P-au-P, 09 avril 2021 [AlterPresse] --- Le Secteur démocratique et populaire, l’ Inisyativ patriyotik Maryen (Ipam), l’Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir), entre autres, se sont prononcés sur la possibilité ou non d’un dialogue entre les protagonistes politiques, dont la plateforme Religions pour la paix voudrait assurer la médiation, dans des déclarations à AlterRadio/AlterPresse.
Aucune négociation n’est possible avec Jovenel Moïse, estime, en conférence de presse, le jeudi 8 avril 2021, l’un des porte-parole du Secteur démocratique et populaire, Me. Michel André.
De plus, la plateforme interreligieuse Religions pour la paix n’est pas habilitée à entreprendre une telle initiative.
« Nous ne négocierons jamais sur l’article 134-2 de la Constitution. Jovenel Moïse doit quitter le palais national. C’est la position du Secteur démocratique et populaire », a déclaré, fermement, Michel André, l’un des opposantes farouches au régime de facto en place.
Le Secteur démocratique et populaire réitère sa détermination à ne jamais chercher à « pactiser » avec Jovenel Moïse, contre qui diverses mobilisations ont été entamées dans le pays, de 2018 à date (avril 2021), pour exiger son départ.
« La plateforme Religions pour la paix n’a pas l’autorité morale et l’indépendance politique, pour faire la médiation. Euvonie Georges Auguste, membre de Religions pour la Paix ,a une représentante dans le conseil électoral illégal. On ne peut être juge et partie à la fois ».
La plateforme Religions pour la paix n’a jamais pris de position sur les actes de criminalité dans le pays, notamment contre les massacres et l’assassinat, le vendredi 28 août 2020, du bâtonnier de Port-au-Prince, Me. Monferrier Dorval, en sa résidence privée, à Pèlerin 5, dans la même zone où habite le président Jovenel Moïse, dans la commune de Pétionville (à l’est de la capitale, Port-au-Prince).
Il faudrait que Religions pour la paix prenne position sur les points marquants de cette crise, souhaite, pour sa part, l’ancien député Hugues Célestin de l’ Inisyativ patriyotik Maryen (Ipam).
L’Ipam appelle Religions pour la paix à « se positionner en faveur des prisonniers politiques, à exiger l’arrestation des personnes impliquées dans le massacre à La Saline, à statuer sur le statut de « belligérant » de Jovenel Moïse, qui a usurpé le titre de président de la république depuis le 7 février 2021 ».
L’Ipam est en discussion avec Operasyon tèt ansanm pour qu’il y ait ces préalables, avant d’accepter une éventuelle médiation, fait savoir l’ancien député pour la circonscription de Limonade - Quartier Morin (Nord).
Tout éventuel dialogue devrait également avoir lieu avec des protagonistes de la communauté internationale, considère l’Ipam.
Il faudrait échanger avec l’ambassadrice des États-Unis d’Amérique en Haïti, Michèle Jeanne Sison, et la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour Haïti et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti, l’Americaine Helen Ruth Meagher La Lime.
La situation difficile actuelle pourrait être résolue par le dialogue entre les protagonistes, souhaite, de son côté, le parti politique Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir).
« Nous avions essayé beaucoup de formules, qui n’ont pas marché. Je pense qu’on devrait accorder une chance au dialogue, pour qu’il puisse faire ses preuves », affirme Jean Clarens Renois, coordonnateur du parti politique Unir.
Des instances internationales, comme l’Organisation des États américains (Oea), les Nations unies ainsi que la République Dominicaine, se sont prononcées en ce sens, souligne le parti politique Unir .
Ce dialogue devrait être fait entre les Haïtiennes et Haïtiens, notamment avec le pouvoir en place. « Tout le monde peut participer au dialogue. Ils ont, tous, leurs mots à dire ».
Une « rencontre autour d’une table est souvent plus fructueuse que toutes les violences inutiles et destructrices », a écrit le président de facto Jovenel Moïse, dans un tweet publié le jeudi 8 avril 2021.
Jovenel Moïse, qui a fait emprisonner, pendant 48 jours, une vingtaine de personnes, dont un juge à la Cour de Cassation, pour « un supposé coup d’État », déclare critiquer le comportement d’opposants qui refusent de dialoguer, mais « mettent en avant toutes sortes d’alibis pour continuer à nourrir nos querelles intestines ».
Dans l’intervalle, en plus de multiples violations de droits humains, du climat de terreur et de différents actes de persécutions politiques, particulièrement contre des policiers nationaux syndicalistes, le régime de facto voudrait, de manière unilatérale, contre vents et marées, contre l’avis des forces vives du pays, organiser un référendum anticonstitutionnel et illégal, pour une nouvelle Constitution sur mesure pour Jovenel Moïse, et des élections irrégulières.
Toutes les dispositions seront prises en vue de l’organisation des élections, suivant le calendrier électoral fixant au 19 septembre 2021 le premier tour des élections générales en Haïti, sous l’égide de la nouvelle Constitution, tente de justifier le ministre de facto chargé des questions électorales, Mathias Pierre.
Le régime de facto, qui agit de façon autoritaire et voudrait imposer une nouvelle dictature en Haïti, ne fait aucun cas des récentes grandes manifestations en masse (14 et 28 février 2021, 7, 28 et 29 mars 2021) de désapprobation de sa politique d’oppression, mais en faveur du respect de la Constitution de 1987. [mj emb rc apr 09/04/2021 15:55]