P-au-P, 08 oct. 2020 [AlterPresse] --- Des experts en matière d’éducation soulignent la nécessité d’utiliser la langue Créole et des outils non sophistiqués, au niveau de la formation dans les écoles en Haïti, lors d’un webinaire, organisé ce jeudi 8 octobre 2020, sur le thème « L’innovation pédagogique dans le système éducatif haïtien », selon les données rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
« Au niveau de l’éducation, il est nécessaire de donner aux enfants une bonne fondation dans leur langue maternelle. Il faut donner au Créole son capital linguistique », préconise Michel Anne Frédéric Dégraff, professeur de linguistique au « Massachusetts Institute of technology » (Mit).
Dégraff déplore le fait que les sites des institutions publiques ne publient que des contenus en Français. Ce qui est une violation de la Constitution, dénonce-t-il.
« Il nous faut une révolution, une autre bataille de Vertières pour la langue Créole » (Ndlr : la bataille de Vertières, le 18 novembre 1803, fut la dernière bataille des esclaves révoltés, qui aboutit à la proclamation janvier 1804, le 1er de l’Indépendance d’Haïti de la France esclavagiste et colonialiste).
Jacques Ronald Jean, conseiller pédagogique aux Écoles fondamentales d’application/centres d’appui pédagogique (Efacap) de Saint Raphaël (Nord), a présenté la méthode de la « modélisation », visant un apprentissage par la pratique, en utilisant des outils disponibles, non sophistiqués, comme des pierres, des bouteilles en plastique, des ballons, entre autres, comme moyen d’enseignement pour permettre aux écolières et écoliers de mieux comprendre les notions, notamment les mathématiques.
« On peut servir deux ballons et une bouteille en plastique, pour expliquer le phénomène de la respiration. Observer l’inspiration et l’expiration. L’un des ballons sera découpé pour jouer le rôle du diaphragme. Lors des séminaires, découper un cabri aide à montrer aux élèves les vrais organes ».
De plus, au cas où il n’y aurait pas d’animal pour l’expérimentation, le tableau numérique peut assurer le travail de la projection pour démontrer le processus, souligne le membre-fondateur du Centre d’appui pédagogique pour la transformation de l’éducation en Haïti (Capteh).
Pour les mathématiques, les enseignantes et enseignants peuvent se servir de pierres, poursuit-il.
Pour qu’il y ait des connaissances, il faut que l’élève soit impliqué et capable de manipuler les outils. Tout cela doit se faire dans la langue de l’élève, a-t-il soutenu, lors du webinaire, organisé, ce jeudi 8 octobre 2020, par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). [mj emb rc apr 08/10/2020 16:12]