P-au-P., 23 juin 05 [AlterPresse] --- Les actes de vandalisme et d’insécurité, qui gagnent en ampleur ces dernières semaines à Port-au-Prince, affectent les activités de transport en commun sur différents trajets, ont signalé à AlterPresse plusieurs chauffeurs de la zone métropolitaine de la capitale haïtienne.
Régulièrement sur leur passage, ces derniers doivent affronter et braver différents types de dangers : agressions, pillages, mise à sac de leurs recettes, panique de passagers, crépitement d’armes à feu, actes de harcèlements.
Interrogés par AlterPresse, les chauffeurs de différents circuits en ont profité pour lancer un cri d’alarme auprès des autorités concernés afin de freiner les scènes de cruauté et les autres actes de banditisme enregistrés.
« Il faut être un brave pour desservir les passagers empruntant les secteurs de Nazon (Est de Port-au-Prince) et Portail Léogane (Sud de Port-au-Prince) », a assuré un chauffeur du circuit Delmas (Nord-est de la capitale) / Portail Léogane, deux nouveaux circuits créés par des mouvements de tensions qui frappent ces secteurs.
« Pas un jour ne passe sans que nous soyons en butte à des tirs nourris. Parfois, nous sommes victimes de passagers qui ne veulent pas payer les frais, et ensuite de l’inaccessibilité des voies normales, ce qui nous porte à emprunter des voies secondaires. Nous continuons de nous risquer dans les rues, parce que notre vie en dépend », a-t-il indiqué.
Portail Léogane, naguère appelé « Kosovo » pour les mouvements de panique qui y étaient légion, est le site qui joint la capitale à de nombreuses villes de provinces, dont des départements du Sud, du Sud-Est, des Nippes et de la Grande Anse (au sud-ouest d’Haïti).
Ce secteur, sis à la sortie sud de la capitale, semble avoir cédé la place au secteur nord de Port-au-Prince, carrément à risques aujourd’hui, vu sa proximité avec le grand bidonville de Cité Soleil, fief de gangs armés se réclamant de l’ancien régime.
Le secteur de la route nationale # 1, qui passe près de Cité Soleil, et non loin de laquelle sont placées les stations desservant les départements du Nord, du Centre, du Nord-Est et de l’Artibonite, est peu fréquenté ces derniers temps en raison du climat d’insécurité.
C’est à cet endroit que, le samedi 18 juin, un tanker de carburant, devant être livré à la compagnie nationale d’électricité, a été saisi par des gangs armés, lesquels avaient abattu un responsable d’hôtel il y a quelques semaines, toujours à proximité de Cité Soleil.
Un autre automobiliste du circuit Delmas/Carrefour Aviation (Nord’Est de la capitale), a exprimé sa révolte face à des actes répétés de banditisme visant les transporteurs publics. « Souvent, des hommes armés, parfois des enfants, nous assaillent et nous obligent à livrer la caisse » s’est-il indigné.
Le pire, a-t-il renchéri, c’est que ces actes se produisent parfois sous les yeux des agents de la police qui se croisent les bras.
A part les grands axes, certaines bretelles enregistrent également une diminution du trafic. C’est le cas de la route de Nazon qui relie Carrefour Aéroport (secteur Nord) et Poste Marchand (centre de la capitale). D’ailleurs, le quartier de Nazon est de plus en plus déserté par les riverains après de nombreuses opérations de terreur des bandes armées.
Egalement, rares sont les transporteurs publics qui osent prendre les voies de Delmas 18, Rue Péan et Delmas 2, qui relient le nord et le centre de Port-au-Prince. Ces quartiers se sont fait depuis un certain temps une réputation de zones extrêmement volatiles et imprévisibles, repères de kidnappeurs et de bandits de tous calibres.
Plusieurs chauffeurs, qui se sont confiés à AlterPresse, ont exprimé leurs attentes de mesures drastiques de la part des autorités de transition pour contrer les actions des fauteurs de trouble qui font la loi dans plusieurs secteurs de la capitale. [fl rc gp apr 23/06/2005 00:40]