P-au-P, 27 nov. 2020 [AlterPresse] --- 6 organisations féministes pointent les féminicides, les morts violentes de femmes, que tendent à encourager, ces derniers temps, sur le territoire national, « les attitudes et comportements sexistes qui prévalent au plus haut sommet de l’État », en Haïti, dans une déclaration conjointe, transmise à AlterPresse à l’occasion du 25 novembre 2020, journée internationale de lutte contre les violences envers les femmes.
Les féminicides sont « des crimes patriarcaux, qui traduisent la phase extrême des violences exercées à l’encontre des femmes, en raison de leur appartenance au sexe féminin. Ces crimes trouvent un terrain fertile dans la misogynie et le déni des droits des femmes, que notre société voudrait banaliser ».
Insister sur les féminicides en Haïti s’inscrit dans une perspective du bien commun, pour réaffirmer les inaliénables droits des femmes à la vie et à la dignité, soulignent les 6 organisations féministes de Port-au-Prince.
Au matin du dimanche 1er novembre 2020, Évelyne Sincère, une jeune écolière de 21 ans, a été retrouvée assassinée sur une pile d’immondices à Delmas 24.
Le mercredi 11 novembre 2020, le corps dépecé d’une jeune fille de 22 ans, Anise Boisrond, a été découvert à Durocher, une localité de Torbeck, dans le département du Sud d’Haïti.
Le mercredi 11 novembre 2020, Juventa Cantave, une jeune de femme de 23 ans, a été retrouvée morte, la tête ensanglantée, sur son lieu de travail à Tabarre 39 (municipalité au nord-est de Port-au-Prince).
Depuis le début du XXI e siècle, un nombre important de femmes et de filles sont enlevées et tuées sur le territoire national.
Le jeudi 16 novembre 2006, l’opinion publique a été choquée par la découverte, à Santo (Croix-des-Bouquets, au nord-est de la capitale, Port-au-Prince), du corps sans vie d’une jeune femme de 20 ans, Farah Natacha Kerby Dessources, une étudiante à l’École normale supérieure (Ens) de l’Université d’État d’Haïti (Ueh), dont les yeux ont été crevés, après son enlèvement, suivi de viol…
Le samedi 24 décembre 2005, Ginoue Mondésir, 28 ans (elle naquit le 13 mars 1977), une présentatrice de la chaîne de télévision Télémax, a succombé à ses blessures, à l’Arcahaie (au nord de Port-au-Prince), après avoir été sauvagement battue par son concubin Valdo Jean.
A cause de son immobilisme, l’État alimente l’impunité et laisse le champ libre aux violateurs, fustigent les 6 organisations féministes de Port-au-Prince.
« L’assassinat de femmes est un phénomène préoccupant, qui s’accompagne d’une volonté de dépouiller les victimes de toute dignité, même dans la mort. Le spectacle de femmes publiquement exécutées, celui de leurs corps torturés, mutilés, carbonisés, jetés sur des tas d’immondices ou dans des halliers, est inacceptable et révolte nos consciences de femmes, engagées pour le respect des droits de la personne ».
Les 6 organisations féministes de Port-au-Prince reconnaissent combien la lutte, pour éradiquer les violences envers les femmes, est un défi de taille, en Haïti comme ailleurs.
Cependant, malgré l’ampleur des féminicides sur le territoire national, face aux résistances fortes et multiples, les féministes en Haïti affirment « faire le pari que des horizons émancipateurs peuvent s’ouvrir à une société, lorsque celle-ci respecte les droits des femmes et protège leur droit à la vie ». [rc apr 27/11/2020 18:00]