P-au-P, 20 mai 2021 [AlterPresse] --- Le parlement européen déclare souhaiter l’organisation d’élections libres, équitables, transparentes et crédibles, dans un climat de sécurité garantie en Haïti, dans une résolution adoptée le jeudi 20 mai 2021 et consultée par l’agence en ligne AlterPresse.
Les autorités haïtiennes sont priés instamment d’« organiser des élections législatives, locales et présidentielles libres, équitables, transparentes et crédibles, et de garantir une sécurité effective au cours de ces processus électoraux ».
Toutefois, le parlement européen exhorte le gouvernement haïtien à respecter la Constitution haïtienne de 1987, en particulier son article 284.3, qui stipule combien « toute consultation populaire, tendant à modifier la Constitution par voie de référendum, est formellement interdite ».
« Tant que les conditions de transparence, d’équité et de démocratie ne sont pas remplies, l’Union européenne ne devrait apporter aucun soutien financier et technique aux processus électoraux. (…) Seul un processus électoral crédible, transparent, participatif et pacifique peut permettre de surmonter la longue crise politique en Haïti ».
Le parlement européen encourage un soutien continu de l’Union européenne et de la communauté internationale à Haïti, afin de contribuer à créer les conditions propices à des élections pacifiques et démocratiques.
Tout en rejetant tout processus de mise en place d’une transition, la secrétaire d’État adjointe américaine, par intérim au Bureau des affaires de l’hémisphère occidental du département d’État étasunien, Julie Chung, souhaite l’organisation d’élections libres et équitables, en 2021, avec le pouvoir en place, dans un discours, prononcé à l’occasion de la commémoration du 218e anniversaire du drapeau haïtien, le mardi 18 mai 2021.
L’organisation d’élections, avec le régime de facto actuel, est rejetée par les forces vives du pays, dans un contexte de criminalité grandissante, avec un climat de terreur entretenue par la multiplication des gangs armés, bénéficiant de la complicité d’officiels, sur le territoire national.
Les élections législatives constituent le moyen démocratique pour mettre fin à la gouvernance prolongée d’Haïti par décrets, insiste, pour sa part, Julie Chung.
Des mobilisations, pour continuer de désapprouver le référendum inconstitutionnel et illégal de Jovenel Moïse, et pour dénoncer le soutien de la communauté internationale à la dictature en Haïti, ont eu lieu, dans le pays et aux États Unis d’Amérique, à l’occasion de la commémoration du 218e anniversaire du drapeau haïtien, le mardi 18 mai 2021.
Le parlement européen appelle le gouvernement haïtien à respecter les principes fondamentaux de la démocratie, à renforcer l’état de droit, à mettre un terme aux affrontements entre les bandes armées, ainsi qu’aux attaques armées contre les civils et la police nationale, entre autres.
« Les violences en Haïti sont étroitement liées à des bandes armées, dont certaines sont soutenues et financées par l’oligarchie locale ».
Les autorités haïtiennes doivent réagir, immédiatement et de manière coordonnée, afin de prévenir la violence, de s’attaquer à ses causes profondes et de mettre un terme à l’impunité des responsables.
Tout en réaffirmant sa profonde préoccupation face à la détérioration de la situation humanitaire, politique et en matière de sécurité en Haïti, le parlement européen condamne toutes les violations des droits humains et tous les actes de violence, en particulier l’augmentation des enlèvements, de la traite des enfants vers la République Dominicaine, des homicides et des viols.
Appelant à la conduite d’une enquête indépendante sur le massacre de La Saline et les exactions similaires, le parlement européen souhaite aussi que tous les auteurs de ces crimes soient traduits en justice et fassent l’objet d’un procès équitable.
Plus de 70 personnes, dont des autorités étatiques et deux anciens policiers nationaux, devraient être arrêtées pour « actes répréhensibles », liés à la tuerie, perpétrée le 13 novembre 2018, au quartier La Saline, recommande une enquête interne de la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj).
Le bilan de cette tuerie, commise les 1er et 13 novembre 2018, s’élève à au moins 71 morts, selon un rapport publié par le Rnddh, le jeudi 20 décembre 2018.
Dans une proposition de résolution avant son adoption, le parlement européen avait exprimé ses vives préoccupations face aux conditions, dans lesquelles devront se tenir, cette année 2021, le référendum inconstitutionnel et illégal ainsi que des élections en Haïti.
L’exercice démocratique ne peut pas se faire dans un climat de violence, d’insécurité et de corruption généralisé, souligne-t-il, rappelant combien les élections envisagées, cette année 2021, dans le pays, sont perçues comme illégitimes par une large partie de la population nationale.
Le parlement européen a exprimé sa ferme condamnation contre « toute ingérence politique de la part de puissances étrangères, au premier rang desquelles les États-Unis d’Amérique, dans la vie du pays, afin de maintenir à tout prix au pouvoir un gouvernement favorable à leurs intérêts géostratégiques et à ceux de leurs firmes ».
Le parlement européen invite l’Union européenne (Ue), ses états membres et tout particulièrement la France, à accompagner un processus de transition, mis en œuvre par les organisations sociales et de la société civile haïtienne. [emb rc apr 20/05/2021 13:25]