Español English French Kwéyol

Politique : Inquiétudes face au plan de relance économique post/Covid-19 en Haïti

P-au-P, 18 janv. 2021 [AlterPresse] --- Les économistes haïtiens Riphard Serent et Enomy Germain expriment leurs inquiétudes face à la mise en œuvre envisagée d’un plan de relance économique post/Covid-19 (Prépoc), lors d’une conférence-débats, le lundi 18 janvier 2021, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

La mise en œuvre de ce plan en Haïti s’étalerait sur une période de trois ans (2020 à 2023).

Le Prépoc tombera à l’eau si une autre administration prend la relève. Il existera, de ce fait, un problème de continuité dans les actions de l’État, anticipe l’économiste Enomy Germain.

L’absence de continuité constitue un problème récurrent, ajoute, de son côté, l’économiste Riphard Serent, qui souhaite plutôt un pacte de gouvernance avec toutes les actrices et tous les acteurs de la vie nationale pour conserver ce plan de relance jusqu’à 2023.

Riphard Sérent espère également que le gouvernement travaille sur la vulgarisation de ce plan à travers le pays.

L’économiste a aussi noté 3 autres risques majeurs, qui pourraient empêcher le plan d’aboutir.

Il s’agit de l’instabilité sociopolitique, avec notamment le phénomène de l’insécurité qui paralyse les entreprises de services, comme les bars, les restaurants et la branche du tourisme.

L’instabilité financière empêcherait l’État de mobiliser des ressources dans ce contexte de Covid-19 (le nouveau coronavirus). Les risques sanitaires, avec les nouvelles vagues de contamination, à travers le monde, et qui menaceraient Haïti, pourraient être des aléas majeurs à l’implémentation de ce plan, selon Riphard Sérent.

Les économistes Enomy Germain et Riphard Sérent jugent louable la mise en place de ce document après la crise sanitaire.

Ce serait le résultat d’une initiative, impliquant diverses institutions haïtiennes, non pas un projet imposé par la communauté internationale.

« Les objectifs sont clairs. Le plan respecte les critères pour parler de croissance, à savoir : la stabilisation des prix, la création d’emplois, entre autres. Le Prépoc tente de tirer leçons à partir d’autres plans, qui ont été présentés auparavant », explique Enomy Germain.

Cépendant, Enomy Germain dit douter du « réalisme » du plan, par rapport à la réalité actuelle de l’économie haïtienne.

« La transformation structurelle de l’économie ne pourrait pas se faire au bout de 3 ans. On peut simplement jeter les bases, parce que, généralement, cela se fait sur près d’une dizaine d’années ».

En plus des mouvements de pays locked, la pandémie de Covid-19 (le nouveau coronavirus), dont les premiers cas d’infection ont été enregistrés en mars 2020 en Haïti, a entraîné des conséquences désastreuses sur l’économie haïtienne, notamment la fermeture de plusieurs institutions privées.

Le gouvernement haïtien a présenté, le lundi 11 janvier 2021, le Prepoc, pour faire face à la crise socio-économique, lors d’une cérémonie.

Le Prepoc permettrait « d’investir dans la croissance, la résilience et les opportunités, afin de mettre en place les bases d’une nouvelle dynamique de croissance et de développement humain durable », a déclaré le président Jovenel Moïse, qui prenait part à cette activité. [mj emb rc apr 18/01/2021 15:43]