P-au-P., 4 juin. 05 [AlterPresse] --- Le premier ministre Gerard Latortue a exprimé ce 4 juin sa peine face à la vague de violence des derniers jours en Haïti, qui a fait plus d’une dizaine de morts, et il a promis d’agir fermement contre les bandes armées.
« Le gouvernement est extrêmement triste » face à tant de victimes, a déclaré Latortue lors d’une conversation avec des journalistes à Port-au-Prince, 72 heures après un attentat contre un grand marché public du nord de la capitale, qui a été complètement incendié. 10 corps calcinés ont été retirés jusqu’à présent des décombres, selon les données disponibles.
Latortue a promis l’aide du gouvernement aux milliers de petits et moyens commerçants victimes. Il a annoncé des dispositions des ministères concernés pour répondre aux nécessités les plus pressantes.
Le chef du gouvernement provisoire a parallèlement estimé que les bandes armées ont « dépassé les bornes » et a promis une « réponse proportionnelle » aux actes commis.
Toutefois, Latortue a signalé que son gouvernement a pour boussole le respect des droits humains et « ne croit pas en la répression ». « En même temps que nous allons circonscrire les actions des criminels, nous respecterons leurs droits », a-t-il déclaré.
Latortue a annoncé des changements au niveau de la police en vue de plus d’« efficacité ». Il a manifesté son insatisfaction vis-à -vis de l’action des troupes des Nations Unies et de la Police civile internationale, qui ne sont pas parvenues (avec la police) à assurer, selon lui, la sécurité.
Latortue a prévu de porter ses doléances par-devant le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, dans les jours qui viennent. Latortue ne comprend pas la logique qui guide le déploiement des troupes à travers le pays, sans tenir compte de la situation d’insécurité et de violence qui persiste à Port-au-Prince.
Le général brésilien des casques bleus, Augusto Heleno, a réfuté les diverses critiques émises contre ses troupes, lors d’une rencontre avec le patronat à la Chambre de Commerce à Port-au-Prince. Heleno a déclaré que la protection des marchés « est une tâche typique de la police ».
Le commandant brésilien a expliqué la difficulté des casques bleus à fonctionner sans la présence adéquate de la police haïtienne. Il a souligné des problèmes de communication linguistique entre les troupes étrangères et la population et a plaidé en faveur d’un renforcement de la police pour jouer ce rôle d’interface. « Nous avons besoin de la police », a-t-il martelé.
Heleno s’est inscrit en faux contre des accusations de « manque de volonté » émises contre la mission ONUsienne. « Personne ne désire faire tomber, autant que moi, les chefs de bande de Cité Soleil (quartier du nord de la capitale, sous contrôle des partisans de l’ex président Jean Bertrand Aristide) », a martelé Heleno, s’adressant directement à l’assistance.
Toutefois, le général a réaffirmé sa « conviction » de ne pas utiliser « la violence aveugle ». « Nous sommes des êtres humains », a-t-il dit, et « quand nous serons accusés d’assassinats, nous devrons justifier notre action », a-t-il en substance ajouté.
La journée du 4 juin a été marquée à la capitale par un autre assassinat de commerçant, alors que personnes oeuvrant dans le milieu des affaires ont été séquestrées, ont rapporté les médias. Le commerçant Pierre Amazan, 49 ans, a été tué très tôt dans la matinée au bas de Delmas (nord).
D’autre part 2 commerçants et un employé d’un magasin électronique ont été kidnappés au centre-ville.
Des organisations de divers secteurs et des artistes annoncent un spectacle pour ce 5 juin à Pétion-Ville (périphérie est) « pour la sécurité et la justice ». Les organisateurs ont prévu de signer une pétition « pour mettre fin à la violence ». [gp apr 03/06/2005 23:20]