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Haiti : Fermathe, nouveau pole de terreur

P-au-P., 31 mai. 05 [AlterPresse] --- Des cas de violence sans précédent ont été enregistrés à Fermathe, zone résidentielle située à quelques kilomètres à l’Est de la capitale. Les plus saillants ont été ceux perpétrés dans les résidences de deux familles bourgeoises connues, selon des informations parvenues à AlterPresse.

Le 29 mai, six hommes armés ont attaqué une résidence à Fermathe aux environs de 3h30 du matin. Un chien présent, un Rottweiller, a été abattu et les bandits ont pénétré l’intérieur de la résidence en faisant sauter les fers forgés de la porte d’entrée. La mère de famille qui avait récemment subi une césarienne a été successivement violée par quatre hommes alors que deux autres complices armés de fusils d’assaut M-1 montaient la garde à l’extérieur.

Dans cette même résidence, une adolescente de 10 ans a également été violée par les mêmes quatre individus. Le nouveau né de la famille, âgé de 9 mois, a été ensuite kidnappé par les assaillants et la famille est actuellement en pourparlers avec eux pour obtenir sa libération contre rançon.

Selon les mêmes informations, lors de cette attaque, les assaillants étaient revêtus de l’uniforme de la police et un véhicule pick up de l’institution policière a été vu devant la résidence.

Il y a deux semaines, huit hommes armés ont pénétré la résidence d’une autre famille à 1h du matin dans la même zone. Ils ont ligoté le père de famille et ont violé son épouse et sa fille de 11 ans. D’autres sources fiables ont aussi indiqué à AlterPresse que le mari aurait été sodomisé et que sa famille se préparerait à quitter définitivement le pays.

Certains des agresseurs ayant perpétré cette attaque portaient, dans ce cas aussi, des bottes de policiers et, également, un pick up de la police a été vu par des témoins devant la résidence lors de cette attaque.

D’autres forfaits ont été enregistrés dans la zone de Fermathe avec kidnappings et viols. Selon des informations communiquées à AlterPresse, une résidence aurait été attaquée le week-end dernier en l’absence de son propriétaire. Une servante et une cuisinière ont été sauvagement violées et les assaillants ont emporté tous les biens qu’ils pouvaient.

La région de Thomassin, une autre zone résidentielle voisine de celle de Fermathe, n’a pas été épargnée. Des effractions y ont été perpétrées la semaine dernière. Une femme qui a voulu se défendre aurait reçu une balle au niveau de la colonne vertébrale et serait paralysée à vie.

Les nuits à Fermathe et Thomassin sont désormais ponctuées de tirs d’armes automatiques et la terreur règne dans ces zones qui étaient jusqu’à présent réputés calmes. Des résidents quittent le pays ou se réfugient dans d’autres quartiers de la capitale chez des parents ou amis proches.

Il y a quelques temps, un gang connu pour ses viols systématiques, avait été découvert à Boutilliers, toujours à l’est de la capitale.

Pour le moment, aucune ronde policière n’a été observée dans la région. “Nous sommes en situation de guerre et face à un mouvement de déstabilisation†, avait déclaré le 27 mai dernier le directeur général de la police, Léon Charles, lors d’une rencontre à la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti. Il avait affirmé que le banditisme en cours à la capitale est largement d’ordre politique.

Il y a environ un mois, certaines sources faisaient état d’un mot d’ordre de violence contre les résidents des zones de l’est de la capitale, où habitent des familles bourgeoises et petites bourgeoises, au milieu de ceintures de bidonvilles. Selon ces sources, les zones de Pèlerin à Kenscoff, en passant par Laboule, Thomassin et Fermathe étaient sur la carte des bandes armées.

Ces dernières semaines, un vent de panique souffle également à Cité Militaire, quartier du nord de la capitale. Plusieurs crimes enregistrés dans ce secteur avaient fait croire à une progression des opérations de groupes armés, issus des régions déjà maintenues sous pression, telles Cité Soleil (nord) et Bel Air (centre).

C’est à Cité Militaire que l’industriel Fritz Larco et deux de ses employés ont été blessés par balles le 25 mai. Le même jour, dans le même quartier, un véhicule de l’ambassade américaine à Port-au-Prince a essuyé des tirs d’armes automatiques. [gp rc apr 31/05/2005 09:50]