P-au-P., 1er juin. 05 [AlterPresse] --- Les opérations de bandes armées à Port-au-Prince se sont soldées par un bilan d’au moins 8 morts, dont le consul honoraire français Paul Henry Mourral, plusieurs blessés et disparus, alors qu’un commissariat et un marché public ont été incendiés.
Le consul est décédé dans la soirée du 31 mai après avoir été grièvement blessé par balles. La victime se rendait au Cap Haitien, lorsqu’elle a été atteinte de plusieurs projectiles près de Cité Soleil, un des quartiers chauds de la zone métropolitaine, sous contrôle des partisans armés de l’ancien président Jean Bertrand Aristide.
Le 25 mai dernier, un véhicule de l’ambassade américaine avait essuyé des tirs d’armes automatiques, à Cité Militaire, toujours au nord de Port-au-Prince.
En début d’après-midi du 31 mai, des groupes armés, cagoulés ont mis le feu à un sous-commissariat puis à l’immeuble du marché Tête Boeuf, situé à la sortie nord de la capitale. Dans le cadre de ces incidents, au moins 7 personnes ont été tuées, ont rapporté les médias.
Aucun chiffre n’a pu encore être fourni en ce qui concerne des personnes portées disparues au niveau du marché Tête Bœuf, le second centre commercial le plus important de la capitale. Les dégâts matériels sont inestimables.
Des milliers de petits et moyens commerçants vendant pour la plupart des produits manufacturés, sont affectés par cet incendie.
Selon des policiers postés au sous-commissariat incendié, les bandes armées ont conduit une attaque armée contre le poste de police avant d’allumer l’incendie à l’aide de cocktails Molotov. Une dizaine de véhicules, dont au moins 4 appartenant à la police, a été également brulée.
Les riverains et les commerçants ne pouvaient pas cacher leur émotion. « Nous constatons que le pays est foutu », a dit une femme. « Notre cas est grave », a déclaré une autre. Un homme a confié avoir enregistré des pertes pour des milliers de dollars. « Ils ont volé et incendié mes marchandises », a-t-il affirmé.
La mairesse de Port-au-Prince, Carline Simon, a exprimé son indignation face à ces violences qui ont ciblé de petits commerçants. « Je veux dire aux violents que la violence ne peut pas résoudre les problèmes du pays », a-t-elle déclaré, en soulignant que les couches défavorisées étaient les premières victimes.
Jerry Tardieu, un des vice-présidents de la chambre de commerce d’Haïti a déclaré qu’ « aujourd’hui c’est la désolation ». « L’insécurité affecte toutes les couches sociales », a-t-il dit en déplorant les dommages. Il a appelé à des « mesures rapides » pour « faire face aux assaillants » et « résoudre les problèmes ».
L’Association des Industries d’Haiti / Association des Producteurs Nationaux (ADIH-APRONA) a réclamé également une révision de la stratégie du gouvernement et de la la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH) ainsi que des moyens pour la police.
Dans un communiqué, l’ADIH-APRONA a exprimé sa « révolte » devant les meurtres quotidiens, les enlèvements, les viols et l’incendie criminel qui a fait des milliers de victimes au marché Tête Bœuf.
Dès le début de la matinée du 31 mai, une certaine tension régnait dans divers quartiers du nord et du centre de la capitale où des bandes armées semaient la panique. Au moins 2 personnes ont été enlevées.
C’est le même jour que le Chef d’Etat provisoire, Boniface Alexandre, a procédé à l’investiture d’une commission en vue de préparer le « dialogue national ». L’ancien président lavalas du sénat, Yvon Feuillé, participe à cette commission, aux cotés de représentants d’autres secteurs politiques, économiques, sociaux et religieux.
Les actes de violence se sont produits également au dernier jour du mandat de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH). Le Conseil de Sécurité de l’ONU a décidé de proroger le mandat de la MINUSTAH pour un mois, malgré la demande de renouvellement pour un an, soumise par le Secrétaire Général Kofi Annan.
Selon des informations en provenance de l’ONU, les membres du Conseil de Sécurité penchaient pour un renouvellement pour 6 mois, mais craignaient que la fin du mandat des forces ONUsiennes coïncident avec la tenue des élections générales prévues entre octobre et novembre prochains.
En ce qui concerne les élections, de sérieux retards sont enregistrés dans le processus et la violence contribue à créer un climat défavorable au bon déroulement des opérations. Jusqu’à présent, à travers le pays, seulement 1.2 % des 4 millions d’électeurs ont pu s’inscrire sur les registres électoraux. [gp apr 01/06/2005 05:00]