Español English French Kwéyol

Privilégier le travail à la base pour la santé publique des populations

P-au-P., 6 nov. 02 [AlterPresse] --- Une délégation de l’organisation
mondiale pour le droit des peuples à la santé a exprimé ce 6 novembre à 
Port-au-Prince sa détermination à travailler avec les organisations de
base, de manière à ce que ces dernières apportent des réponses
alternatives sur la question de la santé publique des populations.

Cette stratégie de renforcement du partenariat à la base a été mise en
évidence au cours d’une conférence de presse prononcée par quatre
membres de la délégation.

"Un des objectifs de cette première visite en Haïti consiste à initier
un dialogue avec des institutions et organisations de base, qui
permettra de dégager plus tard un plan d’actions et de définir des
priorités. Nous ne sommes pas venus faire des promesses, ni apporter de
l’assistance, mais nous voulons entamer des échanges avec les
organisations de base qui pourront définir elles-mêmes l’aire de
partenariat avec nous", a indiqué Luis Matos, coordonnateur du comité de
l’organisation mondiale pour le droit des peuples à la santé.

Peu avant la conférence de presse, la délégation de l’organisation
mondiale pour le droit des peuples à la santé a rencontré près d’une
vingtaine d’institutions et organisations oeuvrant dans le domaine de la
santé en Haïti.

La complexité du système de soins et de santé dans le pays, les lacunes
de l’Etat en ce qui concerne la santé publique de la population,
l’existence d’une échelle de privatisation des soins (contre laquelle
lutte l’organisation mondiale), la situation sanitaire générale, les
efforts accomplis par certaines institutions et organisations pour
soutenir la cause de la santé dans les communautés, ont fait partie du
menu des discussions entre la délégation de l’organisation mondiale pour
le droit des peuples à la santé et les institutions et organisations de
base.

"Seule la population haïtienne détient les réponses pour changer ses
réalités de vie, son environnement et ses conditions sanitaires. De
notre visite à Léogane (à 33 kilomètres au sud de la capitale), des
observations de terrain et de notre rencontre avec plusieurs
institutions et organisations de base, nous nous sommes rendus compte
des difficultés pour faire intégrer le droit à la santé parmi les droits
humains en Haïti. Mais, le plus important, c’est ce que les
haïtiennes et les haïtiens veulent en matière de santé", a déclaré Maria
Kercado, autre membre de la délégation, à l’adresse du peuple haïtien.

Hector Castro, qui fait partie également de la délégation, a évoqué la
nécessité, face à la globalisation du capital, de globaliser la
solidarité internationale à travers l’unité et une coalition active de
diverses organisations pour la construction d’une alternative à la base,
notamment sur la question de la santé publique des populations.

Cette réflexion sur la manière de construire un modèle alternatif au
néolibéralisme, à la marchandisation des soins dans le continent suivant
le modèle américain, impliquant l’obligation de polices d’assurance pour
les citoyennes et citoyens, a été l’objet de la première conférence
internationale sur le droit des peuples à la santé, qui vient d’avoir
lieu à Santo Domingo, République Dominicaine, du 30 octobre au 2
novembre 2002.

A cette première conférence internationale sur le droit des peuples à la
santé, 19 pays, sur une
trentaine d’invités, ont envoyé des délégués d’organisations, dont de
Haïti, qui se sont engagées à 
faire le suivi des résolutions prises à Santo Domingo.

Plus de 300 participantes et participants se sont aussi engagés, entre
autres résolutions, à observer une vigilance sur l’application en
République Dominicaine de la nouvelle loi de sécurité sociale qui ne
prend pas en compte la situation et la santé des immigrants en
provenance d’Haïti, ce qui constitue une violation de droits humains,
aux yeux de Luis Matos.

La nouvelle loi de sécurité sociale en République Dominicaine est entrée
en vigueur le 1er novembre 2002 dans la province de Barahona, l’une des
régions les plus pauvres du territoire voisin d’Haïti, où prêtent leurs
services de nombreux travailleurs haïtiens et descendants d’Haïtiens sur
les plantations de canne à sucre, de café, de bananes, dans des
conditions sanitaires déplorables, qualifiées d’exploitation et
d’esclavage par les organisations internationales de défense des droits
humains.

Les résolutions de Santo Domingo (cf. AlterPresse du 2 novembre 2002 :
un engagement continental pour la défense des droits des peuples à la
santé et contre la privatisation des soins) vont être présentées
par-devant les organisations internationales, en vue de parvenir à des
actes concrets, comme l’implantation de cliniques rurales dans les
régions éloignées des centres de décision.

"Ceci ne peut pas se faire du jour au lendemain. Il revient aux
organisations établies dans les
communautés à exercer les pressions nécessaires et à supporter le
mouvement en faveur de la santé publique des populations et contre la
privatisation des soins dans les systèmes de santé" en Amérique du Nord,
en Amérique Latine et dans les Caraïbes, a averti Luis Matos.

La délégation de l’organisation mondiale pour le droit des peuples à la
santé a précisé n’entretenir aucun type de relations avec l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS), dont la Directrice Générale, Dr. Gro Harlem
Bruntland, est également en visite officielle en Haïti.

Fondée en 1992, l’organisation mondiale pour le droit des peuples à la
santé, qui est basée à New York, Etats-Unis d’Amérique), n’entend pas
non plus avoir des relations spéciales avec les gouvernements des
continents.

La délégation de l’organisation mondiale pour le droit des peuples à la
santé, qui a visité différents services de l’Hôpital de l’Université
d’Etat d’Haïti (HUEH) dans l’après-midi du 6 novembre 2002, doit laisser
le pays le 7 novembre au terme d’un séjour de trois jours. Elle compte
retourner en Haïti, dans les prochains mois, pour un suivi de cette
première visite et la finalisation de termes concrets de partenariat
entamé avec différentes institutions et organisations de base oeuvrant
dans le domaine de la santé en Haïti. [rc par 06/11/02 17:40]