P-au-P., 6 juin. 05 [AlterPresse] --- La violence est restée très présente dans le quotidien des port-au-princiens qui ont vécu une semaine sanglante, avec un bilan d’au moins une quinzaine de morts, dans divers incidents.
Le 5 juin, des tirs persistants se sont poursuivis dans le quartier chaud de Bel Air (centre de Port-au-Prince) contrôlé par des bandes armées favorables à l’ex président Jean Bertrand Aristide. Les rues conduisant à ce quartier étaient plutôt désertes, 24 heures après une opération de la police, dont aucun bilan officiel n’a encore été rendu public.
Durant toute la journée du 5 juin (dimanche), il n’a pas été possible d’avoir la version de la police, tandis que, des nouvelles non confirmées font état d’au moins 2 morts, lors de l’opération du 4 juin, appuyée par la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH).
Contacté par AlterPresse, le général Augusto Heleno, commandant des casques bleus, a affirmé ne pas être en possession du bilan de l’intervention policière à Bel Air. « Nous n’avons pas accès au rapport », a-t-il déclaré, précisant que seulement « un petit » contingent, avec 2 blindés, a été dépêché dans le quartier en appui à la police.
Citant une source hospitalière, l’Agence France Presse a fait état de 4 corps amenés le 4 juin à l’hopital central de Port-au-Prince (Hopital Général), tandis que des témoins ont indiqué à l’agence qu’au moins 18 personnes ont été tuées par la police.
A la mi-journée du 4 juin, des bandes armées ont semé la terreur dans le quartier de Nazon (secteur nord-est de la capitale), tuant au moins une personne et blessant plusieurs autres, ont rapporté des témoins. Des véhicules et résidences ont aussi été incendiés. Ces actions seraient entreprises en représailles à l’opération de la police à Bel Air.
Le 31 mai, les bandes armées avaient incendié un marché public au nord de la capitale, faisant au moins une dizaine de morts. Le même jour, le consul français Paul Henry Mourral, a été assassiné par balles près de Cité Soleil (périphérie nord). Dans ce même secteur, le commerçant Pierre Amazan a été abattu dans la matinée du 3 juin.
Les kidnappings se sont également multipliés durant la semaine. Selon bilan journalistique, au moins 15 personnes ont été séquestrées durant les 7 derniers jours, alors que le bilan pour tout le mois de mai s’élevait à une trentaine de cas.
Le 3 juin, le Premier Ministre Gérard Latortue avait estimé que les bandits avaient « dépassé les limites » et leur avait promis une « réponse proportionnelle ».
Les Etats-Unis, accueillant depuis ce 5 juin un sommet de l’Organisation des Etats Américains (OEA) qui doit se pencher sur la question haïtienne, ont évoqué la possibilité d’envoyer davantage de troupes étrangères en Haïti. Cette option a été évoquée par la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice.
Le quotidien américain Washington Post a pour sa part indiqué que l’ambassade américaine à Port-au-Prince a demandé au gouvernement de George Bush d’étudier l’envoi de plusieurs centaines de marines en Haiti.
Les américains avaient rappelé la semaine dernière leur personnel diplomatique non essentiel basé en Haiti, 24 heures après qu’un véhicule de l’ambassade ait essuyé des tirs au nord de Port-au-Prince.
Le 31 mai dernier, le mandat de la force onusienne de plus de 8000 militaires et policiers, dirigée par le Brésil, a été prorogé jusqu’au 24 juin. [gp apr 06/06/2005 00:50]