De notre envoyé spécial, Ronald Colbert
Santo Domingo, 4 Nov. 02 [AlterPresse] --- Plus de 300 représentantes et représentants de syndicats, de mouvements communautaires et d’associations du secteur de la santé de 18 pays des Amériques se sont engagés, le 2 novembre, à unir leurs forces pour s’opposer concrètement à la marchandisation de la santé et de la sécurité sociale dans la Caraïbe, en Amérique Latine et en Amérique du Nord.
Dans une déclaration finale adoptée à l’issue de 4 jours de débats, à l’hôtel Fiesta de Santo Domingo, les différents délégués ont affirmé le 2 novembre leur détermination à œuvrer en faveur d’un large front de défense du droit à la santé dans leurs pays respectifs.
L’organisation internationale pour le droit des peuples à la santé, qui vient de tenir cette conférence internationale sur l’impact de la globalisation et de la privatisation dans les réformes de santé, est appelée à promouvoir une coordination multisectorielle dans chaque pays pour le respect du droit des peuples à la santé et l’accès des populations aux hôpitaux publics.
Dans ce sens, les syndicats internationaux devront collaborer pour une meilleure formation du personnel infirmier de chaque pays et la définition d’une claire conscience des besoins des peuples en matière de santé. Sans négliger l’apport des organisations de droits humains et des groupes de base, cette coordination devra être étendue à d’autres pays des Amériques qui n’avaient pas participé à la conférence, déroulée entre le 30 octobre et le 2 novembre 2002.
Les délégués ont aussi exprimé leur préoccupation face à la situation de violation des droits civils et syndicaux des travailleurs au Salvador, en Colombie, au Guatémala et en Haïti qu’ils appuient (ainsi que les syndicalistes des autres pays des Amériques) dans leurs revendications.
Des mots de solidarité sont aussi intégrés dans le texte de la déclaration finale de la conférence, en faveur des organisations syndicales de la République Dominicaine, où a été entamée, le 1er novembre 2002, l’application d’une nouvelle loi de sécurité sociale à Barahona, l’une des provinces les plus pauvres en territoire voisin.
A noter que la population dominicaine n’est pas informée véritablement des termes concrets de l’application de la nouvelle loi de sécurité sociale, notamment en ce qui a trait aux soins à fournir aux immigrants en provenance principalement de la République d’Haïti. Les délégués à la première conférence sur le droit des peuples à la santé ont plaidé pour une meilleure accessibilité des soins en République Dominicaine aux immigrants d’Haïti, et plus globalement à tous les immigrants dans tous les pays des Amériques.
"Cette conférence appuie le droit des immigrants à la santé, peu importe leurs pays d’origine. Le droit des immigrants à la santé doit être considéré dans toute réforme de santé dans le pays considéré", indique le document.
Dans la déclaration finale de cette conférence, où une forte délégation cubaine a pris part, une mention spéciale a été adoptée contre le "blocus criminel et infâme" des différents gouvernements des Etats-Unis sur Cuba, un pays qui représente "un exemple d’unité syndicale et de participation de l’organisation des travailleurs dans le développement et l’implantation des politiques de santé pour tout un peuple". Les délégués ont aussi signalé le travail internationaliste accompli dans les Amériques et le reste du monde par les travailleurs de la santé de Cuba, qui sont aussi présents en Haïti.
Les participantes et participants à la conférence internationale sur le droit des peuples à la santé ont suggéré la création d’un site web (en français, anglais, espagnol et portugais) pour diffuser des informations sur la lutte menée en faveur de l’accès aux hôpitaux publics et contre la privatisation des services de santé dans les Amériques.
Ils se sont également prononcés pour la constitution d’un réseau de solidarité des organisations syndicales qui appuient les luttes dans chaque pays en faveur de la non privatisation des systèmes de santé.
Les organisations présentes à la première conférence sur le droit des peuples à la santé, ont en outre pris l’engagement de réaliser des journées de formation pour élever le niveau de conscientisation dans chaque pays sur les conséquences des programmes de privatisation sur le milieu de vie des populations, particulièrement les systèmes de santé publique.
Cependant, après cette première conférence déroulée en République Dominicaine du 30 octobre au 2 novembre, un accord n’a pas encore été trouvé sur le pays (Cuba, Salvador, Brésil) qui accueillera la deuxième conférence sur le droit des peuples à la santé.
Cette deuxième conférence contre la privatisation des services de santé est prévue pour 2005, année où les Etats-Unis comptent démarrer le processus de globalisation totale du continent à travers la Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA).
18 pays, dont Haïti (représentée par le Syndicat du Personnel Infirmier et le Programme d’Encadrement des Jeunes Femmes et des Enfants de Carrefour Feuilles – SPI + PEJEFE) ont pris part à la première conférence sur le droit des peuples à la santé. [rc apr 04/10/02 12:00]