P-au-P, 17 mai 2021 [AlterPresse] --- Plusieurs secteurs, d’ici et d’ailleurs, annoncent la tenue, en Haïti et aux États-Unis d’Amérique, le mardi 18 mai 2021, 218e anniversaire de la création du bicolore national, d’une grande mobilisation contre le référendum inconstitutionnel et illégal, contre les élections avec Jovenel Moïse ainsi que contre le soutien de la communauté internationale au régime de facto actuel, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Le Secteur démocratique et populaire, une frange de l’opposition politique, tient à féliciter tous les secteurs, qui apportent leur appui à cette mobilisation générale.
« Le mandat constitutionnel de Jovenel Moïse a pris fin depuis le dimanche 7 février 2021. Nous ne négocions pas avec des criminels », déclare, dans un tweet, l’un des portes paroles du dit Secteur démocratique et populaire, Me. Michel André.
« Nous allons faire connaître, au monde entier, ce qui se passe en Haïti, en montrant que ce n’est pas le peuple haïtien qui est responsable de son sort, mais les grandes puissances internationales, qui nous imposent des gens incompétents et des hors-la-loi », souligne, pour sa part, Tony Jean Télor, un membre du comité d’organisation d’une marche prévue, ce mardi 18 mai 2021, dans les rues de Washington.
Le comite d’organisation de la mobilisation du 18 mai 2021 à Washington critique la communauté internationale, qui a imposé à Haïti, en 2011, l’ancien président Michel Martelly, qu’il qualifie de « drogué, sans aucune compétence pour diriger quoi que ce soit ».
En plus de protester contre le référendum inconstitutionnel et illégal, la mobilisation, annoncée par plusieurs membres de la communauté haïtienne aux États-Unis d’Amérique, dont des artistes haïtiens, entend principalement « dénoncer le soutien de l’internationale à des déviants, des bandits et des dilapidateurs des fonds PetroCaribe » de l’aide vénézuélienne à Haïti, pour salir l’image d’Haïti à la face du monde.
Après l’échec de plusieurs tentatives, visant à trouver un accord politique avec les autres secteurs, pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, le président de facto a décidé de nommer à nouveau Claude Joseph comme nouveau premier ministre ad intérim pour 30 jours, du 14 mai 2021 au 14 juin 2021.
« Le moment est venu pour trouver une issue favorable à cette crise,qui dure depuis 35 ans. Ensemble, nous pouvons le faire », a tweeté, dans la soirée du vendredi 14 mai, Jovenel Moïse, qui voudrait, à tout prix, contre l’avis des forces vives du pays, organiser « son référendum inconstitutionnel » le 27 juin 2021.
Des préparatifs pour le référendum inconstitutionnel
Des préparatifs sont en train d’être mis en place, de la part du gouvernement de facto, en perspective de l’organisation d’un référendum inconstitutionnel et illégal, fixé au 27 juin 2021 dans le pays.
Les membres du Conseil électoral provisoire contesté ont reçu, les vendredi 14 et samedi 15 mai 2021, deux lots de matériels sensibles et non sensibles.
Le premier lot, non sensible, contient 2 mille téléphones intelligents pour la transmission rapide des résultats et des matériels informatiques pour le Centre de tabulation des votes (Ctv), alors que le second, sensible, est destiné à la formation, a fait savoir, dans un tweet, l’institution électorale controversée.
Les mouvements de boycottage contre le projet de référendum inconstitutionnel et illégal du président de facto Jovenel Moïse se sont multipliés en Haïti.
Après Jean Rabel et Port-de-Paix (département du Nord-Ouest), Les Irois et Anse-d’Hainault (département de la Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), c’est le tour des habitantes et habitants de Hinche (Plateau central) et de Ouanaminthe (Nord-Est) à s’élever fortement, les dimanche 9 et samedi 8 mai 2021, contre des activités de sensibilisation sur le référendum inconstitutionnel.
La Plateforme des organisations de défense des droits humains (Pohdh) condamne les actes de répression, perpétrés par le pouvoir en place contre les citoyennes et citoyens, qui rejettent le projet de référendum inconstitutionnel et illégal, dans un contexte de crise politique aiguë.
Démarches en cours d’une commission nationale, chargée de trouver une solution haïtienne à la crise politique actuelle
Des activités et démarches sont également en cours, du côté d’une commission issue de la société civile, en charge de trouver une solution haïtienne à la crise politique actuelle.
Créée par le comité de suivi du Forum d’organisations de la société civile, cette commission se propose de promouvoir un ralliement de la nation autour d’une transition, axée principalement sur les intérêts du pays et les besoins essentiels de ses citoyennes et citoyens.
Le Front patriotique populaire salue cette démarche, qui correspond, dit-il, à sa compréhension de la nature et de la dimension de la crise.
Face au système d’inégalité, d’exclusion, de misère et de chômage, installé par le régime de facto, cette mobilisation nationale constitue le seul chemin, qui puisse montrer véritablement que la population est à bout.
Pour sa part, le parti politique Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod) déclare approuver également la proposition des organisations de la société civile, qui viserait à contribuer à une éventuelle solution à la crise, fait savoir Raphael André, dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.
« Nous ne croyons pas en une solution importée. Toute solution à l’haïtienne nous conduira à une stabilité politique et à la durabilité. Nous estimons que la mise en place de cette commission est une bonne perspective pour le pays. » [emb rc apr 17/05/2021 15:20]