P-au-P, 23 avril 2021 [AlterPresse] --- Le gouvernement haïtien serait complice dans plusieurs crimes contre l’humanité, indique un rapport conjoint de la Clinique internationale de défense des droits humains de la Faculté de droit de Harvard [1] et l’Observatoire haïtien des crimes contre l’humanité (Ohcch) [2], dont un extrait a été consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Le gouvernement haïtien, à sa tête, Jovenel Moïse, est impliqué dans des attaques armées dans des quartiers populaires, correspondant à des crimes contre l’humanité, précise le rapport intitulé « Massacres cautionnés par l’État : règne de l’impunité en Haïti », publié dans un contexte de violations systématiques de droits humains en Haïti.
Ces institutions se livrent à une nouvelle analyse de trois massacres, perpétrés, entre 2018 et 2020, contre les résidentes et résidents des quartiers défavorisés de la capitale, Port-au-Prince : La Saline, Bel Air et Cité Soleil, avec l’appui de l’État haïtien.
Ces massacres ont coûté la vie à au moins 240 civils.
« De hauts fonctionnaires de l’administration Moïse ont, soit planifié les attaques, soit offert leur assistance, en fournissant aux gangs de l’argent, des armes et des véhicules. Des policiers en civil et des ressources policières ont été utilisés pour exécuter les attaques, au cours desquelles la Police nationale d’Haïti n’est pas du tout intervenue », lit-on dans ce document.
Les quartiers populaires, touchés par ces attaques, jouent un rôle déterminant dans l’organisation des manifestations réclamant du gouvernement la reddition des comptes sur la dilapidation du fonds PetroCaribe et d’autres violations des droits humains qui affligent le pays, expliquent les institutions.
Lors de chaque attaque, des gangs, issus de la fédération des gangs armés sanguinaires, dénommée G9 en famille et alliés, dirigée par Jimmy Chérizier, qui entretiendrait des liens étroits avec le gouvernement, sont arrivés dans le quartier visé et ont ouvert le feu sur des civils, violé des femmes, incendié et pillé des maisons, poursuit le rapport.
« Ces attaques, correspondant à la définition de crimes contre l’humanité, aurait des conséquences importantes sur le plan de la responsabilité ».
Le rapport a également souligné combien des attaques armées continuent d’être perpétrées, dans le pays, contre des civils en toute impunité, notamment contre des citoyennes et citoyens engagés bien connus, sous ce régime en place, qui tend à appliquer des mesures autoritaires pour réprimer la dissidence.
Sous la présidence de Jovenel Moïse, 11 massacres sont déjà perpétrés dans le pays, dont 3 au quartier de Bel Air, situé non loin du Palais national au Champ-de-Mars, avait relevé pour sa part, le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), après la plus récente attaque au Bel Air, le 31 mars et 1er avril 2021, qui a fait 13 morts, 5 disparus, selon un bilan partiel.
Les Nations unies et les tribunaux étrangers doivent veiller à ce que justice soit rendue. Les auteurs des crimes pourraient faire l’objet de poursuites indéfiniment, puisqu’aucune prescription ne s’applique aux crimes contre l’humanité », recommandent la Faculté de droit de Harvard et l’Observatoire haïtien des crimes contre l’humanité, en plus d’exiger à l’État haïtien de traduire en justice les responsables de ces actes. [mj emb rc apr 23/04/2021 11:25]
[1] La Clinique internationale de défense des droits humains de la Faculté de droit de Harvard s’emploie à protéger les droits humains de ses clientes et clients et des collectivités à travers le monde. Grâce à une pratique du droit supervisée, les étudiantes et étudiants endossent les responsabilités et acquièrent les compétences exigées par la pratique de la défense des droits humains.
[2] L’Observatoire haïtien des crimes contre l’humanité (Ohcch) est un consortium d’organisations de la société civile haïtiennes et de personnalités importantes, qui se sont regroupées en octobre 2020 et se sont investies dans la mission de surveiller les violations de droits humains, commises en Haïti, susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité. Le Bureau des avocats internationaux (Bai), le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), des chefs de file de la société civile et des juristes chevronnés figurent parmi les membres de l’Ohcch.