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Haïti : Second appel à la solidarité de la société civile internationale !

Appel à la Cour pénale internationale pour une action publique internationale concertée contre les responsables du gouvernement haïtien et contre plusieurs diplomates internationaux en poste en Haïti

Par le GROUPE DE REFLEXION – Fowòm politik sosyopwofesyonèl pwogresis ayisyen (Fpspa)

Soumis à AlterPresse le 23 février 2021

Port-au-Prince, le 22 février 2021

Le 4 février 2021, à l’approche de l’expiration constitutionnelle du mandat de M. Jovenel Moise (2016-2021), nous, signataires de la présente note, Socioprofessionnels-lles Progressistes Haïtiens-nes, avons lancé un appel à solidarité à la société civile internationale, pour dénoncer l’appui inconditionnel des Nations Unies, prévenir les dérives tyranniques de l’actuel gouvernement et alerter l’opinion publique des pays dits amis d’Haïti, la société civile internationale - sur la politique que mènent les Nations Unies, depuis plus de dix ans en Haïti.

Nous avons dénoncé le mépris caractérisé du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) envers les aspirations légitimes du peuple haïtien à la démocratie, à la justice, et au bien-être ; et avons insisté sur le fait que la politique onusienne en Haïti est en train de conduire la population à la dislocation sociale et à la détresse morale et physique.

S’il est vrai qu’au mépris de la Constitution haïtienne (art. 134-2), depuis le 7 février 2021, M. Moise se maintient au pouvoir illégalement par la force des armes et le support inconditionnel des diplomates du Core Group, des Nations unies et de l’Organisation des États américains (Oea) ; notre appel a été suivi d’effet.

Des voix de partout se sont élevées pour :

1) dénoncer la mise sur place d’une nouvelle tyrannie en Haïti, trente cinq (35) années après que la population haïtienne a mis à terre la dictature trentenaire des Duvalier (1957-1986) ;

2) appeler les gouvernements d’États dits démocratiques à cesser de supporter l’établissement d’une tyrannie contre la population haïtienne.

Qu’il nous soit permis de les remercier en nos noms propres et en celui commun du peuple haïtien, aspirant à la vie digne, au bien-être et à la liberté !

Le travail n’est cependant pas fini.

Comme le faisait remarquer un auteur, à l’approche du fascisme en Allemagne, « il ne suffit pas d’exprimer sa sympathie aux victimes, il faut devenir plus forts, pour renverser et étouffer le bourreau ».

C’est à ce stade que nous nous considérons actuellement en Haïti.

Un premier pas a été accompli, il convient maintenant de le consolider avec d’autres pas, plus assurés. Mais d’abord, faut-il savoir qui est notre bourreau ?

Depuis 2004, l’Organisation des Nations unies (Onu) a établi ses quartiers en Haïti. Pendant plus d’une quinzaine d’années, sous diverses étiquettes (Mission des Nations unies de stabilisation en Haïti / Minustah du 1er juin 2004 au 15 octobre 2017, Mission des Nations Unies pour l’appui à la Justice en Haïti / Minujusth du 16 octobre 2017 au 15 octobre 2019, Bureau intégré des Nations unies en Haïti / Binuh, déployé à partir du 16 octobre 2019), elle a été partie prenante de tout ce qui se passe dans le pays. Récemment, le Secrétaire général de l’Onu (M. Antonio GUTERRES) a félicité le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Mme Helen Ruth MEAGHER LA LIME) pour la démarche de fédération des gangs criminels, proches du régime au pouvoir, alors que cette dernière sert d’armée de terreur pour asseoir le pouvoir personnel de M. MOISE.

Quand on sait que, comme le soutient le professeur Robert FATTON, la politique, mise en œuvre par le système onusien en Haïti, correspond toujours à la vision étasunienne pour le pays, il n’y a aucune possibilité que la situation haïtienne actuelle soit le fruit du hasard, aléatoire ou le résultat d’une malchance.

Il est évident que devant la persistance des revendications de démocratie, de justice, de bien-être et de liberté de la population haïtienne, certain-e-s maîtres du monde se sont laissé-e-s convaincre des nécessités d’un régime plus autoritaire, pour limiter ces velléités et garder à distance la population. Ceux-là ont supporté activement que le gouvernement de M. Moise prenne appui sur la police, l’armée, les bandes de chocs de cagoulards intégrés dans la Police nationale d’Haïti (Pnh) et les gangs armés, plutôt que sur un parlement et la participation populaire. Pour effrayer la population, ils ont consenti à ce que M. Moise et toute la clique des criminels, mis au pouvoir, ruinent le pays en dix ans (2011-2021), abaissent la civilisation et apportent toujours plus de sauvagerie dans les mœurs.

Aux dernières nouvelles, une fillette de cinq (5) ans, Olsmina JEAN-MEUS, kidnappée début février 2021, alors qu’elle jouait dans son quartier, a été étranglée par ses ravisseurs, parce que sa mère, Nadège SAINT-HILAIRE, marchande d’arachides grilles, n’était pas en mesure de payer la rançon de quatre mille dollars ($ US 4,000.00) demandée dans un pays, où plus de la moitié de la population vit avec moins de deux (2) dollars US par jour, selon les chiffres de la Banque Mondiale. Le 7 février 20211, Mme SAINT-HILAIRE a été appelée à venir récupérer le corps sans vie de sa petite fille, celle-ci a été étranglée.

