P-au-P, 29 mars 2021 [AlterPresse] --- La Constitution de 1987 donne des orientations culturelles, économiques, sociales, en ce qui concerne notamment la décentralisation, fait valoir le professeur Fritz Deshommes, recteur de l’Université d’État d’Haïti (Ueh), tout en critiquant les dirigeants politiques qui ont refusé de l’appliquer, dans une intervention à l’émission FwoteLide, sur AlterRadio 106.1 Fm
A l’occasion du 34e anniversaire de la Constitution du 29 mars 1987, l’émission FwoteLide sur AlterRadio 106.1 Fm invite à « redécouvrir la loi-mère d’Haïti, un acquis du processus démocratique, menacé par le régime de facto de Jovenel Moïse ».
« Si cette Constitution était appliquée, même à moitié, le pays serait très avancé, parce que l’un des problèmes qui explique notre retard, c’est l’exclusion », relève, pour sa part, l’ingénieur agronome et géographe Jean-François Tardieu, qui s’exprimait également à l’émission FwoteLide, sur AlterRadio 106.1 Fm.
La décentralisation, ce projet de société, est fondamentale. Elle conditionne la mise sur pied d’une nouvelle société prônée par la Constitution de 1987. Cette Constitution a offert au pays une démarche, dans laquelle les collectivités territoriales jouent un rôle fondamental dans le développement du pays, ajoute Fritz Deshommes.
Haïti risque de perdre le projet de société, contenu dans la Constitution de 1987, si le pays ne se soulève pas contre la mise en place du projet de nouvelle Constitution de Jovenel Moïse.
« On aura perdu tout ce projet de société, élaboré de manière très participative durant la période 1986-1989 », met-en garde Deshommes, qui fustige l’application partielle, notamment au niveau politique, de la Constitution du 29 mars 1987.
De manière autoritaire, un décret portant création d’un Comité consultative, dit indépendant, pour l’élaboration d’un projet de nouvelle Constitution de Jovenel Moïse, a été pris, le 28 octobre 2020, par l’exécutif de facto.
Adoptée, de manière unilatérale, cette décision illégale et inconstitutionnelle visant à changer la Constitution de 1987, est vivement rejetée par les forces vives du pays.
Des articles du projet de nouvelle Constitution de Jovenel Moïse constituent des blocages à la décentralisation, souligne, l’ingénieur agronome et géographe Jean-François Tardieu.
Le processus minimal de déconcentration, qui y figure, ne favorise pas la dotation de services publics aux localités, regrette le professeur à l’Université, appelant à l’abolition de l’exclusion en Haïti, pour permettre à chacune et à chacun de participer au développement du pays.
Dans la réalité, il n’y a aucune volonté réelle pour faire la décentralisation en Haïti, considérée comme élément fondamental de la souveraineté nationale par la Constitution de 1987, constate, de son côté, le professeur géographe Tony Cantave, qui intervenait à l’émission FwoteLide sur AlterRadio 106.1 Fm.
La décentralisation devrait sortir le pays de la pauvreté et de la marginalisation du monde rural, appuyer le développement local et national, et assurer l’intégration de la société haïtienne, énumère-t-il.
Le professeur géographe Tony Cantave critique les maigres ressources, allouées aux collectivités territoriales (départements, communes et sections communales), qui ne permettent pas d’engager un processus de développement véritable.
Dans toute l’histoire du pays, c’était pour la première fois que la décentralisation et les collectivités territoriales ont été placées dans le chapitre premier de la souveraineté nationale dans la Constitution de 1987, afin d’impulser le développement local articulé avec un plan de développement national, rappelle le professeur géographe Tony Cantave. [mj emb rc apr 29/03/2021 10:00]