P-au-P, 05 mai 2021 [AlterPresse] --- « La décision de remplacer une Constitution ne devrait pas être prise par un gouvernement contesté, qui a peu de légitimé, en pleine crise politique. Sauf si l’objectif même serait d’enfoncer le pays dans une crise encore plus profonde ».
Le projet de nouvelle Constitution du président de facto Jovenel Moïse, dont le mandat a pris fin depuis le dimanche 7 février 2021, tue la démocratie, la participation et la liberté citoyenne, estime la Cellule de réflexion et d’action nationale (Cran), dans une étude menée conjointement avec la Commission épiscopale nationale (catholique romaine) Justice et Paix (Ce-Jilap), consultée par l’agence en ligne AlterPresse.
Ce projet affaiblit la lutte contre l’impunité au lieu de la renforcer, mettent en garde la Cran et la Ce-Jilap, tout en soulignant combien la conjoncture actuelle, marquée par un climat de terreur, la violence d’État et une prolifération de gangs armés, ne se prête nullement à la tenue d’un référendum, interdit par la Constitution, ni à l’organisation d’élections.
Ces organisations exhortent l’État à créer les conditions, qui permettent aux institutions, comme la justice, de fonctionner.
La Cran et la Ce-Jilap rejettent plusieurs principes, contenus dans ce projet de nouvelle Constitution, comme l’article 139 qui donne au président le droit de jouir d’une immunité durant son mandat.
L’article 163 mentionne aussi que les ministres (…) jouissent de l’immunité pour les actes liés à leur fonction, même après la fin de celle-ci, citent-elles.
Quoique interdit par la Constitution, un référendum pour le projet de nouvelle Constitution de Jovenel Moïse, est fixée au 27 juin 2021, contre l’avis des forces vives du pays et une vague de réprobations en cours contre cette initiative.
68 membres du Congrès américain ont exhorté le département d’État américain à indiquer clairement combien les États-Unis d’Amérique « ne fourniront aucun soutien, financier ou technique, pour faciliter le référendum constitutionnel » proposé par Jovenel Moïse, y compris par le biais d’institutions multilatérales, dans une lettre, en date du 26 avril 2021, adressée au secrétaire d’État étasunien, Antony Blinken.
Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) avait même dénoncé le processus dit de refrendum, qui « n’est pas suffisamment inclusif, participatif ou transparent », après la grogne exprimée par des forces vives du pays contre le projet illégal de Constitution clandestine de Jovenel Moïse, « taillé sur mesure », pour asseoir, de nouveau, une dictature en Haïti. [emb rc apr 05/05/2021 15:40]