P-au-P, 19 mai 2021 [AlterPresse] --- La décision de tenir un référendum inconstitutionnel et illégal, pour amender la Constitution de 1987, ajoute encore à la controverse en Haïti, a déclaré la secrétaire d’État adjointe par intérim au Bureau des affaires de l’hémisphère occidental du département d’État étasunien, Julie Chung, dans un discours, prononcé à l’occasion de la commémoration du 218e anniversaire du drapeau haïtien, le mardi 18 mai 2021, et consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Julie Chung déplore un processus, mis en place surtout sans le bénéfice d’un examen par les pouvoirs législatif et judiciaire, ou d’un processus consultatif inclusif et crédible, qui intègre pleinement la société civile.
Le Bureau intégré des Nations unies (Binuh) avait souligné, le 13 avril 2021, dans un tweet, combien le processus de consultation pour une nouvelle Constitution n’est « pas suffisamment inclusif, participatif ou transparent ».
Le Binuh avait appelé le Comité consultatif dit indépendant pour l’élaboration du projet de nouvelle Constitution du président de facto, Jovenel Moïse, à s’engager avec un plus large éventail d’actrices et d’acteurs politiques et sociétaux, y compris des femmes et des groupes religieux, à travers le pays.
Le gouvernement de facto met les bouchées doubles pour la réalisation, le 27 juin 2021, de son référendum inconstitutionnel, fortement rejeté par les forces vives du pays.
A l’occasion de la fête du drapeau haïtien, le mardi 18 mai 2021, des mobilisations ont eu lieu, en Haïti et aux États-Unis d’Amérique, contre le référendum inconstitutionnel et illégal de Jovenel Moïse, contre les élections avec le régime de facto et contre le soutien de la communauté internationale à la dictature, installée en Haïti.
Les élections législatives constituent le moyen démocratique pour mettre fin à la gouvernance prolongée d’Haïti par décrets, estime, toutefois, Julie Chung.
Cette période de gouvernance par décrets, exercée par un seul homme, a déjà conduit à l’annonce de la création d’une Agence nationale d’intelligence (Ani), qui est problématique, entre autres conséquences, poursuit Julie Chung.
Le gouvernement des États-Unis d’Amérique avait exprimé ses préoccupations par rapport à la création de nouvelles institutions irrégulières, y compris l’Ani, qui pourraient poser des risques supplémentaires pour les droits fondamentaux et la responsabilité en Haïti, dans un tweet publié en février 2021.
Les retards, enregistrés dans l’organisation des élections législatives,qui auraient dû se tenir en 2019, ont entraîné un pouvoir exécutif non contrôlé depuis janvier 2020, puisque la chambre basse n’existe plus et qu’il y a trop peu de sénateurs pour atteindre un quorum, signale Chung.
« Il n’y a pas de séparation des pouvoirs et aucun moyen pour les branches du gouvernement de se tenir mutuellement responsables. Cette situation remet en question les préceptes fondamentaux de la démocratie haïtienne ».
Julie Chung appelle toutes les actrices et tous les acteurs politiques haïtiens à se réunir et à convenir des mécanismes nécessaires, pour organiser des élections libres et équitables en 2021, reflétant la volonté du peuple haïtien. [emb rc apr 19/05/2021 14:20]