Communiqué de 5 organisations de défense des droits humains
Document transmis à AlterPresse le 31 août 2020
Les organisations de défense des droits humains, signataires de la présente, ont appris avec consternation et indignation l’assassinat par balle du Bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Maître Monferrier DORVAL, en sa résidence à Pèlerin 5, à proximité de celle du Président de la République, Monsieur Jovenel Moïse, dans la soirée du vendredi 28 août 2020.
Cet acte criminel sordide a été perpétré à un moment où le pays fait face à une hausse vertigineuse de la criminalité, soutenue par le pouvoir en place, affectant toutes les couches sociales du pays.
Selon les informations qui circulent, des pressions avaient été exercées sur le Bâtonnier pour le porter à participer à de nombreuses démarches, initiées par le président de la république, notamment celles d’amender la Constitution, de désigner un représentant de la Fédération des Barreaux d’Haïti (Fbh) au sein du Conseil électoral provisoire (Cep) en formation et de soutenir, publiquement, le décret relatif au nouveau code pénal, ce qu’il a refusé. Le Bâtonnier était l’objet de menaces, selon le secrétaire général de l’ordre.
Les organisations de défense des droits humains, signataires de la présente, exigent que lumière soit faite, non seulement sur les mobiles de cet assassinat crapuleux, compte tenu de ces inquiétantes rumeurs et informations, mais aussi sur les circonstances, car les conditions étaient favorablement réunies : déplacement du point fixe de la Pnh régulièrement en poste à l’entrée de Pèlerin 5, coupure du courant électrique quelques minutes avant, lancement de feux d’artifice…
Les organisations de défense des droits humains signataires de cette note, présentent leurs sympathies à la famille DORVAL, à toute la communauté de la Basoche et à toute la société haïtienne.
Les organisations de défense des droits humains signataires de la présente invitent tous les citoyens et citoyennes de toutes les couches sociales à se mobiliser afin de freiner cette machine criminelle soutenue par le pouvoir en place et d’exiger que justice soit rendue à la société haïtienne, qui depuis l’avènement de l’administration Jovenel Moïse, ne fait que compter les cadavres de ses fils et filles.
En outre, elles exigent que tous les auteurs et co-auteurs, quelle que soit leur appartenance sociale, politique ou économique, soient identifiés et jugés avec la dernière rigueur.
Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (Cardh)
Commission épiscopale nationale – Justice et Paix (Ce-Jilap)
Centre de recherche et de formation economique et sociale pour le développement (Cresfed)
Programme pour une alternative de justice (Paj)
Réseau national de défense des droits humains (Rnddh)
Sant Karl Lévêque (Skl)
Port-au Prince, le 31 août 2020