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Haïti : Les gangs, un instrument à maîtriser ?

Port-au-Prince, 10 juin 2005, [AlterPresse] --- Une situation volatile se développe dans des bidonvilles du sud-est de la capitale, où des affrontements entre gangs rivaux causent de nombreuses pertes, alors que certains membres du gouvernement provisoire tenteraient de contrôler les bandes armées de cette région, a révélé le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).

Selon un communiqué de l’organisme parvenu à AlterPresse, le RNDDH a révélé qu’au moins 3 personnes ont été tuées durant de graves affrontements entre gangs le 11 mai 2005 à Gran Ravin, Ti Bwa et Nan Beny (périphérie sud-est). Lors de ces incidents, 22 maisons ont été incendiées. Actuellement, selon le Réseau, un calme précaire règne dans ces régions, désertées par les riverains.

Les causes des affrontements ne sont pas connues, mais ces incidents sanglants pourraient être liés à un malentendu sur l’occupation par les gangs d’un hôtel désaffecté (Habitation Leclerc) pour en faire une base de kidnapping.

La RNDDH a également cité comme probable cause des affrontements en question, une éventuelle tentative de certains membres du gouvernement « de contrôler les gangs armés de la 3ème circonscription de Port-au-Prince, puisqu’à deux (2) reprises une distribution d’argent aurait lieu à Gran Ravin par des proches du pouvoir exécutif ».

A noter que des repris de justice très connus comme James Lemilien dit Tilou et Jeudi Jean Daniel alias Jimmy, 2 inculpés dans l’assassinat du journaliste Jean Dominique (avril 2000), ont pris part aux affrontements, selon les données recueillies par la NCHR. Ces

L’organisme de défense des droits humains a formulé toute une série de recommandations au gouvernement intérimaire visant à rétablir l’ordre dans certains quartiers chauds du sud de la capitale, tels Gran Ravin, Ti Bwa et Nan Beny.

« Se démarquer de toutes manœuvres visant à récupérer les gangs, prendre les dispositions de manière à mettre les bandits hors d’état de nuire, désarmer toutes les bandes armées semant la terreur dans les quartiers populaires », sont parmi les recommandations faites par le RNDDH pour rétablir l’ordre dans ces quartiers en passe de devenir des zones de non droit.

L’organisme a recommandé également au gouvernement de venir en aide aux personnes victimes dans le cadre des événements du 11 mai dernier et de doter ces zones d’une présence policière permanente.

‘’Aujourd’hui, la violence semble intégrée la pratique sociale de nombreux résidents de ces quartiers, qui sont devenus des bandits de grand calibre. Ils s’entredéchirent sans motif apparent et sèment la pagaille à leur gré et au moment voulu’’, a déploré le RNDDH tout en indiquant que ces scènes de violence prouvent l’incapacité de l’Etat à assurer la sécurité des citoyens.

D’autres quartiers populaires de Port-au-Prince sont réputés zones de non droit. Au Bel-air (centre de la capitale), à Nazon (secteur nord-est), les maisons sont vidées de leurs occupants en raison des violences quasi quotidiennes perpétrées par des bandits armés.

La situation n’est pas différente à Cité Soleil (sortie nord de Port-au-Prince, 500.000 habitants) où le tout puissant chef de bande Emmanuel Wilmer, alias « Dread Wilmé » impose sa loi dans la localité de Bois Neuf. Le 9 juin, la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti a lancé un avis de recherche contre « Dread Wilmé ».

C’est le même jour que le représentant du Secrétaire Général des Nations Unies en Haïti, le chilien Juan Gabriel Valdes, a dénoncé des politiciens qui soutiennent la violence tandis qu’ils maintiennent apparemment de bonnes relation avec la MINUSTAH. [do gp apr 11/06/2005 16:30]