P-au-P, 10 mai 2021 [AlterPresse] --- Les mouvements de boycottage contre le projet de référendum inconstitutionnel et illégal du président de facto Jovenel Moïse s’étendent à plusieurs départements géographiques d’Haïti, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Après Jean Rabel et Port-de-Paix (département du Nord-Ouest), Les Irois et Anse-d’Hainault (département de la Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), c’est le tour des habitantes et habitants de Hinche (Plateau central) et de Ouanaminthe (Nord-Est) à s’élever fortement, les dimanche 9 et samedi 8 mai 2021, contre des activités de sensibilisation sur le référendum inconstitutionnel.
Sous les auspices de l’Initiative des patriotes du Marien (Ipam), dans le Nord-Est, plusieurs militantes et militants ont interrompu, à Ouanaminthe, une activité sur le référendum inconstitutionnel, après avoir monté une brigade de vigilance pour contrôler les actions des membres du Conseil électoral provisoire (Cep) contesté ainsi que des proches du parti haïtien tèt kale (Phtk) au pouvoir.
L’ancien sénateur du Nord-Est, Jean Baptiste Bien-Aîmé, également coordonnateur de l’Ipam, a été parmi les protestataires ayant fait échec à l’activité de sensibilisation concernant ce référendum inconstitutionnel dans le Nord-Est.
Des autorités électorales contestées se sont réunies de manière « clandestine » dans le Nord, avant leur venue dans le Nord-Est, fait savoir Bien-Aîmé, dans un entretien accordé à l’agence en ligne AlterPresse.
L’Ipam encourage la population à rester mobilisée, pour boycotter toutes éventuelles activités à ce sujet.
Ce projet de référendum inconstitutionnel viserait à renforcer le système d’exploitation en Haïti, la mainmise des étrangers sur toutes les richesses minières du pays et le néocolonialisme, critique l’Ipam.
Selon le projet de nouvelle Constitution, un président, un (e) secrétaire d’État ou ministre n’auront aucun compte à rendre de leurs actes. De plus, des articles stipulent que les décharges ne sont pas exigibles pour se porter candidat ou candidate, dénonce l’ancien sénateur du Nord-Est.
La nouvelle Constitution de Jovenel Moïse, caractérisée par l’impunité, va renforcer la gangstérisation, le vol et la corruption dans le pays, prévient l’Initiative des patriotes du Marien.
Les mouvements de protestations du dimanche 9 mai 2021 contre le référendum sont des avertissements, pour signaler aux membres du Conseil électoral, qu’ils n’ont pas d’autorité, parce qu’ils n’ont pas prêté serment devant la Cour de Cassation, souligne l’Ipam, tout en rappelant combien l’article 284-3 de la Constitution interdit le référendum que Jovenel Moïse voudrait organiser.
Ces mobilisations sont saluées par beaucoup de franges dans l’opposition politique, dont le Secteur dit démocratique et populaire.
« Le Secteur démocratique et populaire salue l’engagement de la population, qui se mobilise pour faire échec au projet de référendum à travers le pays. Le pays a rejeté le Phtk et tout ce qu’il symbolise : la corruption, le kidnapping, la misère et l’effondrement des institutions », a exprimé, le dimanche 9 mai 2021, le porte-parole du Secteur démocratique et populaire, Me. André Michel, sur son compte twitter.
Dans une intervention à l’émission Tichèz ba sur AlterRadio 106.1 fm, Me. Kerly Dubréus, dirigeant du parti politique Rasin kan pèp la dans le Nord-Ouest, dénonce l’appui de la communauté internationale à Jovenel Moïse.
Jovenel Moïse continue d’appeler à l’organisation d’un référendum et d’élections dans le pays, en dépit des pratiques de violations de droits humains, des conventions et traités internationaux, de la part du pouvoir en place.
Intensification des démarches gouvernementales pour la tenue du référendum inconstitutionnel
Entre-temps, le gouvernement de facto intensifie ses démarches pour la réalisation de son projet de référendum inconstitutionnel, annoncé pour le 27 juin 2021.
Accompagné du ministre de facto chargé des questions électorales, Mathias Pierre, et de celui chargé des questions de la citoyenneté, Guy François, le premier ministre de facto Claude Joseph a visité, le samedi 8 mai 2021, le Comité consultatif indépendant (Cci) en vue de s’informer de l’avancement du 2e draft de l’avant-projet de nouvelle Constitution, rejeté par les forces vives d’Haïti.
Claude Joseph s’est également rendu au bureau de l’Office national d’identification (Oni) pour voir, avec les directeurs généraux, les contraintes et l’avancement de l’enregistrement des citoyennes et citoyens.
Le Cep controversé a décidé de fermer le registre électoral, le lundi 26 avril 2021, afin de mettre cette liste disponible 30 jours avant l’organisation du référendum inconstitutionnel.
Cette obligation est inscrite dans le décret sur le référendum.
Le registre référendaire a été fermé avec 4,5 millions de personnes inscrites, a fait savoir, dans les médias, Guylande Mésadieu, présidente du Cep contesté. [mj emb rc apr 10/05/2021 15:24]