P-au-P, 17 déc. 2020 [AlterPresse] --- Les deux derniers décrets du président Jovenel Moïse, créant l’Agence nationale d’intelligence (Ani) et organisant le renforcement de la sécurité publique, constituent une tentative d’instaurer une milice politique en Haïti, prévient le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans un rapport dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Par cette décision, Jovenel Moïse s’affiche « en prédateur des droits humains et en dictateur avéré », estime le Rnddh, soulignant combien Jovenel Moïse se dote d’instruments fantaisistes.
Ces mécanismes, mis en place par le président, viseraient notamment à réprimer les manifestations antigouvernementales et freiner la volonté du peuple haïtien de contester sa présence à la tête du pays, à l’expiration de son mandat, le 7 février 2021.
« Cette façon de procéder du président de la république conduit le pays à un véritable État d’exception, où, au nom de la « raison d’État », les droits et libertés, protégés par les instruments nationaux, régionaux et internationaux de protection des droits humains, sont tout simplement suspendus, voire bannis ».
Le Réseau national de défense des droits humains appelle à soulever et mobiliser toutes les forces vives du pays, en vue de contraindre Jovenel Moïse à « faire retrait de l’ensemble de ses décrets anticonstitutionnels, qui traduisent clairement la volonté du régime du Parti haïtien tèt kale (Phtk) de restaurer la dictature en Haïti, au mépris des acquis démocratiques ».
L’Ani, un coup d’État contre la Pnh, les tribunaux et cours d’Haïti
L’organisme de défense des droits humains considère le décret, créant l’Agence nationale d’intelligence, comme un coup d’État orchestré contre la Police nationale d’Haïti et contre les tribunaux et cours de la république.
Pour preuves, Jovenel Moïse voudrait conférer à l’Ani un pouvoir extrajudiciaire, qui l’habiliterait à accomplir les tâches, réservées à la justice et à la police, argue le Rnddh, déplorant les pleins pouvoirs que s’est octroyés le président, en dehors de tout cadre légal et institutionnel.
L’Ani pourrait « recevoir et exécuter le mandat d’enquêter pour la justice, appréhender les personnes recherchées par l’autorité judiciaire et les déférer devant les instances compétentes », dispose l’article 5 alinéa 23.
Les deux décrets présidentiels ont été publiés dans un contexte, où le parlement haïtien est dysfonctionnel depuis le lundi 13 janvier 2020.
L’Agence nationale d’intelligence, que voudrait implanter en Haïti le régime politique tèt kale au pouvoir, constitue un réel danger pour le respect des libertés et droits fondamentaux, garantis et protégés par la Constitution, les lois, traités et conventions internationales, ratifiés par Haïti, a mis en garde l’organisme de droits humains Fondasyon je klere (Fjkl), dans un rapport.
Les deux décrets de Jovenel Moïse sont contraires à certains principes de la démocratie, de l’État de droit et des droits civils et politiques des citoyennes et citoyens, a également dénoncé le Core Group, dans un communiqué.
Des modifications pourraient être apportées au décret portant sur la création de l’Ani.
L’Office de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc) est sollicité, en ce sens, pour apporter un éclairage à ce niveau, annonce Guichard Doré, l’un des conseillers du président Jovenel Moïse, suite au tollé provoqué par ces deux décrets. [emb rc apr 17/12/2020 11:15]