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Droits humains : Une foule imposante en démonstration et en colère, le 28 février 2021, contre la dictature et contre le kidnapping en Haïti

Par Ronald Colbert

P-au-P, 28 févr. 2021 [AlterPresse] --- Nou pa kapab ankò. Nou p ap tounen nan diktati. Nou leve kanpe kont kidnapping. Fòk nou libere peyi a anba kriminèl sa yo. Arete, arete Jovenel, twòp san koule. Yo fèmen tribinal, yo lage kidnapè. Jovenel Moïse, se yon diktatè.

« Trop de sang a coulé. Il faut procéder à l’arrestation de Jovenel Moïse. Ils ont fermé les tribunaux, ils ont libéré les kidnappeurs. Jovenel Moïse must go »...
Ce dimanche 28 février 2021, six mois après l’assassinat du bâtonnier de Port-au-Prince, Me. Monferrier Dorval -, par des individus armés, dans la soirée du vendredi 28 août 2020, en sa résidence privée, à Pèlerin 5, dans la même zone où habite Jovenel Moïse, les participantes et participants voulaient envoyer, un message clair et fort : plus jamais, plus question de revenir aux pratiques anciennes de dictature et de violations de droits humains. Il faut en finir avec le régime d’oppression et de criminalité, symbolisé, depuis dix ans, par l’équipe tèt kale.

Difficile d’évaluer le nombre de personnes, femmes et hommes, toutes catégories de personnes, y compris plusieurs personnes à mobilité réduite et des personnes âgées, qui ont investi, pacifiquement, les rues, tant était compacte la foule de protestataires, dans plusieurs villes de province (Cap-Haïtien / Nord, Les Cayes / Sud, Jacmel / Sud-Est, Saint-Marc / Artibonite, Grand-Goâve et Léogane / Ouest, Mirebalais / Plateau central, Jérémie / Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti…), et aussi dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, pour exprimer leur mécontentement contre le régime de facto, qui voudrait imposer une dictature, étouffer les revendications nationales, établir un règne de kidnapping sur le territoire national, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Accompagnés, à Port-au-Prince, de camions, diffusant de la musique d’animation et d’ambiance, les protestataires, dont beaucoup portaient des maillots de couleur blanche et exhibaient des exemplaires de la Constitution, les uns munis du bicolore national bleu et rouge, les autres avec des pancartes de revendications et des branches d’arbres, exigeaient le respect de la Constitution.

Le mandat de Jovenel Moïse a pris fin depuis le dimanche 7 février 2021, ont-ils rappelé, citant l’article 134.2 de la Constitution.

Progressivement, depuis le Champ de Mars (principale place publique dans la capitale, Port-au-Prince), en passant par l’avenue John Brown plus connue sous le nom de « Lalue », l’avenue Martin Luther King, plus connue sous le nom de « Nazon », traversant Kafou rezistans (l’intersection des routes de l’aéroport international de Port-au-Prince et de Delmas), empruntant Delmas 40B, Bourdon et en direction de Pétionville (municipalité à l’est de la capitale, Port-au-Prince), avant d’atteindre la route du Canapé Vert et de revenir vers le Champ de Mars, la foule de protestataires tendait à grossir.

Beaucoup de propos, hostiles à l’ingérence et à l’hypocrisie de la communauté internationale, ont été lancés.

Les manifestantes et manifestants s’en sont principalement pris à l’Américaine Helen Meagher La Lime, représentante du secrétaire général (le Portugais Antonio Guterres) de l’Organisation des Nations unies (Onu) et responsable du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), qui n’a eu aucun scrupule à déclarer que seulement 3 mille personnes protestaient dans les rues de Port-au-Prince, le dimanche 14 février 2021, contrairement aux images existantes et au constat de la presse nationale et internationale.

« Helen Meagher La Lime doit retourner en classe de Kindergarten pour aller réapprendre à compter, à effectuer les calculs arithmétiques », ont exprimé les protestataires.

Sur le parcours, participaient également, à la manifestation, différentes couches de personnes, dont plusieurs membres d’organismes de droits humains et d’organisations sociales, ainsi que des responsables d’organisations et de partis politiques d’opposition.

En direction de Pétionville, dans le quartier de Morne Lazare, un début de panique a été enregistré, en raison de la presence de gens lourdement armés, associés à des partisans du régime de facto tèt kale.

Plusieurs motocyclistes, qui se trouvaient en tête du cortège de manifestantes et manifestants, ont attendu, avant de discuter avec les policiers nationaux, pour facilieter leur passage et prévenir d’éventuels actes d’agressions.

Un véhicule de la Police nationale d’Haïti (Pnh) a été remarqué, pénétrant dans le quartier de Morne Lazare.

« C’est notre argent, l’argent de nous toutes et de nous tous, qui contribue à votre paye mensuelle », ont fait savoir les manifestantes et manifestants à l’endroit des policiers nationaux, qui, dans un premier moment, alléguaient ne pas avoir encore reçu certaines instructions.

Finalement, les policiers nationaux ont pris position et permis le passage de la foule de manifestantes et manifestants, qui ont pu faire route vers le centre de Pétionville.

En chemin, sur le parcours de la foule immense de personnes, très déterminées à protester pacifiquement contre la dictature et contre le kidnapping, des riveraines et riverains ont manifesté leur solidarité en distribuant de l’eau potable aux protestataires.

En plusieurs endroits, particulièrement dans la zone du Canapé Vert, des pneus usagés enflammés étaient remarqués.

Dans la zone du Canapé Vert, un véhicule, qui diffusait de la musique d’ambiance, a chaviré, provoquant des blessures et fractures diverses chez plusieurs personnes, dont Esaïe Fénélus et Jean Myrtho Muraille de Radio Télé Zénith (Rtz).

Vers la fin de l’après-midi, de ce dimanche 28 février 2021, alors que le mouvement de protestation avait déjà pris fin, la Police nationale d’Haïti (Pnh) a bombardé de gaz lacrymogènes toute la place publique du Champ de Mars. Ce qui a entraîné un kouri, une véritable panique parmi les personnes qui s’y trouvaient paisiblement.

En plus de l’accident d’un des véhicules, qui se trouvait dans le cortège, le jet à profusion de gaz lacrymogènes de la Pnh est devenu une autre fosse note de la grande démonstration de protestation du dimanche 28 février 2021, en plusieurs villes d’Haïti.

La grande manifestation du dimanche 28 février 2021 a eu lieu à l’initiative de la Commission protestante contre la dictature en Haïti (Cpcdh), avec l’appui de l’initiative N ap mache pou lavi et de la Fédération des barreaux (des avocates et avocats) d’Haïti (Fbh), entre autres organisations. [rc apr 28/02/2021 17:30]