P-au-P, 07 févr. 2021 [AlterPresse] --- La Police nationale d’Haïti (Pnh), devenue « une police politique au service de l’équipe tèt kale en place » (aux yeux de différents secteurs), a procédé à l’arrestation, à l’habitation Petit Bois (dans la municipalité de Tabarre, au nord-est de la capitale, Port-au-Prince) de 23 personnes, ce dimanche 7 février 2021, date de la fin de mandat constitutionnel de Jovenel Moïse, comme président, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Le juge à la Cour de Cassation Yrvickel Dieujuste Dabrésil, l’inspectrice générale de la police Marie Louise Gauthier, l’ingénieur agronome Louis Buteau, la Dre. Marie Antoinette Gauthier, figurent parmi les personnes appréhendées, et exposées dans une posture d’humiliation (suivant les images diffusées sur les réseaux sociaux) sous l’accusation de « complot contre la sûreté intérieure de l’État » en Haïti.
2 fusils M-14, une mini Uzi, 3 pistolets de calibre 9 mm, des machettes ont été saisis, fait savoir le gouvernement, très embarrassé dans des explications, pour justifier les arrestations du 7 février 2021, en relation avec un document rédigé depuis fin octobre 2020.
Arrêtées « en flagrant délit », grâce au « service de renseignement du gouvernement », dans le cadre d’une opération d’unités spécialisées de la police, ces 23 personnes auraient une « intention criminelle d’investir le Palais national » pour s’installer à la tête du pays, déclarent le premier ministre de facto Joseph Jouthe et le directeur général a.i. de la Pnh Léon Charles.
Ces arrestations, qui suscitent l’indignation chez de nombreux secteurs, sont opérées dans un contexte d’usurpation de titre et de tentative de mise en place d’une dictature féroce contre les manifestations d’expressions publiques, soulignent plusieurs voix dans différents secteurs.
35 ans après le renversement de la dictature des Duvalier, l’événement du 7 février 2021 est l’arrestation spectaculaire de 23 personnes, accusées de préparer une soi-disant investiture au Palais national, pour remplacer Jovenel Moïse.
« Ces dérives diaboliques et criminelles de l’ex-président Jovenel Moise ne peuvent être tolérées sous aucun prétexte. La violation des domiciles est un acte illégal et sanctionné par la loi », fustige le Jeune Barreau de Port-au-Prince, qui condamne et dénonce, avec la plus grande fermeté la séquestration, suivie d’enlèvement, à l‘habitation de Petit Bois, de l’honorable Juge à la Cour de Cassation, Me. Irvikel Dabresil, de l’inspectrice générale à la Pnh, et de tous les autres citoyens et citoyennes par des manœuvres dolosives. La machine de l’État criminel continue de semer la terreur dans la société ».
Le Jeune Barreau de Port-au-Prince « demande aux autorités de la force publique d’assumer leurs responsabilités personnelles dans la commission de ces forfaits ».
Sur le plan politique, en attendant d’autres positions publiques, le Secteur démocratique et populaire considère comme « anti-constitutionnelles, illégales et arbitraires » ces 23 arrestations du 7 février 2021.
Depuis la nuit du 6 février 2021, de multiples mouvements de protestations ont lieu, en différents points du territoire national, contre Jovenel Moïse et son équipe tèt kale, qui tendent à plonger Haïti dans le chaos, par un ensemble de décrets anticonstitutionnels et illégaux, pris depuis janvier 2020.
Dans la plupart des villes d’Haïti, les habitantes et habitants sont restés chez eux, tandis que des démonstrations de rues sont parallèlement organisées jusqu’au départ effectif de Jovenel Moïse de la présidence, pour le respect de la Constitution, affirment les protestataires qui assimilent à des « actes d’intimidations les arrestations arbitraires du 7 février 2021 ».
Méprisant totalement les revendications de la population, Jovenel Moïse a fait route, ce 7 février 2021, vers Jacmel, principale ville du département du Sud-Est, pour aller bambocher dans des « festivités carnavalesques ». [rc apr 07/02/ 2021 14:00]