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Haiti : Pas question de toucher au calendrier électoral, selon la communauté internationale

P-au-P., 9 juin. 05 [AlterPresse] --- D’importants émissaires internationaux ont fait part durant les dernières heures d’un message sans équivoque aux dirigeants haïtiens, à savoir qu’il n’est pas question de toucher au calendrier électoral.

Le secrétaire d’état adjoint les Etats-Unis, Roger Noriega, l’envoyé spécial de la France, Daniel Parfait, et le conseiller canadien Denis Coudère, ont demandé au gouvernement haitien et aux forces de sécurité d’assurer les conditions necessaires pour la réalisation d’élections en Haïti à la fin de cette année, comme prévu.

La délégation internationale était en visite officielle de 24 heures en Haïti et a eu des entretiens avec le président provisoire, Boniface Alexandre, le premier ministre Gérard Latortue, les représentants de l’Organisation d’Etats Américains (OEA) et des Nations Unies.

Lors d’une conférence de presse, Roger Noriega a déclaré qu’il était porteur d’un message du gouvernement américain pour maintenir les élections aux dates prévues, d’octobre à décembre. « Je suis ici pour soutenir le processus », mais il est clair que les étapes doivent être franchies rapidement afin d’assurer l’enregistrement des électeurs, a déclaré Noriega. Pour cela, a-t-il ajouté, un climat de sécurité doit être instauré.

« Les élections doivent avoir lieu dans le délai prévu et avec une grande mobilisation », a déclaré l’envoyé spécial de la France, Daniel Parfait. « Tout ne va pas changer avec les élections, mais sans les élections rien ne va changer », a-t-il martelé.

La délégation a lancé un appel « à tous ceux qui ont une responsabilité dans l’organisation des élections », leur demandant de rendre les dispositions necessaires pour que ces élections soient un succès. Le Conseil électoral provisoire, le gouvernement, la police et la Mission des nations pour la Stabilisation de Haïti (MINUSTAH) ont été spécifiquement mentionnés.

Parfait a exprimé la satisfaction de la délégation internationale pour le niveau de « mobilisation » des forces politiques, décidées à prendre part aux élections.

« La sécurité est un impératif », a dit Parfait. Cependant, a-t-il ajouté, « la Communauté internationale doit être mobilisée pour porter un message d’espoir », à travers un programme de coopération.

Pour sa part, Denis Coudere a indiqué que « la question électorale est très importante. » « Nous allons maintenir l’attention sur les dates », a-t-il dit, et « nous allons accompagner le CEP ».

Coudère a demandé à la MINUSTAH « d’augmenter la coordination » dans le cadre de ses opérations de sécurité. Il a estimé qu’il y a eu une « amélioration » dans quelques quartiers. « Nous sommes dans la bonne direction », a-t-il affirmé.
Malgré un calme apparent, la logique de la violence s’est maintenue ce 9 juin à Port-au-Prince. L’homme d’affaires Jean Paul Médina a été abattu tôt dans la matinée sur la route de l’aéroport (secteur nord). Le crime a été l’œuvre de deux inconnus armés, a rapporté la radio, citant des témoins. Dans cette même zone, un autre homme d’affaires a été enlevé en début de semaine pour être libéré par la suite contre rançon.

Le secteur des droits humains a déploré l’attitude des autorités intérimaires devant la recrudescence des actes de violences dans la capitale. Pour Maxime Rony de la Plate-forme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH), le gouvernement ne se soucie pas de la question de la sécurité.

« En matière de respect des droits de l’homme, le gouvernement de Jean Bertrand Aristide s’était aligné du côté des gangs armés, pour la violation systématique des droits de la personne humaine », a noté Rony. Mais, « ce gouvernement (provisoire) affiche une attitude de je-m’en-foutisme », a déploré Maxime Rony, dans des déclarations à la station privée Vision 2000.

Le défenseur des droits de l’homme a par ailleurs dénoncé une vague d’arrestations « arbitraires » effectuées par la police ces derniers jours en précisant que « les garde-à -vue sont surchargées ».

La police nationale a communiqué à la presse ce 8 juin le bilan de ses opérations menées le week-end écoulé dans les quartiers du Bel-air (centre) et de Nazon (nord). Selon la police, 7 présumés bandits ont été tués dans des affrontements. Jessy cameau Coicou, porte-parole de l’institution policière, a renouvelé la détermination des policiers à venir à bout des gangs armés.

Des nouvelles diffusées auparavant faisaient état de plus d’une vingtaine de morts dans les opérations du week-end. [gp do apr 09/06/2005 23:20]