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25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences envers les femmes

Droits des femmes : 6 organisations féministes de Port-au-Prince alarmées par les féminicides en Haïti

Soumis à AlterPresse le 27 novembre 2020

Déclaration des organisations féministes à l’occasion du 25 novembre (2020), Journée internationale de lutte contre les violences envers les femmes

Des organisations féministes de Port-au-Prince ont choisi, cette année (2020), de commémorer collectivement le 25 novembre autour du thème du féminicide.

Cette démarche s’inscrit dans une perspective du bien commun, pour réaffirmer nos inaliénables droits à la vie et à la dignité, pour souligner notre refus absolu de la criminalité et de l’insécurité, qui déshumanisent notre société.

L’assassinat de femmes est un phénomène préoccupant, qui s’accompagne d’une volonté de dépouiller les victimes de toute dignité, même dans la mort. Le spectacle de femmes publiquement exécutées, celui de leurs corps torturés, mutilés, carbonisés, jetés sur des tas d’immondices ou dans des halliers, est inacceptable et révolte nos consciences de femmes engagées pour le respect des droits de la personne.

Ces morts violentes de femmes ne sont pas une simple manifestation de l’insécurité.

Il s’agit de féminicides, de crimes patriarcaux qui traduisent la phase extrême des violences exercées à l’encontre des femmes, en raison de leur appartenance au sexe féminin.

Ces crimes trouvent un terrain fertile dans la misogynie et le déni des droits des femmes, que notre société voudrait banaliser. Et, lorsque les attitudes et comportements sexistes prévalent au plus haut sommet de l’État, les femmes sont d’autant plus sujettes à la violence meurtrière.

Le 25 novembre est une date hautement symbolique pour les féministes, en particulier pour celles de la Caraïbe et de l’Amérique latine qui ont choisi et consacré cette date en 1981. L’éradication des violences envers les femmes est un cheval de bataille des féministes haïtiennes, depuis l’occupation américaine de 1915, quand elles dénonçaient les abus sexuels des occupants.

Après le silence, imposé par la dictature des Duvalier, les féministes ont repris le flambeau en 1986. Et depuis lors, c’est tous les jours qu’elles se mobilisent pour prévenir les violences, sensibiliser et informer la population, encourager les plaintes et les signalements, accompagner les survivantes et leurs familles, exiger le respect des droits des femmes, dénoncer l’immobilisme de l’État qui alimente l’impunité et laisse le champ libre aux violateurs.

Lutter pour éradiquer les violences envers les femmes est un défi de taille, en Haïti comme ailleurs, car, les résistances sont fortes et multiples.

Mais, les féministes continuent de faire le pari que des horizons émancipateurs peuvent s’ouvrir à une société, lorsque celle-ci respecte les droits des femmes et protège leur droit à la vie.

Les violences envers les femmes sont l’affaire de tous et de toutes !

Conjuguons nos efforts pour l’éradication de toutes les formes de violence envers les femmes !

Port-au-Prince, le 25 novembre 2020

Pour authentification : Danièle Magloire, Kay Fanm

1. Kay Fanm

2. Solidarite fanm ayisyèn (Sofa), Sabine Lamour, Coordonnatrice générale

3. Rezo fanm radyo kominotè ayisyen (Refraka), Marie Guyrleine Justin, Directrice exécutive

4. Fanm Yo La, Eloïse Massini Dorléans, Coordonnatrice générale

5. Fondation Toya, Nikette Lorméus, Présidente du Conseil de direction

6. Nègès Mawon, Pascale Solages, Coordonnatrice générale