Port-au-Prince, 10 juin 2005, [AlterPresse] --- La Commission interaméricaine des droits de l’homme (Cidh) a exprimé ses préoccupations face à la détérioration de la situation sociopolitique dans le pays.
Dans son rapport d’enquête conduite en Haïti en avril dernier, la Cidh se dit particulièrement préoccupée par la croissance de la violence qui, selon elle, se répand à cause du manque de contrôle sur la sécurité, les faiblesses dans l’administration de la justice et les graves conditions sociales et économiques dans le pays.
Dans ce rapport baptisé « Observations préliminaires », l’organisme interaméricain des droits humains, affirme que ses délégués s’étaient entretenus avec divers secteurs du pays. Les discussions étaient surtout axées sur la mise en œuvre de solutions tant immédiates qu’à long terme pour sortir Haïti avec succès du cycle de violence, de l’instabilité politique et de la pauvreté.
« Même s’il est difficile d’obtenir des statistiques exactes, on estime que 50 agents de la police auraient été tués dans l’exercice de leurs fonctions depuis février 2004 », indique le rapport. Les enlèvements, la piraterie routière et d’autres actes de violence se multiplient, notamment à la capitale », ajoute le document.
Cependant, le rapport ne ferme pas les yeux sur les abus qui ont été signalés dans la répression par la police des actes de banditisme.
Selon le document, de nombreux groupes et gangs armés ainsi que d’autres personnes non autorisées détiennent des armes illégales. Une bonne partie de la violence, concentrée dans une large mesure à Port-au-Prince, est survenue dans le contexte d’affrontements entre des gangs et la police.
La Commission cite les violences qui se sont produites dans la localité du Village de Dieu (Port-au-Prince) le 24 février 2005, au cours desquelles 15 personnes ont été apparemment tuées et 30 autres blessées par un groupe armé opérant dans les environs. Elle fait également mention des cas de meurtres, d’enlèvements et de pirateries routières enregistrés dans le pays.
La Cidh dit constater l’incapacité du gouvernement à enrayer cette insécurité croissante dans le pays, alors que la police est sérieusement sous-équipée, privée de formation et de ressources suffisantes. En même temps des accusations de corruption, de collusion avec les gangs armés et d’autres activités illégales affectent la police, souligne la Cidh.
Pour remédier à cette situation, la commission propose la mise sur pied d’un plan de sécurité par les forces nationales et internationales et le désarmement urgent et immédiat de groupes armés illégaux opérant à l’intérieur du territoire haïtien. Elle « encourage la mise en œuvre rapide du programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration (ddr) pour diminuer le nombre d’armes illégales en circulation dans le pays ». [do gp apr 10/06/05 19:00]