Par ailleurs, le 6 février 2021, M. Romario SAINTRILICE, alors qu’il filmait la rue de Delmas 48, où il habite depuis sa naissance en 1990, a été appréhendé par des agents de l’unité d’élite SWAT Team, qui l’ont battu et laissé pour mort. Transporté d’urgence à l’hôpital, M. SAINTRILICE a succombé d’une hémorragie occasionnée par la bastonnade subie. A noter qu’il souffrait d’un handicap, l’ayant empêché de courir à l’approche des policiers.

Ainsi, sous l’œil complice des Nations Unies et des puissances internationales, chaque jour, des dizaines d’hommes et de femmes sont-ils, sont-elles kidnappé-e-s, séquestré-e-s, violé-e-s, assassiné-e-s s’ils/elles ne sont pas libéré-e-s contre rançon.

De 2017 à 2021, plus d’une dizaine de massacres ont été perpétrés dans les quartiers populaires par des groupes paramilitaires proches du pouvoir, soutenus par des unités spécialisées de la Police nationale (formées avec l’argent des contribuables américains, canadiens, européens, latino-américains et africains), 85 % du département de l’Ouest est sous contrôle des gangs armés, des opposants politiques sont abattus en pleine rue et des mercenaires internationaux sont recrutés pour assassiner des manifestants revendiquant de meilleures conditions de vie.

M. Jovenel Moise a créé un vide institutionnel, en choisissant d’ignorer la voie tracée par la Constitution haïtienne de 1987 (amendée en 2011). Et alors que le 7 février 2021 a sonné le glas du régime tyrannique, l’Oea, le Binuh, les ambassades étrangères continuent d’apporter leur contribution sans faille à ce régime de facto – illégitime – en le poussant à procéder à une reforme de la Constitution haïtienne pour se maintenir au pouvoir.

Est-ce pourquoi nous appelons la Cour pénale internationale (Cpi) à s’autosaisir sur le drame humain et politique en train de se produire en Haïti. Nous appelons la Procureure Générale Fatou BENSOUDA à diligenter une enquête.

La Justice haïtienne étant à genoux et les magistrats sous coupe réglée du dictateur, nous appelons à une action publique internationale concertée contre les responsables du gouvernement haïtien MM. Jovenel MOISE (ancien Président), Joseph JOUTHE (ancien Premier ministre), Rockfeller VINCENT (ancien Ministre de la justice), Léon CHARLES (Chef de la Police par intérim), Claude JOSEPH (ancien Ministre des affaires étrangères) etc… cette action doit être menée également contre les diplomates internationaux en poste en Haïti, notamment Helen Ruth MEAGHER LA LIME, Josette SHEERAN, Michèle Jeanne SISON, Sylvie TABESSE, Fernando HIRALDO, Bruno LEMARQUIS, Stuart SAVAGE, Dede EKOUE, Cristobal DUPOUY, Luis ALMAGRO.
Nous appelons la Cour pénale internationale (Cpi) ainsi que la société civile internationale à poursuivre toutes ces personnes pour crime contre l’humanité, crime de masse, génocide et non assistance à population en danger.

Contre la tyrannie, le triomphe du mensonge, de la violence et de stratagèmes macabres des marchand-e-s de mort, pour la justice, la démocratie et la dignité de la population haïtienne, nous invitons les ami-e-s réel-le-s du peuple haïtien, les vrai-e-s démocrates, partout à travers le monde, à donner un large écho à cet appel.

Suivent les signatures :

BELTIS, James, Sociologue

BLANC, Judite, Ph.D., Psychologue, Chercheuse en santé de la population

BOURSIQUOT, Marie Françoise, Anthropo-sociologue, Militante Féministe

CHERY, Pierre-Michel, Écrivain

DARBOUZE, James, Philosophe, Enseignant-Chercheur, Travailleur Indépendant

HENRY, Jean Claude, Enseignant

JEAN, Jeffrey, Philosophe, Médecin

JEAN-PAUL, Ludwy René, Consultant en informatique, Enseignant à l’université

LAMOUR, Sabine, Féministe, Sociologue, Enseignante-Chercheure

LEBLANC, Jean Benoit Daniel, Anthropo-sociologue, Enseignant

LUCIEN, Georges-Eddy, Historien, Géographe, Enseignant-Chercheur

MICHEL, M. J. Junior, Anthropologue, formateur

OSNA, Walner, Sociologue (Doctorant)

PIERRE, Anderson, Communicateur social

PIERRE-TOUSSAINT, Jean Médy, Gestionnaire, Travailleur Indépendant

PAUL, Emanuela, Sociologue, Féministe

SAINT-PREUX, Hervé, Géographe, Enseignant-Chercheur

P.S. Cette note reste ouverte à signature de socioprofessionnels-lles progressistes haïtiens-nes.