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Haïti-Droits humains : Tensions à Port-au-Prince, le 7 septembre 2020, lors des mobilisations de policières et policiers syndiqués ainsi que d’étudiantes et d’étudiants contre la criminalité

Gaz lacrymogènes à profusion au Champ-de-Mars, pour brimer toutes manifestations antigouvernementales

P-au-P, 07 septembre 2020 [AlterPresse] --- De vives tensions ont régné, le lundi 7 septembre 2020, dans les rues de Port-au-Prince, lors de mobilisations de policières et policiers syndiqués ainsi que d’étudiantes et étudiants, pour dénoncer les assassinats de nombreuses personnes, en Haïti, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Les policières et policiers, syndiqués au sein de la Police nationale d’Haïti (Pnh), ont défilé, ce 7 septembre 2020, dans les rues de la capitale, pour dénoncer, entre autres, la révocation arbitraire (le 2 septembre 2020) de leur porte-parole au sein de l’institution policière, Abelson Gros Nègre, et les assassinats de nombreuses personnes, dont des policiers nationaux.

« A bas la répression syndicale », « A bas les révocations arbitraires et illégales », « Nous demandons la réintégration d’Abelson Gros Nègre au sein de la Pnh », pouvait-on lire sur les pancartes des protestataires.

« Aujourd’hui, il faut une chaîne de solidarité pour détruire ce système. Jovenel Moïse fait partie du problème », exprime un manifestant, lors de la mobilisation.

Il appelle toutes celles et tous ceux, qui luttent contre l’insécurité et la vie chère, à s’unir pour chambarder le régime en place.

Des agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ont dispersé, à plusieurs reprises, à coups de gaz lacrymogènes, le rassemblement des policières et policiers syndiqués, au niveau du carrefour des routes de l’aéroport international de Port-au-Prince et de Delmas, intersection dénommée kafou rezistans depuis octobre 2019, quand le pays était totalement paralysé (« pays locked ») par les protestations antigouvernementales.

Des dizaines de personnes, dont des policiers en civil et en uniformes, s’étaient réunies dans la zone pour dénoncer la recrudescence des actes de criminalité.

A bord d’un blindé, des agents du Cimo ont lancé des gaz lacrymogènes sur la foule qui commençait, peu à peu, à grossir, les obligeant à évacuer.

Après les dispersions, les manifestantes et manifestants se sont, à nouveau, rassemblés vers midi (16:00 gmt), puis ont repris la manifestation. Mais, ils n’ont pas pu aboutir sur la place de la Constitution, au Champ-de-Mars (principale place publique de Port-au-Prince), lieu de destination finale.

Les protestataires ont dressé des barricades et des pneus usagés enflammés durant le parcours.

Les policiers syndiqués ont rencontré une forte opposition d’agents du Cimo, qui lançaient des gaz lacrymogènes au niveau de l’avenue Christophe, où ils ont été contraints de délivrer le message final, abandonnant du coup l’intention de se rendre à leur destination finale.

C’est la quatrième manifestation de protestation, depuis la création du syndicat Spnh-17, des policières et policiers syndiqués de la Pnh, après les manifestations du lundi 17 février 2020, du dimanche 17 novembre 2019 et du dimanche 27 octobre 2019, pour réclamer de meilleures conditions de travail.

En début d’après-midi, de ce lundi 7 septembre 2020, des agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) ont lancé, à profusion, des gaz lacrymogènes dans l’aire du Champ-de-Mars, principale place publique dans la capitale, Port-au-Prince, pour tenter de brimer les tentatives de manifestation d’étudiants de l’Université d’État d’Haïti (Ueh), selon les témoignages recueillis par AlterPresse.

Vers 2:00 pm locales (18:00 gmt), c’était la panique et la confusion, parmi toutes celles et tous ceux, dont écolières et écoliers, qui s’étaient retrouvés dans l’aire du Champ-de-Mars.

Selon des témoins, une femme souffrant d’asthme et ne pouvant pas respirer, à cause des jets de gaz lacrymogènes, est tombée en syncope. Heureusement des personnes, qui se trouvaient à proximité, l’ont rapidement évacuée pour l’emmener recevoir les soins appropriés.

Des manifestants ont tenté de riposter aux gaz lacrymogènes, en envoyant des pierres.

Interrogés par la presse, beaucoup ont exprimé leur frustration et leur colère par rapport à l’équipe tèt kale au pouvoir, dont ils qualifient la gestion politique d’ « échec total, à tous les niveaux ».

Repliés sur la cour des ruines du Palais national, des agents de l’Unité de sécurité générale du Palais national (Usgpn) ont même lancé des gaz lacrymogènes sur les membres de la presse, qui étaient sur place pour couvrir ce qui se passait.

Parallèlement, plusieurs étudiantes et étudiants de l’Université d’État d’Haïti ont également marché, dans les rues de la capitale, pour continuer de demander justice pour Me. Monferrier Dorval, assassiné le 28 août 2020.

Ils ont aussi dénoncé la recrudescence de la criminalité en Haïti, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince. [emb rc apr 07/09/2020 14:20]