P-au-P, 14 févr. 2021 [AlterPresse] --- Le système des Nations unies en Haïti se déclare aujourd’hui « préoccupé par l’augmentation des cas d’agression contre les journalistes couvrant les manifestations », dans un communiqué, rendu public ce dimanche 14 février 2021 et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Au regard des allégations documentées, les Nations unies s’inquiètent que des agents de maintien de l’ordre aient commis des actes contre certains acteurs des médias dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles. Ces actes ont pour conséquence de limiter le droit à la liberté d’expression et d’accès à l’information », indiquent les Nations unies, au moment où plusieurs représentantes et représentants de médias étrangers sont sur le terrain, observant la dégringolade de la situation politique, à la fin de mandat constitutionnel, depuis le 7 février 2021, de Jovenel Moïse, qui décide de s’accrocher à la présidence par la force des armes.
Les forces de sécurité doivent revoir leurs pratiques et se pencher rapidement sur les violences contre les journalistes et autres actrices et acteurs des médias.
« Tout abus et toutes violations avérées doivent faire l’objet de sanctions à la suite d’enquêtes dûment diligentées », souhaitent les Nations unies, dans un contexte marqué par une répétition de brutalités policières contre les journalistes.
L’Association nationale des médias haïtiens (Anmh), l’Association des médias indépendants d’Haïti et l’Association des journalistes haïtiens (Ajh) se sont aussi prononcées contre la perpétration, par des policiers nationaux, des multiples violations des droits des journalistes, dans l’exercice de leur métier sur le terrain.
Dans une lettre, le 11 février 2021, à l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (IgPnh), l’Office de la protection des citoyennes et citoyens (Opc) a attiré l’attention sur les plaintes, déposées par les journalistes, autour des actes de répression et de brutalités policières, dont elles et ils sont victimes ces derniers jours et ces dernières semaines, au moment des manifestations antigouvernementales en Haïti.
« Le lundi 8 février 2021, des individus lourdement armés, se réclamant des Forces armées d’Haïti (Fad’H) ont tiré à balles létales, de leur quartier général étant, en direction des manifestantes et manifestants. Au moins deux (2) journalistes, qui couvraient l’événement, ont été blessés, signale un rapport, en date du 9 février 2021, du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh). Il s’agit de :
• Jean Ril MEUS, journaliste de Télé PAM, un média en ligne et de Radio Intrépide Canada, a été atteint d’une (1)balle au ventre. Le jour-même, il a subi une intervention chirurgicale pour extraire la balle de son corps. Cependant, vu l’état de son foie, il doit subir une deuxième opération dès que son état physique le permettra ;
• Alvarez DESTINE, journaliste de BCN Télévision et d’un média en ligne Actualités Locales, a reçu une (1) balle au bras droit. La balle est ressortie. Il a été soigné le même jour. Cependant, ses médecins craignent une complication de son état de santé ».
Le mercredi 20 janvier 2021, au carrefour de l’Aéroport international de Port-au-Prince, surnommé Kafou Rezistans, en plus du journaliste du média en ligne ALTV, Alvalez DESTINE, giflé par un policier du Corps d’intervention pour le maintien d’ordre (Cimo), 5 journalistes - Edouardo Ilenna EDOUARD, journaliste de Radio Résistance ; Pierre Daniel LAMATINIERE, journaliste du média en ligne Impartial Info ; Réginald REMY, journaliste de Radio-TélévisionCaraïbes FM ; Jean Wilner SEVERE, journaliste de Capital FM ; Mackenson SEVERE, journaliste de Radio Antilles - ont été blessés par balles et jets de gaz lacrymogène, a relevé un autre rapport du Rnddh, sur une intensification des cas de violation de droits humains, au lendemain des déclarations menaçantes de Jovenel Moïse, le 19 janvier 2021, affirmant l’activation de son Agence nationale d’intelligence (Ani).
« Non à la brutalité policière envers les journalistes. Quand la liberté de la presse est menacée, c’est la démocratie qui est en danger » étaient parmi les messages véhiculés à travers des banderoles, brandies par des journalistes, lors d’une marche de protestation de plusieurs dizaines de journalistes, le jeudi 28 janvier 2021, à Port-au-Prince.
« L’essor de la paix, le respect de la justice et la promotion des droits humains requièrent une presse libre et indépendante, à l’abri de toute censure et de toute coercition », soulignent les Nations unies, qui préconisent le respect de la liberté de la presse et du droit à l’information en Haïti.
Dans un récent rapport conjoint du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) et du Haut-commissariat aux Droits humains sur les violations et abus aux droits humains, commis lors des manifestions de 2018 et 2019 (https://binuh.unmissions.org/sites/default/files/2021.01.15_rapport_mani...), les Nations unies avaient « formulé des recommandations aux autorités haïtiennes quant à la gestion de foules afin d’assurer le respect des droits de réunion pacifique et de sécurité de la personne » rappelle le communiqué, en date du 14 février 2021, du système des Nations unies en Haïti. [rc apr 14/02/2021 14:00]