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Haïti-Politique : L’historien Georges Michel dénonce l’élaboration clandestine du projet de nouvelle Constitution de Jovenel Moïse

P-au-P, 25 mars 2021 [AlterPresse] --- La Constitution de 1987 n’a pas été élaborée dans la clandestinité contrairement à ce qui se fait actuellement par le Comité consultatif indépendant pour l’élaboration du projet de la nouvelle Constitution du président de facto Jovenel Moïse, analyse l’historien Georges Michel, qui intervenait à l’émission FwoteLide sur AlterRadio 106.1 FM. 

« L’assemblée constituante a travaillé dans un bel esprit de collaboration et dans la transparence, à l’inverse de ces 5 personnes qui travaillent dans la clandestinité », rappelle-t-il.

De plus, « le peuple avait pu faire parvenir ses suggestions aux constituants à travers ses représentants qui se sont rendus en province chaque semaine pour recueillir les opinions des gens. Nous avons travaillé au grand jour, notre travail a été public, nous avons pu travailler selon la volonté du peuple ».

Le peuple exigeait principalement deux choses : garantir le respect de ses droits face aux pratiques dictatoriales et empêcher le retour au pouvoir personnel en Haïti, souligne l’historien, profitant pour alerter sur un possible retour à la dictature en Haïti, avec le pouvoir de facto en place.

Participant à la même émission, le professeur et historien Pierre Buteau a souligné que « la Constitution de 1987 est porteuse d’un humanisme, d’un rêve de modernisation du régime politique haïtien ».

La population avait embrassé cette Constitution parce qu’elle voulait un autre environnement social et politique, car le régime Duvaliériste l’avait privé de tout, souligne-t-il.

il rappelle cependant que toutes les Constitutions du 19e siècle (de même que celle en vigueur) ont été inapplicables et inopérantes.

De son côté, Georges Michel appelle à mettre en place des mécanismes pour empêcher les dictateurs de prendre racine dans le pays, déclarant que « le danger de la dictature sera toujours présent en Haïti ».

Il rejette les idées qui prétendent que la Constitution de 1987 ne correspond pas à la culture politique en Haïti.

Georges Michel dénonce la direction dictatoriale dans laquelle Jovenel Moïse veut engager le pays.

« La Constitution de Jovenel Moïse accorde au président tous les pouvoirs, le président a le droit de vie et de mort sur toutes les Haïtiennes et tous les Haïtiens », fait-il remarquer, en se référant notamment à l’article 139 « qui permet au président de tuer des millions de gens, de voler des millions de dollars, sans avoir de compte à rendre à personne ».

« Le Président de la République jouit de l’immunité durant son mandat, sous réserve de la procédure de destitution devant la Haute Cour de justice et des limites fixées dans la présente Constitution », dispose l’article 139 du projet de nouvelle Constitution.

« Aucune action ne peut être engagée contre le chef de l’État pour des actes liés à ses fonctions et accomplis en qualité de Président de la République, même après la fin son mandat », poursuit-il.

De plus, « Les actes du chef de l’État manifestement incompatibles avec l’exercice de son mandat et qui ne relèvent pas de l’exercice des fonctions présidentielles peuvent être poursuivis devant les juridictions de droit commun deux (2) mois après la fin de son mandat ».

Georges Michel invite la population à se mobiliser contre Jovenel Moïse qui est devenu un dictateur et contre son projet de Constitution.

Initialement prévu, de manière unilatérale, le 25 avril 2021, par un collège électoral inconstitutionnel et illégal, un référendum constitutionnel controversé du président de facto Jovenel Moïse, rejeté par les partis d’opposition et de larges franges de la société civile, a été reporté au 27 juin 2021. [mj emb apr 25/032021 15:35]