P-au-P, 04 déc. 2020 [AlterPresse] --- Me. Gérard Gourgue, militant des droits humains, avocat et homme politique, responsable de l’institution d’enseignement Gerard Gourgue, né le 1er décembre 1925 à Port-au-Prince, est décédé, ce vendredi 4 décembre 2020, à l’âge de 95 ans, à l’hôpital privé du Canapé Vert, à Port-au-Prince, confirme à AlterPresse/AlterRadio, Marina Gourgue, la fille du défunt.
Durant les années 1970, Me. Gérard Gourgue a créé et dirigé la Ligue haïtienne des droits humains, qui a lutté contre les exactions du régime dictatorial de Jean-Claude Duvalier.
Le vendredi 9 novembre 1979, au moment où Me. Gérard Gourgue allait prononcer une conférence autour du thème « Climat politique et droits humains », les sbires du régime des Duvalier sont brutalement intervenus à l’église catholique romaine de Saint-Jean Bosco, au Portail Saint-Joseph de Port-au-Prince.
Beaucoup de participantes et participants y ont été malmenés, dont Me. Gérard Gourgue, son épouse Paula Castor et leur fille. Le journaliste de Radio Metropole, Dr. Georges Michel, a du être hospitalisé, des suites de coups reçus à la tête, le vendredi 9 novembre 1979.
Ce vendredi 9 novembre 1979 est qualifié de vendredi sombre, « vendredi noir chez les Salésiens de Port-au-Prnce », dans l’histoire d’Haïti.
A la chute, le 7 février 1986, du régime duvaliériste, Me. Gérard Gourgue fut membre au Conseil national de gouvernement (Cng) d’Henri Namphy et également ministre de la justice (7 février 1986 - 20 mars 1986).
Il s’est porté candidat à l’élection présidentielle du 29 novembre 1987, sous la bannière du Front national de concertation (Fnc), une plate−forme d’organisations politiques et sociales du secteur démocratique.
Ces joutes électorales du 29 novembre 1987 ont été annulées, suite au massacre de plusieurs dizaines d’électrices et d’électeurs, perpétré par le régime de Namphy, avec l’aide de la milice armée les Tontons macoutes.
Me. Gérard Gourgue fut membre du Comité d’entente démocratique (Ced), mis en place, avec d’autres candidats à la présidentielle de 1987 (Marc Louis Bazin, Sylvio Camilor Claude et Louis Déjoie Ii), après le massacre d’électrices et d’électeurs le 29 novembre 1987.
Le 6 février 2001, Gérard Gourgue a été désigné comme président symbolique d’Haïti, puis installe le 7 février 2001, à Pont Morin, par des partis politiques de l’opposition, regroupés au sein de la Convergence démocratique, en signe de protestations à l’accession de Jean Bertrand Aristide au pouvoir à travers des élections controversées, le 26 novembre 2000.
Gérard Gourgue a été désigné, en 2004, ambassadeur, représentant permanent d’Haïti à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et représentant personnel du chef provisoire de l’État, Boniface Alexandre, auprès de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif), à Paris.
En 2012, le cinéaste Arnold Antonin lui consacra le film « Gérard Gourgue, l’homme par qui le cours de l’histoire aurait pu changer », retraçant une partie de la période des élections de 1987, avortées dans le sang d’électrices et d’électeurs.
Membre du barreau des avocates et avocats de Port-au-Prince, Gérard Gourgue a enseigné le droit constitutionnel dans plusieurs universités haïtiennes, dont les facultés de droit et d’ethnologie de l’Université d’État d’Haïti (Ueh). [emb rc apr 04/12/2020 14:55]