P-au-P, 26 oct. 2020 [AlterPresse] --- Il est nécessaire que l’Organisation des Nations unies (Onu) effectue un changement dans les réponses apportées en Haïti, 75 ans après sa création (24 octobre 1945-24 octobre 2020), souhaite la docteure en sociologie Michèle Oriol, lors d’une conférence-débat en ligne, le lundi 26 octobre 2020, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) devrait sortir des logiques de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), la Mission d’appui des Nations unies en Haïti (Manuh) et la Mission des Nations unies en Haïti (Minuh), pour aider à recréer une responsabilité politique en Haïti, suggère-t-elle.
La docteure en sociologie Michèle Oriol intervenait à ce débat autour du thème : « Haïti et les Nations Unies : histoires et perspectives ».
La présence de l’Onu en Haïti est marquée par des programmes multiformes et aussi à travers des missions de la paix.
« La présence militaire a fait que l’État abandonne ses principales responsabilités régaliennes, comme garantir la sécurité des citoyennes et citoyens », déclare Michèle Oriol, qui s’est aussi interrogée sur le fait que l’Onu se soit trompée de diagnostic sur le cas d’Haïti.
A côté de l’instabilité politique, il existe une grande instabilité administrative, au-delà des questions des gangs, des citoyennes et citoyens haïtiens qui consomment le crime et sont à même de mettre à mort les gens pour n’importe quelle accusation, relève Michèle Oriol.
« Ces 25 dernières années, on a vu arriver différentes missions des Nations unies, mais on n’a pas vu arriver ni la sérénité, ni la prospérité(…) on a assimilé la criminalité à la guerre ».
Michèle Oriol préconise plutôt une lecture politique et anthropologique, afin de mieux comprendre la dynamique sociale et politique, dans laquelle le pays est engagé.
Il faut également permettre aux Haïtiennes et Haïtiens de retrouver confiance et d’arriver à prendre leurs responsabilités.
Parallèlement, le Représentant spécial adjoint au Bureau intégré des Nations unies en Haïti, le Français Bruno Lemarquis, a souligné la volonté exprimée par le secrétaire général de l’Onu, le Portugais Antonio Guterres, de travailler sur les impacts, pour faire avancer la trajectoire du développement du pays avec les partenaires nationaux et internationaux.
« Les dossiers reviennent régulièrement, car il n’y a pas de progrès, on tourne en rond », relève Lemarquis, qui souligne une certaine lassitude de la communauté internationale dans le traitement de certains dossiers.
Bruno Lemarquis estime nécessaire d’aller au fond des problèmes pour les résoudre, particulièrement la question de la détention préventive prolongée, avec l’appui des composantes de la société haïtienne, le gouvernement, la société civile, les partenaires internationaux, entre autres.
Par ailleurs, le premier ministre Joseph Jouthe a profité pour saluer les efforts et l’engagement des Nations unies en Haïti, qui « travaillent, depuis 75 ans, au progrès et à la stabilité en Haïti, en assurant un État de droit, le renforcement de la résilience environnementale et l’amélioration de l’accès à l’éducation, la santé, l’assainissement et la dynamisation économique ».
« L’avenir que nous voulons, l’Onu qu’il nous faut : réaffirmons notre attachement au multilatéralisme » était le thème, retenu à l’occasion du 75e anniversaire de naissance de l’Organisation des Nations unies (Onu, 24 octobre 1945 - 24 octobre 2020). [emb mj rc apr 26/10/2020 16:55]