P-au-P, 16 sept. 2020 [AlterPresse] --- Le Collectif des juristes progressistes haïtiens et l’Institut mobile d’éducation démocratique (Imed) notent des manquements et accrocs dans l’enquête judiciaire en cours sur l’assassinat de 3 balles, le 28 août 2020, du bâtonnier de Port-au-Prince, Me. Monferrier Dorval à Pèlerin 5, dans la même zone où habite le président Jovenel Moïse, dans la commune de Pétionville (à l’est de la capitale, Port-au-Prince), selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Le Collectif des juristes progressistes haïtiens dénonce des dérives de procédure pénale, qui risqueraient d’entraver, selon lui, le bon fonctionnement de la justice haïtienne dans le cadre du dossier de Me. Monferrier Dorval, dans une lettre ouverte adressée au commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Ducarmel Gabriel, et dont a pris connaissance AlterPresse.
16 jours après l’exécution de Dorval, le vendredi 28 août 2020, le parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince a décidé de prolonger les poursuites, de manière arbitraire et illégale, au mépris du code d’instruction criminelle, désapprouve-t-il.
Le Collectif des juristes progressistes haïtiens critique l’attitude du commissaire du gouvernement, pour avoir ignoré la piste, selon laquelle le téléphone portable de Me. Dorval aurait été localisé, au lendemain de son assassinat, au Palais national, par système Gps, suivant les révélations de Me. Eddy Paul Fleurant.
Ces manquements « sciemment planifiés » seraient de nature à couvrir délibérément les assassins, qui ont commis ce crime d’État, relève le Collectif des juristes progressistes haitiens.
Il exhorte le bâtonnat de l’ordre des avocates et avocats de Port-au-Prince à ne pas cautionner ces dérives procédurales du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Ducarmel Gabriel, « passant outre ses attributions légales pour défendre son clan politique ».
Les récentes déclarations du premier ministre, Joseph Jouthe, et du protecteur de la citoyenne et du citoyen, Me. Renan Hédouville, représentent un véritable accroc à l’enquête judiciaire en cours sur l’assassinat de Me. Monferrier Dorval, estime, pour sa part, l’Institut mobile d’éducation démocratique (Imed).
L’Imed exige une investigation impartiale et sereine, pour que justice soit rendue à la famille du bâtonnier de l’ordre des avocates et avocats de Port-au-Prince.
Par ailleurs, le Conseil de l’ordre des avocates et avocats de Port-au-Prince a protesté contre l’intrusion du premier ministre, Joseph Jouthe, et du protecteur de la citoyenne et du citoyen, Me. Renan Hédouville, dans l’enquête judiciaire en cours sur ce dossier.
Joseph Jouthe et Me. Renan Hédouville transforment l’infraction du vol de nuit, reprochée aux policiers, sécurisant la maison de la victime, en une faute administrative, a déploré le Conseil des avocates et avocats de Port-au-Prince, qui assimile les récentes déclarations de ces deux autorités à une obstruction à l’enquête en cours.
Une commission internationale doit être associée à l’enquête en cours, sur l’assassinat de Me. Monferrier Dorval, souhaite la Conférence internationale des barreaux, regroupant l’ensemble des barreaux et organisations nationales et internationales des barreaux, dans une note publiée le 14 septembre 2020. [emb rc apr 16/09/2020 12:40]