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Haïti-Criminalité : Panique et fuite désordonnée, le 31 août 2020, d’habitantes et d’habitants du Bel Air, face à l’assaut de bandes armées…

Appel au secours de plusieurs familles du Bel Air

P-au-P, 31 août 2020 [AlterPresse] --- « J’ai dû brusquement courir, sans avoir eu le temps de rien prendre dans la maison. Je n’ai que les seuls habits, que je porte », témoigne, très émotionné, à AlterPresse, un habitant de Delmas 18, contraint de s’enfuir et d’abandonner, dans la panique, dans l’après-midi de ce lundi 31 août 2020, là où il habite, depuis plusieurs années.

Ce témoignage reflète la situation de terreur, qu’ont vécue la plupart des familles, résidant au Bel Air, devenues brusquement la proie de gangs armés, qui les ont forcées à courir à toute vitesse, en cette fin du mois d’août 2020.

En milieu d’après-midi du 31 août 2020, vers 5:00 pm locales (21:00 gmt), des groupes d’assaillants armés en civil, vêtus de noir, ont investi la zone du Bel Air (centre-ville de Port-au-Prince), qui surplombe le Champ de Mars, principale place publique dans la capitale, en tirant de nombreuses rafales. Par la suite, ils ont commencé à répandre le feu dans plusieurs maisons.

Craignant pour leur vie, beaucoup d’habitantes et d’habitants, y compris des femmes et des enfants, les uns en pleurs, ont tenté de fuir la zone du Bel Air, pour aller se réfugier au Champ de Mars, non loin des ruines du palais présidentiel, ainsi que dans le quartier de Fort National, non loin du Bel Air.

Des files de personnes, avec des enfants sous les bras, d’autres portant des mallettes et d’autres effets, plusieurs pieds nus, ont été observées à l’avenue Poupelard, au Poste Marchand, en quête d’endroits sûrs, où se réfugier.

Surpris par cette incursion armée, d’autres, qui n’ont pas eu le temps de s’échapper, se sont mis à plat ventre, pour tenter d’éviter de recevoir des balles perdues.

Malheureusement, plusieurs personnes, dont le nombre n’est pas encore déterminé, ont été atteintes par balles. Certaines ont été emmenées à l’hôpital, pour les soins appropriés que nécessitait leur état

En début de soirée, ce lundi 31 août 2020, différentes familles, en pleurs, se sont retrouvées disloquées. Beaucoup, désemparées, ne savaient point où se trouvaient leurs proches…

Aucune patrouille de police n’était remarquée dans les parages du Bel Air, une agglomération sous la mitraille d’assaillants lourdement armés.

Principalement, le quartier de la rue Mayard, situé entre Carrefour Péan et la rue Saint-Martin, non loin de Delmas 18, ainsi que celui de la rue Tiremasse ont subi de grands dommages : fuite d’une multitude d’habitantes et d’habitants pour éviter d’être victimes, incendie d’une quantité importante de maisons, …

C’est un sauve-qui-peut indescriptible, tant les habitantes et habitants sont angoissés par cette attaque d’assaillants armés…

Jusque vers 10:00 pm locales (2:00 gmt le mardi 1er septembre 2020), les rafales d’armes pleuvaient encore sur l’agglomération du Bel Air, selon les témoignages recueillis par AlterPresse.

Le dernier weekend d’août 2020, des tirs nourris d’armes à feu ont beaucoup inquiété les habitantes et habitants du Bel Air, qui en ignoraient les auteurs et la provenance.

Dans la zone de l’avenue Jean Paul II (plus connue sous le nom de Turgeau), des colonnes de fumée, en provenance du Bel Air, pouvaient être vues, vers la fin de l’après-midi du lundi 31 août 2020.

En novembre 2019, 15 morts et plusieurs blessés par balles ont été enregistrés, dans des attaques armées dans l’agglomération du Bel Air,, selon un décompte du Réseau national de défense de droits humains (Rnddh).

« J’affirme que la Police nationale d’Haïti (Pnh) est complice du massacre, perpétré au Bel Air, du lundi 4 au jeudi 7 novembre 2019. Plusieurs bases de la Pnh sont tout près de nous, mais elles n’ont rien fait pour nous secourir », a dénoncé, sur AlterRadio/AlterPresse, une victime, qui a été témoin des actes, dont l’incendie de sa maison et de sa motocyclette, perpétrés par des bandits armés, à son domicile et contre sa famille au quartier Bel Air.

Ce lundi 31 août 2020, les rafales incessantes d’armes, entendues dans l’agglomération du Bel Air, ont également provoqué de la panique dans plusieurs autres quartiers dans la capitale. La circulation piétonnière et automobile est devenue de plus en plus compliquée, particulièrement vers l’est et le nord-est de Port-au-Prince.

Maintes citoyennes et maints citoyens ont essayé de chercher des abris chez des amis, pour prévenir les dommages collatéraux, face à cette nouvelle situation de criminalité de gangs armés, dont les objectifs demeurent inconnus dans l’opinion publique.

Du jeudi 27 au dimanche 30 août 2020, environ une dizaine de cas de morts violentes, beaucoup d’assassinats par balles, ont été recensés dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Pour faire face à la terreur des gangs armés, après l’assassinat, vendredi soir 28 août 2020, du bâtonnier des avocates et avocats de Port-au-Prince, Me. Monferrier Dorval, la Police nationale d’Haïti (Pnh) est déclarée en état d’alerte maximale sur toute l’étendue du territoire national, a annoncé le directeur général ad intérim de la Pnh, Rameau Normil, en conférence de presse, ce lundi 31 août 2020. [jep emb rc apr 31/08/2020 21:00]