P-au-P, 05 mai 2021 [AlterPresse] --- Au moins 91 cas de kidnapping (enlèvements et séquestration de personnes) ont été enregistrés pour le mois d’avril 2021, contre 27 pour le mois de mars 2021, soit une augmentation de plus de 300%, révèle le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), dans un bulletin daté du mardi 4 mai 2021, consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
43 % des cas de kidnapping ont été recensés dans la municipalité de Port-au-Prince, 22% à la Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de la capitale, Port-au-Prince), 19% à Carrefour (municipalité au sud de Port-au-Prince) et 16% à Delmas (autre municipalité au nord-est de Port-au-Prince), relève le Cardh.
49 cas de kidnapping, représentant 54%, ont été recensés, durant les 15 premiers jours de la gouvernance intérimaire du premier ministre de facto Claude Joseph (investi, le 14 avril 2021).
Les gangs de Gran Ravin (dans la périphérie sud-est de Port-au-Prince, sur les hauteurs de Martissant), de Village de Dieu (au centre-ville de Port-au-Prince), de 400 Mawozo (Croix-des-Bouquets, au nord-est de la capitale) et de Savien (département de l’Artibonite) seraient plus impliqués, que d’autres gangs, dans les actes de kidnapping.
Les gangs, qui commettent les rapts, sont interconnectés. « Certains gangs kidnappent, soit pour un autre, soit sur ses informations ».
C’est, en effet, un phénomène du kidnapping, qui frappe toutes les catégories sociales haïtiennes et bascule dans la pauvreté, dans la classe moyenne qui est grandement victime de ce phénomène, avec des rançons exigées entre 100,000 et 1,000,000.00 de dollars américains, note le Cardh.
« Seulement cinq personnes auraient été libérées sans rançon, dont quatre (4) suite à l’intervention d’un autre chef de gang ».
Les motifs du kidnapping sont divers. Ils sont soit criminels, concurrentiels, économiques, soit politiques, signale l’organisme de défense des droits humains.
« La demande peut venir d’une personne d’un secteur de la vie sociale, impliquée directement ou indirectement dans la grande criminalité (trafic d’armes et d’êtres humains, lutte pour des monopoles, transferts de monopoles, lutte politique, élections) ».
Par ailleurs, le président de facto Jovenel Moïse, dont le mandat a pris fin depuis le 7 fevrier 2021, a pointé du doigt le secteur politique, qu’il accuse comme principal responsable de la recrudescence des actes d’enlèvements et de séquestration sur le territoire national.
« Nombreux, parmi les cas de kidnapping, sont politiques. 80% d’entre eux sont politiques », avait affirmé Jovenel Moïse, lors d’une intervention à l’inauguration, le samedi 1er mai 2021, du barrage Marion à Grand Bassin, localité située dans le département du Nord-Est d’Haïti.
Jovenel Moïse a invité celles et ceux, qui veulent le pouvoir, à faire cesser le kidnapping et rétablir le calme dans le pays.
Cette déclaration de Jovenel Moïse témoigne d’un aveu d’impuissance, analyse Clarens Renois, secrétaire général du parti politique Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir), dans un entretien à AlterRadio/AlterPresse.
« C’est une grosse accusation de déclarer que l’opposition est responsable des actes de kidnapping. Jovenel Moïse doit traduire en justice les dirigeants de l’opposition ou bien il reviendrait à ces derniers de traduire Jovenel Moïse devant la justice pour diffamation », a réagi, pour sa part, l’ancienne sénatrice Edmonde Supplice Beauzile, présidente du parti politique Fusion des socio-démocrates haïtiens (Fusion), dans un message publié sur son compte twitter.
Le parti politique Fusion assimile les accusations du président de facto à des manœuvres, visant à cacher son échec dans le dossier du kidnapping.
« À chaque fois qu’il commet un échec, il accuse l’opposition », dénonce Edmonde Supplice Beauzile. [mj emb rc apr 05/05/2021 14:15]