P-au-P., 8 juin 05 [AlterPresse] --- La Solidarité des Femmes Haïtiennes (SOFA) a présenté 8 juin un rapport bilan des cas de violences sexuelles répertoriés dans plusieurs régions du pays durant la période allant de 2003 au début de l’année 2005.
Les données recueillies par la SOFA dans ses zones d’intervention au niveau de 4 département du pays montrent une nette augmentation des cas d’abus sexuels. Dans les quartiers de Martissant (périphérie sud de la capitale), Nazon (secteur nord-est), les départements de l’Artibonite (nord), Sud-est et Grand-Anse (sud-ouest), la SOFA a relevé 44 cas de violence sexuelle et 31 cas de viols de janvier à mai 2005.
Les chiffres étaient de loin inférieurs dans les années précédentes, avec 30 cas de violence sexuelle accompagnée de 15 cas de viols pour toute l’année 2003, 46 cas de violence sexuelle et 25 viols pour toute l’année 2004.
Pour faire face à la situation, la SOFA a demandé au gouvernement de mettre en place d’une « Cellule Etatique d’Urgence » pouvant enquêter et faire la lumière sur les nombreux cas de viols liés aux exactions des bandes armées.
La SOFA a souhaité que le ministère à la condition féminine révise son « rôle normatif » pour être « proactif ». Elle a recommandé la mise en place de services d’accueil d’urgence décentralisés, pour assister les nombreuses victimes.
La situation atteint un niveau « d’horreur grave », s’est indignée Carole Jacob, coordonnatrice du bureau exécutif de la SOFA. « Les nombreux cas concernent des fillettes de 2, 5, 7, 8, 13, 15 (...) ans », a-t-elle souligné.
Les femmes violentées sont soumises à des sévissent corporelles les plus « extrêmes », s’est révoltée Carole Jacob. Assassinats, matrices perforées, yeux crevés, blessures graves, sont, entre autres, les cruautés dénoncées par la coordonnatrice exécutive de cette organisation féministe.
Après ces forfaits commis contre leurs personnes, les victimes se retrouvent avec « leur vie handicapée, leur famille détruite, leur santé précarisée, leur dignité blessée et leurs droits bafoués », a-t-elle relevé.
Les agresseurs sont présents dans divers secteurs de la société, « inconnus armés, pasteurs, gangs, voisins, directeurs, censeurs et professeurs d’école, colocataires, policiers », sont comptés au nombre des violeurs, selon Olga Benoît, responsable pour la SOFA du dossier de violence faite aux femmes.
Les quartiers réputés volatiles sont au premier plan dans le décompte de la SOFA, et la présence des forces militaires internationales constitue, selon Benoît, une « menace » qui occasionne l’augmentation des viols dans le pays. Selon la SOFA, le « viol » d’une jeune fille par des soldats pakistanais de la force ONUsienne le 18 février 2005 est resté « impuni et banalisé par la mission en dépit des protestations des organisations de femmes ». [fl do gp apr 08/06/2005 22:30]