P-au-P, 1er déc. 2020 [AlterPresse] --- « Les attaques préjudiciables de la titulaire du Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), Giselhaine Mompremier, qui s’ajoutent à celles du titulaire du Ministère de la culture et de la communication (Mcc), Pradel Henriquez, tendent à désigner les féministes comme cibles pour les kidnappeurs », dénoncent 9 organisations féministes et une (1) féministe indépendante [1], dans une mise en garde, en date du 28 novembre 2020, transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Ces organisations féministes déclarent qu’elles ne laisseront pas de telles insinuations gouvernementales les détourner de leurs luttes contre l’insécurité, qui aggrave les violences envers les femmes, ni les faire renoncer à leur droit citoyen d’interpeller le gouvernement, autant de fois que nécessaire.
« Les attaques envers les féministes sont continuelles et ciblent aussi bien les organisations que les personnes ».
Après le sit-in de protestation du 6 novembre 2020, contre l’assassinat, le 1er novembre 2020, de la lycéenne Évelyne Sincère, Giselhaine Mompremier a publiquement pointé les organisations féministes « comme celles qui disposent de moyens, fournis par les agences internationales, pour lutter contre la violence envers les femmes ».
Faisant « preuve publiquement d’irresponsabilité », Giselhaine Mompremier aurait « tenté de transférer ses obligations gouvernementales » aux organisations féministes.
« Les organisations n’ont pas vocation à se substituer à l’État. La collaboration avec le ministère est effective et productive, lorsque la titulaire est engagée pour la cause des femmes, appréhende correctement la mission institutionnelle et œuvre pour une authentique concertation. La nature transversale et normative du ministère implique le développement de partenariats avec les organisations de défense des droits des femmes, et non une compétition stérile ou encore le fait de se soustraire à ses responsabilités étatiques ».
Au-delà de ces précisions, les 9 organisations féministes et la féministe indépendante, signataires de la mise en garde du 28 novembre 2020, rappellent combien l’existence du Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes « est le résultat des plaidoyers des féministes, qui ont défini son mandat, ses fonctions essentielles et établi ses cadres de référence ».
Aussi, estiment-elles légitime et normal de continuer à exercer la vigilance féministe.
Malgré les performances mitigées du Mcfdf, les féministes ont toujours défendu le principe de son existence, tout en indexant les dérives et en exigeant l’accomplissement effectif de sa mission.
« En tant que membre d’un gouvernement, qui s’est doté des pleins pouvoirs, la ministre à toute latitude pour réclamer un budget national, sensible au genre, et les moyens nécessaires au respect des engagements de l’État en matière de droits des femmes ».
Au lieu de mettre en œuvre le Plan national 2017-2027, de lutte contre les violences envers les femmes, le Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes semble avoir plutôt donné la priorité à des actions non structurantes, voire cosmétiques, déplorent les organisations féministes.
La position de mise en garde des 9 organisations féministes et d’une féministe indépendante en Haïti intervient à l’occasion du 40e anniversaire de la rafle du 28 novembre 1980, quand, sous la dictature des Duvalier, des femmes et des hommes, en particulier des journalistes, ont payé un lourd tribut, dans leurs démarches et luttes en faveur de la liberté d’expression.
Les 9 organisations féministes et la féministe indépendante, signataires de la mise en garde du 28 novembre 2020, affirment leur détermination à continuer d’exercer leur droit, durement conquis, à la liberté d’expression. [rc apr 1er/12/2020 0:00]
[1] Les organisations, signataires de la note de mise en garde, en date du 28 novembre 2020, sont Kay Fanm, Solidarite fanm ayisyèn (Sofa) , Fanm Deside, Groupe d’appui au développement du Sud (Gades), Rezo fannm radyo kominotè ayisyen (Refraka), Fondation Toya, Nègès Mawon, Fanm Yo La, Asosyasyon fanm solèy d Ayiti (Afasda), Sabine Manigat, féministe indépendante.