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Économie : Lancement, le 6 mai 2021, d’un programme pour orienter le financement vers des priorités nationales de développement en Haïti

Comment des priorités nationales de développement peuvent être définies, dans un contexte de climat de terreur généralisée, de violences d’État et de mise en question de la gestion d’une équipe de facto ?

P-au-P, 06 mai 2021 [AlterPresse] --- Les autorités haïtiennes et le système des Nations unies ont lancé, ce jeudi 6 mai 2021, un programme intitulé « Cadre intégré national pour le financement du développement durable d’Haïti » (Cinf), observe l’agence en ligne AlterPresse.

Ce programme a pour objectif principal de permettre l’élaboration d’un plan pour le financement des priorités nationales de développement dans le pays, à l’horizon de l’année 2030.

Il vise également à assurer la pleine implication des secteurs porteurs du développement national et le plein engagement du gouvernement haïtien avec le système des Nations unies, en la matière.

La question est de savoir comment des priorités nationales de développement peuvent être définies, dans un contexte de climat de terreur généralisée, de violences d’État et de mise en question de la gestion d’une équipe de facto de plus en plus contestée, qui viole la Constitution et les lois nationales, et voudrait imposer ses vues dictatoriales.

Ces priorités nationales n’étant pas encore définies, ce lancement est pour appeler à la participation de tous les secteurs de la vie nationale, le secteur privé des affaires, le monde universitaire, la société civile et la presse, à travailler ensemble, en vue de dégager un consensus sur les éléments à privilégier, déclare le titulaire de facto du Ministère de la planification et de la coopération externe (Mpce), Michel Patrick Boisvert, en conférence de presse en marge de la cérémonie de lancement.

« Ce qui va être décidé, qui ne va pas être l’affaire d’un gouvernement, va au-delà d’un mandat présidentiel. Ce sont des décisions, qui vont engager l’avenir du pays pendant les 10 prochaines années », prétend Boisvert.

Le pays est déjà très en retard dans ce processus de développement durable, entamé depuis 2016, regrette-t-il.

Le programme Cinf a un financement autour de 2 millions de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 90.00 gourdes ; 1 euro = 106.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui), versé uniquement par la communauté internationale. Cependant, le financement des activités en lien avec la réalisation des Objectifs de développement durable (Odd) n’est pas encore été défini, selon Boisvert.

Les priorités nationales de développement devront être identifiées, à partir des 300 indicateurs et des 17 Odd, définis par les États membres des Nations unies, explique Bruno Lemarquis, coordonnateur résident des Nations unies en Haïti.

L’éradication de la pauvreté, la lutte contre la faim, la santé et le bien-être, l’éducation de qualité, l’égalité entre les sexes, l’eau propre et l’assainissement, figurent parmi les 17 Objectifs de développement durable, visés dans l’Agenda onusien de développement durable 2016-2030.

Il revient alors, à chaque pays, de décider quelles seraient leurs priorités parmi les différents Odd.

« Le gouvernement haïtien a presque terminé l’élaboration de sa feuille de route, sur ce qu’il veut prioriser, parmi tous ces Odd et toutes ces indicateurs », ajoute Bruno Lemarquis.

Encore une fois, avec quels secteurs le gouvernement de facto a déterminé ladite feuille de route ?

Après sa première phase d’identification, une deuxième phase sera consacrée à l’évaluation du coût des investissements nécessaires.

La dernière phase concernera la mobilisation des ressources financières, établie sur deux niveaux, dont l’efficience des ressources disponibles, telles que la pression fiscale ainsi que les transferts d’argent.

3 milliards de dollars, retournés chaque année vers la diaspora haïtienne, n’ont presque pas été investis dans des projets structurants de développement en Haïti, poursuit Bruno Lemarquis.

La pression fiscale en Haïti est autour de 7% du Produit intérieur brut (Pib), largement inférieure à la moyenne de 23% des pays des Caraïbes et de la région Amérique latine.

De son côté, la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Isabelle Durant, souligne la nécessité pour qu’Haïti puisse entamer définitivement le processus de développement.

« Il n’y a pas de fatalité et il est temps de briser le cycle de la pauvreté et de parvenir à une croissance inclusive, d’avancer vers la réalisation des Odd », a-t-elle soutenu, dans une intervention préenregistrée.

Le Mpce, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) ont procédé au lancement du « Cadre intégré national pour le financement du développement durable d’Haïti ». [mj emb rc apr 06/05/2021 16:00]